Selon une déclaration rendue publique par l’Association nationale des instituts privés d’enseignement supérieur, les diplômés des Instituts privés d’enseignement supérieur ne sont pas reconnus par l’Ordre des Professions Médico-Sanitaire tandis que leurs étudiants admis en stage, sont refoulés dans les structures sanitaires publiques
Quelles sont les institutions habilitées à former le personnel médico-sanitaire au Cameroun? C’est la question que se pose certainement toute personne qui a assisté au point de presse organisé le 04 juin 2024 par l’Association nationale des instituts privés d’enseignement supérieur (Anipes). Cette organisation qui rassemble les responsables des Instituts universitaires privés disséminés à travers le pays, assure que ses membres en ont le droit. Pour soutenir sa prétention, elle brandit les textes de loi suivants: le décret 80-198 du 09 juin 1980 en son article 45 (Les établissements sont ouverts aux détenteurs du probatoire de l’enseignement secondaire, ou d’un diplôme équivalent …) ; la loi n0 84-009 du 05 décembre 1984 portant réglementation de l’exercice des professions d’infirmiers ; sage femmes, techniciens médico sanitaires et le décret présidentiel n0 2005/142 du 29 avril 2005 portant organisation du ministère de l’Enseignement Supérieur.
L’Opms en croisade contre les IPES
L’Ordre des Professions Médico-Sanitaire (Opms) n’est pas du tout d’accord. Depuis de nombreuses années, il refuse de reconnaitre que les établissements sus-évoqués ont les capacités techniques, pédagogiques et didactiques pour former les futurs personnels medico-sanitaire. On se souvient notamment d’un communiqué signé le 3 novembre 2020, à la veille de la rentrée universitaire, dans lequel le président du conseil régional de l’Opms rappelait aux parents que les diplômes de Brevet de technicien supérieur (BTS), Diplôme supérieur d’études professionnelles (DSEP) et autres licences en soins infirmiers, sages-femmes et techniciens médico-sanitaires délivrés par les Instituts privés d’enseignement supérieur (IPES) ne sont pas valables. Dans le même document, il les exhortait plutôt à pousser leurs enfants à présenter le concours ouvert tous les ans pour les écoles sous tutelle du ministère de la santé publique, «qui est l’unique porte d’entrée dans les métiers de santé au Cameroun», pouvait-on lire dans ce manifeste. Et d’ajouter que «Le conseil de l’ordre rappelle par ailleurs que toute formation entreprise dans le domaine des sciences médico-sanitaires en marge des écoles sous la tutelle du ministère de la santé publique, est assimilable à une escroquerie pouvant à terme exposer ceux qui s’y engagent à des poursuites judiciaires pour exercice illégal des professions concernées», avait-il indiqué.
Deux ans plus tard, l’Opms a remis ça, en adressant cette fois, une correspondance au ministre de l’Enseignement supérieur. Dans ce document, l’ordre a listé toutes les défaillances qui le confortent dans l’idée que les futurs professionnels de santé, ne devraient pas être formés dans les IPES. Il pointait du doigt la mauvaise qualité des programmes de formation, le mode de sélection des étudiants basé sur des critères subjectifs, le nombre pléthorique des apprenants dans un cours, et la qualification des enseignants. Des paramètres qui selon l’organisation, contribuent à livrer des praticiens mal formés mettant ainsi en danger la santé des populations. Pour y remédier l’Opms a suggéré l’élaboration «de formations qui respectent les accords de Bologne que le Cameroun a ratifié en inscrivant toutes ses formations dans le LMD (licence-master-doctorat). Il s’agira également de définir les écoles habilitées à former et de mettre en place un concours national pour la sélection des étudiants». Au ministère de la Santé publique on est d’accord avec cette approche. D’ailleurs le 14 juin 2023, Malachie Manaouda, le chef de ce département ministériel a annoncé, lors de la 24ème session du Conseil de direction des établissements de formation des personnels médico-sanitaires, la mise en place d’un cadre pédagogique optimal en vue d’améliorer la formation des apprenants.
Stratégie de conciliation
En attendant la mise en œuvre effective de cette nouvelle stratégie, les diplômés des IPES ne s’étant pas présentés au concours national organisé par le ministère de la Santé, vivent un véritable calvaire. Selon l’Anipes, leurs diplômes qui sont pourtant délivrés par le ministère de l’Enseignement Supérieur, qui leur a par ailleurs octroyé une autorisation pour exercer leurs activités, sont rejetés par l’Omps. En outre, rajoute l’Anipes, ces derniers ne sont plus admis en stage dans les structures sanitaires publiques. Pour résoudre cette situation, l’Association nationale des instituts privés d’enseignement supérieur propose le dialogue. Notamment, la mise sur pied d’une plateforme d’échanges entre les différents acteurs, à savoir, le ministère de l’Enseignement Supérieur, le ministère de la Santé Publique, l’Opms, et L’Anipes ou tout autre regroupement ayant intérêt.