D’après les experts, une mauvaise communication a été faite sur le carton rouge attribué au pays par la Commission de l’Union européenne, créant une incompréhension de cette décision.
Au mois de janvier 2023, la Commission européenne a attribué un« carton rouge» au Cameroun. Elle a en effet décidé de classer le pays sur la liste noire constituée de six autres pays qualifiés de « non-coopérant » dans la lutte contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée. Le pays avait donc été présenté comme partisan des activités de pêche illégale. Surtout que le commissaire européen à la Pêche, Virginijus Sinkervicius, avait reproché aux autorités camerounaises d’avoir « continué à enregistrer des navires de pêche opérant en dehors de ses eaux sans que leurs activités ne fassent l’objet d’un quelconque suivi ».
Mais les acteurs du secteur expliquent qu’il ne s’agissait pas d’une décision sur la complaisance du Cameroun vis-à-vis de la pêche illicite. Ce qui était décrié, expliquent –ils, était la faiblesse de l’action du Cameroun contre ce fléau pour des raisons d’insuffisance de moyens technologiques pour effectuer les contrôles. « Beaucoup de commentaires ont été faits autour de ce carton rouge, mais il faut comprendre que ce carton est simplement une sonnette d’alarme concernant quelques faiblesses qu’a le Cameroun en ce qui concerne le contrôle de la pêche pratiquée par le bateaux battants pavillon camerounais », explique Dr Joseph Yepka, sous-directeur des pêches au Minepia.Pour être plus concret, il ajoute qu’ « il y a des bateaux qui ont notre pavillon et qui pratiquent la pêche en dehors de nos eaux dans les pays tiers et nous avons quelques difficultés à contrôler ces bateaux-là. Or, ils sont dans notre pavillon et donc nous répondons d’eux. Donc c’est cette faiblesse dans la capacité à contrôler ces bateaux en dehors de nos eaux qui est indexée. Donc ce n’est pas vraiment à proprement parler le fait que le Cameroun est un pays qui pratique la pêche INN ou qui prête le flanc. ».
Pour certaines ONG, le Cameroun a été victime d’une désinformation.« Il n’y a pas eu une communication claire des medias camerounais. Les articles qu’on a eu à retrouver en ligne au niveau national, c’était juste des relais des articles qui ont été publiés à l’international. Mais au niveau local, on n’a pas eu d’ enquêtes menées sur le sujet par les journalistes », souligne Younoussa Abossouka, représentant EJF Cameroun.
Le carton rouge devrait occasionner l’exclusion du Cameroun du marché européen des produits de la mer. Mais en réalité, cette interdiction des produits de la pêche ne change pas grand-chose. Car, le pays n’exporte pas les produits de mer vers l’Europe pour des raisons de non-respect des règles sanitaires. Cette décision affecte tout de même sa notoriété.