mardi, octobre 15, 2024
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SIMON KALDJOB : « Nous ne voulons plus de cette prorogation de trop, accordée à la vente des whiskies en sachets »

Ayant pour mission de sensibiliser, informer et dénoncer les pratiques frauduleuses dans le secteur de la consommation, tout en collaborant avec les autorités pour garantir la sécurité des produits sur le marché, le COC œuvre pour l’application de l’interdiction des sachets de whisky au Cameroun, dénonçant les prorogations gouvernementales et engageant des actions en justice pour protéger les consommateurs.

Faites-nous une brève présentation du Collectif des organisations des consommateurs du Cameroun ?

Je vous remercie de nous avoir donné l’opportunité de parler aux Camerounais à travers votre organe de presse. Le COC est une structure faîtière du mouvement des consommateurs camerounais, regroupant 46 organisations de consommation établies dans notre pays et opérant dans différents secteurs, dont je préside la destinée. Nous travaillons en synergie avec des associations sœurs d’autres pays et de la diaspora, comme la Fédération des consommateurs de Côte d’Ivoire et l’Association des consommateurs de France appelée Agir Ensemble. Nous faisons de notre mieux pour apporter une contribution à l’économie de notre pays.

Que demande précisément le COC concernant les alcools en sachet Bulleit et goal irish Cream ?

Concernant ces alcools, nous reprochons leur contenance. Nous avons remarqué que la quantité indiquée sur l’emballage ne correspondait pas à la réalité du contenu. Nous avons effectué des tests sur certains échantillons et avons constaté qu’au lieu de 60 cl, on retrouvait des sachets avec 48, 50 et 53 cl. Cela signifie qu’il y a une duperie. Les consommateurs payaient pour ce qu’ils ne consommaient pas. En d’autres termes, ils payaient plus pour consommer moins. Le deuxième aspect que nous réprimandons concerne l’étiquetage. Le producteur doit indiquer sur l’emballage les ingrédients qui entrent dans la composition de la marchandise qu’il met sur le marché. Nous avons constaté que l’entreprise indienne qui produit Bulleit et Ice Cream Goal ne se conformait pas à ces dispositions légales. C’est un produit à risque. Lorsque vous consommez de l’alcool, il doit être en cohérence avec votre organisme. Si vous prenez une dose supérieure à la capacité de résistance de votre organisme, cela pose problème. Prenons le cas des diabétiques, des hypertendus et d’autres maladies. Les normes internationales sont bien indiquées par rapport au dosage de l’alcool dans l’organisme, cela peut être un quart de verre par jour, selon le taux d’alcool. Nous avons estimé que cela exposait les consommateurs à différents risques sanitaires. C’est pour cela que nous avons engagé ces essais, réalisés par des laboratoires agréés, et le résultat est alarmant. Notamment, le taux de 33 % de saccharose est énorme pour une infime quantité d’alcool de moins de 65 cl. Nous avons estimé qu’il fallait dénoncer cette irrégularité et mettre tout cela à la disposition des autorités administratives, qui doivent maintenant prendre le relais en termes de sanctions ou de recadrage. Il y a cette possibilité, en tant qu’association, de poursuivre ces entreprises en justice pour manquement par rapport aux produits qu’elles ont mis sur le marché de manière archaïque.

 Quels sont les normes techniques violées par cette entreprise ?

C’est notamment la norme NC 04 2000/20 sur l’étiquetage des denrées alimentaires préemballées au Cameroun, et cette norme est d’application obligatoire aux entreprises. En termes de qualité, il y a également un problème car le taux de sucre est largement supérieur…

Que fait l’association pour que les consommateurs consomment sainement ?

Le rôle de l’association des consommateurs se limite à sensibiliser, éduquer, informer et dénoncer. C’est ce que nous faisons au quotidien. Quand il y a des irrégularités comme celle que nous décrions, nous sommes obligés de les dénoncer et de les porter auprès des autorités compétentes, qui doivent prendre le relais de la répression pour normaliser la situation. C’est ce que nous faisons au quotidien. Nous tenons parfois des séminaires de formation. Mais ces actions ne sont pas vraiment connues du grand public car nos moyens sont rudimentaires. Y a-t-il d’autres produits concernés par des problèmes d’étiquetage au Cameroun ? Oui ! Il y a énormément de produits, surtout les produits de consommation. Au moins 80 % des produits alimentaires posent problème : le riz, l’huile, le savon, etc. 85 % des entreprises qui fabriquent les produits destinés à la consommation au Cameroun sont des tricheuses, et ces irrégularités s’étendent même aux grandes multinationales insoupçonnées, notamment dans le secteur brassicole. Nous sommes là pour tout mettre en œuvre afin que le consommateur puisse consommer sainement et justement, mais ce n’est pas facile. Nous faisons face à des entreprises qui ont trop de milliards, mais nous ne lâchons pas prise pour la santé des consommateurs camerounais.

 Quelles sont les actions concrètes que vous menez pour l’application de la décision gouvernementale de 2014 interdisant la vente des Whisky en sachets, décision qui date de 10 ans aujourd’hui ?

En 2014, le gouvernement a pris des mesures pour interdire la vente de whisky en sachet sur l’ensemble du territoire national. Vous êtes surpris qu’aujourd’hui ces produits pullulent à travers le territoire national. En dehors de cela, le Cameroun est un pays d’ambiguïté. Les membres du gouvernement, notamment le ministre du Commerce, le ministre de la Santé publique et le ministre des Mines et de l’Industrie, ont pris sur eux de proroger cet arrêté pour permettre à ces industries qui produisent du poison de continuer à tuer les Camerounais. Nous l’avons dénoncé et martelé, mais c’est comme si ces membres du gouvernement étaient restés sourds et muets. Nous avons attendu jusqu’en 2022, où nous avons dit que trop c’est trop. Nous avons pris notre responsabilité en tant qu’association des consommateurs, nous avons intenté une action en justice et saisi le tribunal administratif afin de rapporter cet arrêté des trois ministres, pour dire que nous ne voulons plus de cette prorogation de trop, car il faut que les Camerounais puissent consommer sainement. Depuis pratiquement deux ans, le dossier traîne au niveau du tribunal administratif. Nous avons eu des échanges avec les parties incriminées, ceci avec la collaboration de Focaco. Après ces échanges, il était question que le juge rapporteur programme l’audience. Nous sommes dans l’attente.

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