Dans un paysage culturel souvent dominé par la distraction immédiate, Coriane Sama parie sur la profondeur du livre pour réveiller les consciences. Son Gala littéraire, annoncé comme l’un des rendez-vous majeurs de la fin d’année, se veut un moment d’union entre les élites, la jeunesse et la société civile autour d’un idéal commun : réhabiliter la citoyenneté camerounaise à travers la lecture.
Placée sous le signe du patriotisme, cette rencontre proposera la présentation d’un ouvrage didactique destiné à rappeler les fondements du vivre-ensemble et du civisme. Ce livre, conçu comme un bréviaire national, est appelé à circuler dans les écoles, les associations et les administrations. L’objectif est d’atteindre plus de 10 000 lecteurs grâce à un élan de solidarité, où mécènes, institutions et particuliers sont invités à parrainer la diffusion d’exemplaires dans tout le pays.
Pour Coriane Sama, la culture n’est pas un luxe, mais un outil de construction collective. En initiant ce Gala, elle prolonge un engagement déjà visible dans ses actions antérieures, telles que, la Grande Conférence des éditeurs, auteurs et lecteurs du livre, tenue en janvier dernier, ou encore sa participation remarquée au Salon du Livre de Yaoundé, en partenariat avec Paper’s. À cela s’ajoute son émission La Cuisine du Livre sur Canal 2 International, où elle a su rallumer chez les jeunes Camerounais le goût de la lecture et de la réflexion.
Mais le Gala littéraire ne se limitera pas à la célébration du livre. Il s’inscrit dans une démarche plus large d’éveil citoyen et de valorisation du génie camerounais. Par le biais de son initiative Les Ateliers Patriotes, Coriane Sama a déjà permis à 23 enfants venus des dix régions du pays de rédiger un ouvrage collectif sur leur vision d’un Cameroun uni et porteur d’espoir. Ce projet, soutenu par le Ministère de la Jeunesse et de l’Éducation civique ainsi que le Ministère des Arts et de la Culture, sera officiellement présenté au public lors du Gala de novembre.
L’engagement de Coriane Sama dépasse les frontières du livre. À travers le programme international RISEUP WOMEN, elle a formé cent femmes en communication digitale et en art oratoire, leur offrant des outils pour renforcer leur leadership et leur présence dans la sphère publique. La promotrice incarne ainsi une conviction de l’autonomisation, la culture et la citoyenneté sont les trois leviers d’un Cameroun lucide et solidaire.
À six jours du scrutin présidentiel du 12 octobre 2025, le chef de l’État a livré, depuis Maroua, un discours long, structuré et fortement axé sur les leviers économiques susceptibles de transformer le Cameroun au cours du prochain septennat. Le ton était résolument tourné vers la consolidation du bilan et l’ouverture de nouvelles perspectives. « Beaucoup a certes déjà été fait, mais je puis vous assurer que le meilleur reste à venir », a-t-il déclaré devant des milliers de partisans venus des trois régions septentrionales.
Un bilan économique ancré dans les infrastructures et l’énergie
Paul Biya a d’abord mis en avant les résultats enregistrés dans les infrastructures de base, qu’il considère comme la colonne vertébrale du développement. « Le réseau de routes bitumées n’a cessé d’augmenter au fil des années et se situe aujourd’hui à près de 10 700 kilomètres », a-t-il précisé. Dans la région de l’Extrême-Nord, les chantiers structurants tels que les axes Mora–Dabanga–Kousseri et Garoua–Goundéré devraient bientôt entrer dans une phase active.
Le président a confirmé que « les entreprises chargées de l’exécution des travaux ont été sélectionnées et ont entamé leur déploiement sur le terrain », ajoutant que « les travaux vont enfin pouvoir débuter ». Ces annonces, longtemps attendues dans le septentrion, s’inscrivent dans un programme spécial de réhabilitation et de construction d’axes routiers à l’échelle nationale, financé par des ressources publiques et des partenariats extérieurs.
Le secteur énergétique reste l’un des marqueurs de ce bilan. Avec la mise en service du barrage hydroélectrique de Nachtigal et l’expansion du parc solaire national, le chef de l’État entend « accroître l’offre énergétique, notamment dans les régions septentrionales ». Le projet de raccordement des réseaux interconnectés Nord–Sud, en cours d’achèvement, devrait renforcer la sécurité énergétique et favoriser l’industrialisation régionale.
L’emploi et la jeunesse comme boussole du prochain septennat
Dans une région marquée par un chômage endémique, Paul Biya a multiplié les assurances. « Je ne me résignerai jamais à la situation actuelle. Je ne prendrai aucun repos tant que des progrès significatifs n’auront pas été réalisés », a-t-il lancé. Il a détaillé une série de mesures destinées à stimuler l’emploi, notamment la restructuration du Fonds National de l’Emploi et la création de mécanismes spécifiques de financement des projets initiés par les jeunes.
