« The original Sdf is reborned ». Jean Tsomelou a ainsi proclamé la renaissance lance du Social democratic front (Sdf) ce soir au cours d’une conférence de presse. Le secrétaire général du principal parti de l’opposition a annoncé une remobilisation du parti pour reconquérir ses gloires d’antan. « Nous travaillons pour un retour au Sdf original, celui des années 1990-1992, pour libérer le peuple camerounais », a-t-il indiqué. Un cadre du parti de la Balance souffle que « nous comptons redonner du poids à l’aile dure du parti ». En clair, reprendre le bâton de pèlerin de la première heure. Non pas celui du mot d’ordre « Biya must go », mais « il sera question pour le Sdf d’être encore plus présent sur le terrain pour écouter la base, écouter le peuple, de tenir un discours attractif et conquérant pour la jeunesse qui a soif du changement. Les municipales et les législatives se tiendront certainement en 2019», détaille-t-il. Éludant le rôle à confier aux tenants du radicalisme tel Jean Michel Nintcheu, le député et président de la province Sdf pour le Littoral qui semble être l’un des rares à opposer au régime de Yaoundé une résistance extrémiste face aux frustrations et autres violations des droits de l’opposition et des citoyens.
« Pour nous, le plus important est de retrouver au moins notre place au parlement et au sein des conseils municipaux », réoriente le patron administratif du parti. Rappelant qu’aux élections de 1997, le parti de Ni John Fru Ndi avait récolté 43 députés et 68 communes. Or « aujourd’hui, nous en sommes réduits à 18 députés et sept sénateurs », minimise-t-il. Mais en attribuant une part de responsabilité au Code électoral et à l’ensemble du dispositif juridique et humain qui encadre et organise les élections au Cameroun. Alors au moment où le climat post-électoral 2018 est pollué par une crise de légitimité qui semble transparaître de la victoire de Paul Biya au sortir du scrutin du 7 octobre dernier, Jean Tsomelou qui a « tourné la page de la présidentielle », invite le président de la République à « mettre sur pied une commission électorale véritablement indépendante, mettre sur pied les conditions d’un consensus national lors des échéances à venir ».
« pardon aux millions de Camerounais qui ont toujours cru au Sdf »
En annonçant une reconquête de l’opinion, le Sdf fait son mea culpa après la gifle reçue lors de la présidentielle 2018. Joshua Osih, le premier vice-président et candidat du Sdf à ce scrutin, a récolté 3,35% des voix, occupant le 4ème rang sur les neuf candidats qui étaient en lice. Perdant ainsi sa traditionnelle 2ème place au profit du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc) de Maurice Kamto qui d’ailleurs a fait mieux que le Sdf depuis 2004 (14,23%). Et même la 3ème place n’est pas revenue à Joshua Osih, mais à Cabral Libii, un autre bleu qui a largement bénéficié des faveurs des jeunes électeurs. Accusant tant les facteurs attribuables au pouvoir en place et à la machine Rdpc, mais davantage au fait que « notre fief électoral ne présentait pas des conditions de tenue régulière d’une élection », regrette le parti. Certes « les résultats ne reflètent pas notre poids réel sur le terrain, mais il est clair que notre parti a perdu du terrain », reconnaît son secrétaire général. Du coup, au nom du parti, Jean Tsomelou demande « pardon aux millions de Camerounais qui ont toujours cru au Sdf ». En annonçant sa renaissance, le parti vise un triple objectif : la résolution de la crise dans les régions dites anglophones, la construction d’un Etat fédéral et fédérer l’électorat pour parvenir à une alternance.