C’est un souffle nouveau pour les PME camerounaises. Dans le cadre de son plan de relance post Covid19, la Banque islamique de développement a mis à leur disposition une ligne de financement de 22,2 millions de dollars, soit environ 13 milliards de FCFA. Un fonds de relance pour les entreprises ayant été durement éprouvées par la crise sanitaire. Le Contrat d’agence de ce mécanisme a été signé ce lundi dernier à Yaoundé, par Alamine Ousmane Mey, ministre de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (Minepat) et Célestin Guela Simo, directeur général d’Afriland First Bank.
Cette ligne de financement est mise en place par la BID dans le cadre de la seconde phase de son Plan stratégique de Préparation et de Réponse à la Pandémie de covid19 (PSPR). Si cette deuxième phase est consacrée à l’appui au secteur privé, la première phase de l’aide de la BID, d’une enveloppe de 16 milliards de FCFA « a servi à financer le plan de la riposte du gouvernement à cette pandémie dans son volet santé. Il était question de stabiliser au plan macroéconomique », a précisé Alamine Ousmane Mey, par ailleurs gouverneur de la BID. Elle a pour objectif de renforcer la compétitivité des PME impactées par cette pandémie et de contribuer davantage à la création de richesses, la réduction de la pauvreté et le chômage dans notre pays.
Ce financement permettra, apprend-on à 200 PME de moderniser leurs équipements, d’accroître leurs capacités de production et de transformation, et de renforcer leur autonomie en matière d’approvisionnement et d’acquisition des intrants. Spécifiquement, la ligne de crédit est dédiée aux PME qui font dans l’agro-industrie, dans la transformation du bois et celle qui sont dans la transformation du coton textile cuir confection. Des objectifs qui sont en phase avec la matérialisation de la politique de l’import-substitution. « Afriland First Bank à travers sa fenêtre islamique se réjouit de jouer un rôle actif dans la mise en œuvre de ce projet. Fort de notre expérience dans le financement des PME et de notre maîtrise des instruments de finance islamique, nous sommes convaincus que ce programme apportera un impact direct et durable sur l’économie camerounaise » s’est réjoui, le DG de l’institution bancaire, Célestin Guela Simo.
Pour bénéficier de ce fonds, « il faut être une PME conformément à la loi camerounaise, avoir un chiffre d’affaires compris entre 0 et 3 milliards de FCFA, et justifier que la PME existait avant l’avènement du Covid-19 en 2020, avec des activités conformes aux principes de la finance islamique », a détaillé Bobbo Mamoudou, coordonnateur du Projet ligne de financement pour soutenir les PME en vue de la relance économique post Covid19. Et de poursuivre : « il est attendu la sauvegarde de près de 350 emplois et l’opportunité de création d’environ 800 emplois supplémentaires à ces projets ».
La coopération avec la BID s’est étendue à de nombreux secteurs clés de l’économie camerounaise, notamment les infrastructures, la santé, l’éducation et l’agriculture. Le portefeuille actuel de projets financés par la BID au Cameroun représente un montant total de 582,436 milliards de FCFA.
ALAMINE OUSMANE MEY, ministre de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (Minepat)
« Accompagner les PME à reconstituer leur capacité de production »
Nous avons tous en mémoire les conséquences de la pandémie de Covid19, au début de l’année 2020, et les dispositions qui ont été prises par les différents États pour faire face à ce défi. Notre pays, le Cameroun, sous la très haute instruction du président de la République Paul Biya, a initié un plan de riposte, d’abord pour faire face au plan sanitaire de la pandémie, ensuite pour stabiliser le plan macroéconomique et enfin pour relancer les activités économiques.
Si, dans la première phase, la BID nous a soutenus à hauteur de 16 milliards de FCFA pour l’acquisition de matériel et d’équipements sanitaires, il est aujourd’hui question de rétablir les capacités des entreprises qui ont souffert de cette situation due au double choc sur l’offre et sur la demande. Suite aux difficultés rencontrées par ces entreprises pour écouler leurs produits, à poursuivre leur activité faute de fonds de roulement, ou souvent en raison d’équipements devenus obsolètes, cette seconde phase voit à nouveau le groupe de la BID accepter d’accompagner notre pays, en l’occurrence les PME, sur la base des principes qui encadrent la finance islamique.
L’institution bancaire qui dispose de cette fenêtre islamique est Afriland First Bank, qui a été sélectionnée pour agir comme agence d’exécution. Cette agence d’exécution met en œuvre des mécanismes différents des mécanismes traditionnels classiques du crédit. À travers ces opérations d’achat et de cession d’actifs, elle veille à ce que la marge dégagée ne dépasse en aucun cas les 6%. Cela vous donne une idée de la volonté d’accompagner ces entreprises à reconstituer leur capacité de production, leur fonds de roulement, et à revenir avec beaucoup plus de force sur le marché intérieur et international. C’est la volonté du Cameroun. Et pour ce faire, en plus des différentes initiatives déjà en cours, cette fois-ci ce sont 13 milliards de FCFA (22,2 millions de dollars) qui vont être alloués aux PME sélectionnées conformément aux critères établis auprès d’Afriland First Bank pour bénéficier de ces ressources dans la perspective d’une relance économique forte, durable et inclusive.
Voilà tout le sens de cette convention d’agence qui vient d’être signée et qui sera donc au bénéfice des PME camerounaises impactées par la Covid-19 et ayant jusque-là bénéficié du soutien de l’État camerounais et de l’accompagnement du secteur bancaire national, mais aujourd’hui avec beaucoup plus de moyens financiers.
YOUSSOUFA BOUBA, directeur général adjoint, Afriland First Bank
« En 10 ans de coopération, nous avons pu lever près de 100 milliards de financement avec le groupe de la BID »
Il faut dire que ce n’est pas la première opération du genre. En 10 ans de coopération, nous avons pu lever près de 100 milliards de financement avec le groupe de la BID. Cette opération vient à point nommé, parce qu’elle nous permet de soutenir les PME dans leur quête de relance après la Covid19.
Nous sommes une banque spécialisée dans la finance islamique. Les critères de sélection pour avoir accès à ce financement sont d’être une PME camerounaise et de présenter une certaine activité en relance, car nous voulons bien soutenir les PME qui ont été impactées par la pandémie de Covid19.
Il y aura forcément des études qui seront faites pour pouvoir décliner les critères. Tous les secteurs ont été impactés par le Covid19, ce qui fait que toutes les PME évoluant dans ces secteurs sont concernées.