Le chef de l’État promet une approche plus pragmatique fondée sur « la professionnalisation des formations et l’adéquation entre l’école et le marché du travail ». Les secteurs agricoles, artisanaux, numériques et technologiques sont présentés comme les nouveaux gisements d’emplois. « Nous allons faire preuve de plus d’inventivité et de génie pour faciliter l’insertion socio-économique et l’auto-entrepreneuriat de nos jeunes compatriotes », a-t-il insisté.
Femmes, formation et inclusion : le triptyque social
Dans la continuité de son discours économique, Paul Biya a évoqué la place des femmes dans la stratégie de développement. « J’ai pris l’engagement que la situation des femmes et des jeunes serait au cœur de mes préoccupations au cours du septennat à venir. Je tiendrai parole », a-t-il assuré. L’accent sera mis sur l’éducation, la protection contre les violences et l’accès accru des femmes aux responsabilités économiques et publiques.
La carte scolaire et universitaire, quant à elle, s’est enrichie au cours des dernières années, avec la montée en puissance de l’Université de Maroua et la création de nouveaux établissements dans toutes les régions. Le président a souligné que « les progrès visibles dans le secteur éducatif et sanitaire » traduisent la volonté de renforcer le capital humain, socle du développement à long terme.
Lutte contre les inégalités territoriales et redynamisation économique locale
Au-delà des annonces, le discours de Maroua a servi de vitrine à la politique de rééquilibrage régional. Paul Biya a insisté sur la nécessité de poursuivre les investissements dans les zones rurales, en mentionnant les programmes liés à l’agriculture, à l’élevage et à la gestion des risques climatiques. Il a cité le projet de développement rural intégré du Logone et Chari, destiné à réduire les effets des inondations récurrentes et à renforcer la sécurité alimentaire.
Sur le front sécuritaire, il a salué « les incontestables succès » des forces de défense contre Boko Haram, soulignant que « l’amélioration de la situation sécuritaire aura un effet bénéfique immédiat sur la situation économique et sociale ». La stabilité retrouvée est perçue comme un préalable à la relance du tourisme et du commerce transfrontalier dans la région.
Un pacte économique renouvelé avec la Nation
En clôturant son discours, le président a replacé l’ensemble de ces engagements dans une perspective nationale : « Faire du Cameroun un pays uni, paisible, moderne et prospère est la mission sacrée à laquelle, avec votre soutien massif, je n’ai cessé de me consacrer. »
Pour Paul Biya, le prochain mandat doit consolider la trajectoire économique, renforcer la gouvernance budgétaire et accélérer la diversification, notamment par l’exploitation du potentiel minier et la lutte contre la corruption.
Le message de Maroua, à la fois économique et politique, s’adresse autant à la population locale qu’à l’ensemble des électeurs du pays, un appel à poursuivre la marche vers la prospérité, sous le signe de la continuité et de la stabilité.
Défis Actuels : Monsieur le Maire de la ville de Yaoundé, quelles ont été les principales priorités de la Communauté urbaine de Yaoundé sous votre leadership ces dernières années ?
LUC MESSI ATANGANA : A mon arrivée à l’Hôtel de ville de Yaoundé en mars 2020, l’assainissement de la capitale s’impose comme une urgence, dans la mesure où elle doit afficher fière allure à l’occasion de la CAN 2021 que notre pays a accueilli en janvier 2022. Le temps était compté, et il fallait vite s’y mettre et bien faire, le tout dans un contexte de crise sanitaire liée à la Covid-19, avec toutes ses restrictions que nous avons connues. A ce moment-là, les autres priorités concernaient les voiries, la mobilité urbaine, l’éclairage public, la lutte contre le désordre urbain et l’embellissement de la ville. Nous avions alors mené plusieurs actions allant dans ce sens pour le résultat que tout le monde a vu pendant ce grand rendez-vous sportif. La CAN passée, les priorités n’ont pas changé du moment que l’aménagement de la cité n’est pas seulement lié à l’organisation d’un événement.
Après la révision du Plan directeur d’urbanisme de la ville de Yaoundé en 2022, nous avons constaté le besoin criard d’orienter nos efforts principalement sur l’aménagement des voiries, l’amélioration de la gestion des ordures, la construction des infrastructures marchandes ou l’extension du réseau d’éclairage public. Ce sont ces priorités qui guident les actions de la Communauté urbaine depuis 2022, sans que pour autant ne soient négligées les autres missions à nous dévolues comme le bon ordre urbain, la mobilité urbaine, l’embellissement de la ville, entre autres.
Défis Actuels : Yaoundé connait une forte croissance démographique. Quels sont vos plans pour encadrer cette urbanisation rapide tout en assurant un développement harmonieux de la ville ?
LUC MESSI ATANGANA : Mon objectif en tant que maire de la ville de Yaoundé est de contribuer de manière significative à la modernisation de ma ville. Pour y parvenir, il est important de connaître chaque facteur de développement et maîtriser tous les atouts et freins à ce développement. C’est dans ce cadre que nous avons mené le processus de révision du Plan directeur d’urbanisme de la ville de Yaoundé (PDU), dont le précédent est arrivé à échéance en 2019.
