jeudi, décembre 5, 2024
spot_img
spot_img
AccueilFinancesRessources naturelles : L’opérationnalisation de la Banque africaine de l’énergie annoncée en 2025

Ressources naturelles : L’opérationnalisation de la Banque africaine de l’énergie annoncée en 2025

Portée par l’Organisation des producteurs de pétrole africains (APPO), la Banque africaine de l’énergie démarre ses activités dès le premier trimestre 2025, marquant une avancée majeure pour l'autonomie énergétique de l’Afrique.

Les ministres des 18 pays membres de l’Organisation des producteurs de pétrole africains (APPO) se sont réunis à Yaoundé pour la 46e session de leur Conseil. Cet événement, marqué par la présence de hauts représentants comme le Premier ministre camerounais Joseph Dion Ngute et le ministre congolais des Hydrocarbures Bruno Jean-Richard Itoua, a permis aux membres de réitérer leur soutien à la Banque africaine de l’énergie (AEB) et d’avancer un message fort pour l’indépendance énergétique de l’Afrique. « Avec la signature et la ratification de l’accord d’établissement et la charte de la Banque par deux pays, à savoir la République du Ghana et la République fédérale du Nigeria, le traité portant création de la Banque est effectivement entré en vigueur », a indiqué le communiqué publié à l’issue du Conseil des ministres de l’APPO.

 Ce projet phare de l’organisation incarne l’espoir d’une souveraineté énergétique du continent africain. Lancée officiellement en partenariat avec l’Afreximbank, la Banque africaine de l’énergie, dont l’initiative remonte à 2020, devrait débuter ses opérations au premier trimestre de 2025, apprend-on. « La Banque, il faut d’abord le rappeler, va beaucoup s’occuper des questions de pétrole et de gaz, notamment. En matière de pétrole et de gaz, c’est trop de demandes d’exportations. Et il s’agit maintenant pour les pays africains de disposer d’un capital et de savoir-faire afin justement de diminuer leurs prix », a indiqué Pr Pierre Roland Atangana, expert en question énergétique.

Pour son opérationnalisation, l’AEB devrait disposer d’un capital initial de 5 milliards de dollars issu des contributions des pays membres de l’APPO. « Nous avions besoin de 5 milliards de dollars pour démarrer. Mais nous avons décidé qu’il nous fallait 500 millions pour démarrer. Et nous avons obtenu 50 % de cette somme avant même d’avoir officiellement lancé la banque. Nous sommes donc convaincus que d’ici la fin du premier trimestre de l’année prochaine, la banque devrait être opérationnelle », a indiqué Omar Farouk Ibrahim, Secrétaire général de l’APPO. La souscription est fixée à 83,33 millions de dollars par pays. Actuellement, 99,953 millions de dollars ont déjà été mobilisés grâce à l’engagement financier de trois pays pionniers : l’Angola, le Ghana, et le Nigeria, ayant respectivement contribué 10, 20,83 et 69,12 millions de dollars. Le ministre congolais des Hydrocarbures, Bruno Jean-Richard Itoua, a insisté sur l’importance d’une mobilisation collective pour concrétiser ce projet et encourage l’ensemble des membres de l’APPO à accélérer leurs versements pour renforcer la banque et soutenir son rôle central dans le financement des projets énergétiques africains. « Nous avons fixé un budget de démarrage qui permettra à la Banque, dès le début, de disposer de ressources pour lancer ses opérations assez rapidement. Nous avons déjà mobilisé 40% de ce budget de démarrage mais nous sommes confiants dans le fait que les différents pays membres pourront remplir rapidement leurs obligations. C’est notre décision commune. Ce sont les 18 qui ont décidé, ça n’aurait pas de sens que nous ayons décidé cela et que nous n’ayons pas des actes subséquents. Tous les pays sont mobilisés », dit-il. L’AEB dont le siège sera basé au Nigeria, née de la volonté commune de promouvoir l’autonomie énergétique, prévoit de financer divers projets et initiatives énergétiques à travers le continent africain.

Sa création découle d’un processus commencé en 2020 et rendu effectif en juin 2024 avec la signature de l’accord de création de la banque par le Ghana et le Nigeria, permettant ainsi au traité de création de prendre effet. En plus du financement propre de l’APPO et de l’Afreximbank, l’AEB bénéficie de soutiens financiers stratégiques, visant à en faire un levier pour le développement énergétique et économique. Sur le continent, près d’un milliard de personnes vivent sans accès à une énergie fiable, le défi est immense. Les pays membres de l’APPO, se sont ainsi engagés à exploiter, produire et raffiner leurs propres hydrocarbures pour réduire cette pauvreté énergétique qui entrave le développement économique.

La Banque africaine de l’énergie jouera un rôle crucial en soutenant non seulement l’industrie pétrolière et gazière, mais aussi d’autres sources d’énergie, y compris les renouvelables, dans le but de sortir l’Afrique de la crise énergétique. Les statistiques disponibles révèlent l’ampleur des ressources naturelles du continent : plus de 125 milliards de barils de pétrole brut et plus de 600 000 milliards de pieds cubes de gaz naturel. Malgré ce potentiel, la dépendance vis-à-vis des financements étrangers a longtemps freiné les ambitions africaines. En finançant les projets énergétiques directement à partir de ressources africaines, la Banque africaine de l’énergie pourrait changer la donne.

JOSEPH DION NGUTE, Premier ministre

« La Banque africaine de l’énergie pourrait servir de modèle dans d’autres domaines »

Le Cameroun, comme l’a souligné son représentant lors des assises, accueille pour la quatrième fois la session ministérielle de l’APPO depuis la création de cette instance de coordination. Il est pertinent de revenir sur les évolutions significatives que nous avons enregistrées depuis les dernières rencontres de Yaoundé, en mars 2008, qui témoignent de l’excellente coopération africaine dans le secteur des hydrocarbures. Cette dynamique pourrait servir de modèle dans d’autres domaines de développement sur le continent. Il faut d’abord souligner l’augmentation du nombre de pays membres, passé de 14 en 2008 à 18 aujourd’hui. Cela montre l’intérêt supranational qui anime cette organisation et qui a même poussé le Venezuela, pays d’Amérique du Sud disposant des plus grandes réserves prouvées de pétrole au monde, à rejoindre notre organisation en tant que membre observateur. Cela confirme le caractère stratégique et privilégié de notre coopération interétatique. Ensuite, je souhaite rappeler les réformes internes majeures ayant transformé l’APPO, qui est passée d’une association à une organisation, affirmant ainsi plus clairement ses ambitions en tant que cartel pétrolier et gazier africain. Enfin, je me réjouis des actions menées par la présidence camerounaise du Conseil des ministres, qui ont contribué à renforcer la bonne gouvernance au sein de notre organisation. Cette 46ème session du Conseil des ministres de l’APPO se déroule dans un contexte particulier, marqué d’une part par les exigences environnementales en faveur du développement d’énergies alternatives, et d’autre part par la volonté de nos États de trouver des solutions endogènes pour lutter contre la pauvreté et améliorer le bien-être de nos populations. Il est évident que l’une des solutions réside dans la gestion efficace de nos ressources naturelles pour faire face à la pauvreté énergétique qui touche encore notre continent.

spot_img
LIRE AUSSI

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

EN KIOSQUE

spot_img

LES PLUS RECENTS