Nous avons constitué une base de données actualisée sur la croissance démographique, les besoins actuels et futurs de la population, les moyens à mettre en œuvre pour un urbanisme durable, la répartition de Yaoundé en zones spécifiques avec des nouvelles zones industrielles, des zones pour l’agriculture urbaine, etc. Bien plus, nous avons matérialisé sur une carte l’ensemble des projets que nous avons pour la ville, en prenant en compte l’évolution de la population et ses besoins. Autrement dit, le développement de la ville de Yaoundé est planifié jusqu’en 2035, dans un document que nous appelons le Plan directeur d’urbanisme. Ce plan est adossé aux objectifs de la Stratégie nationale de développement.
Défis Actuels : La circulation et les embouteillages restent un défi quotidien pour les habitants. Quelles sont les solutions mises en œuvre pour améliorer la mobilité urbaine ?
LUC MESSI ATANGANA : La Communauté urbaine de Yaoundé a mené une étude en 2019 sur la mobilité dans la ville de Yaoundé. Le résultat de cette étude est contenu dans un document guide dénommé le Plan de mobilité urbaine soutenable (PMUS). Ce document présente un état de lieu précis sur la question de la mobilité dans la ville et comporte cinq projets dont la mise en œuvre d’ici 2030 devra considérablement améliorer la mobilité dans la ville de Yaoundé. Parmi ces projets, nous pouvons notamment citer Yaoundé cœur de ville, dont j’ai lancé les travaux le 11 juin dernier.
Ce projet à lui seul comporte plusieurs sous-projets qui, à terme, devront réduire de manière considérable les embouteillages au centre-ville. Il prévoit en sa composante travaux structurants, quatre projets dont la reconstruction des carrefours Mvan et Elig-Effa, la démolition et la reconstruction d’une gare routière moderne à Messa (Mokolo) et la construction d’une gare routière moderne à Mvan. Dans sa composante aménagements légers, le projet prévoit la reprise des chaussées et l’assainissement, la construction des trottoirs, l’installation de feux de signalisation, la matérialisation de traversées piétonnes et l’implantation d’arrêts pour les taxis collectifs. Il prévoit également la construction des carrefours Awaé escalier, sous-manguier, entrée Beac Mvan et le réaménagement de trois terminus du réseau de transport artisanal urbain.
Au projet Yaoundé cœur de ville s’ajoute le projet du Bus Rapid Transit (TransYaoundé) ou encore le BRT. Ce projet est né du constat selon lequel avec une population de 4 millions d’habitants, la mobilité reste un véritable challenge dans la ville de Yaoundé, où le système de transport reste artisanal et composé de taxis, de motos et de minibus. Ce système est coûteux, très polluant et peu efficace sur la durée. C’est pourquoi nous misons depuis quelques années sur la mise en œuvre du BRT, le nouveau système de transport pour une mobilité plus efficace, moderne et écologique. Le BRT est un système de transport basé sur des bus électriques à forte capacité. Il reliera la plateforme multimodale d’Olembé à Ahala, sur près de 22 km, en desservant 28 stations et de nombreux lieux importants au centre-ville. Des extensions sont envisagées dans une deuxième phase, au nord de la ville vers Akak et au sud avec une branche Mvan-Odza.
Le projet est en phase de démarrage, et bénéficie du financement conjoint de l’Union européenne et de l’AFD, pour une mise en service d’ici 2028. Nous avons également le projet Mobilité verte à Yaoundé (Move Yaoundé). Comme son nom l’indique, ce projet lancé en janvier 2024 vise l’amélioration de la mobilité à Yaoundé à travers trois actions : la refonte du centre-ville par l’aménagement des corridors verts (plantation d’arbres et de fleurs) ; la modernisation du transport en commun informel (le transport par mototaxis et taxis) et l’amélioration de la mobilité piétonne à Yaoundé. Le projet est sur les rails.
La Communauté urbaine de Yaoundé s’étant récemment dotée d’une cellule de la mobilité urbaine, celle-ci bénéficie de l’accompagnement technique de la GIZ pour la mise en œuvre de Move Yaoundé. Ses actions ont démarré avec le recensement des taxis dans la ville en vue de leur professionnalisation. MoVe Yaoundé est cofinancé à hauteur de 4,5 milliards de FCFA par l’Union européenne, le gouvernement allemand à travers son agence de coopération la GIZ, et la France à travers l’AFD. Le projet devra s’exécuter sur quatre ans, et ses actions s’imbriquer dans le sillage de la mise en œuvre du BRT.
Défis Actuels : Concernant la mobilité urbaine, la ville de Yaoundé envisage-t-elle la mise en place d’un système moderne de bus pour soulager l’inconfort des populations obligées d’emprunter des moyens précaires dans des conditions d’insécurité ?
LUC MESSI ATANGANA : Effectivement. Je l’ai déjà mentionné plus haut, le BRT est la solution sur laquelle nous travaillons actuellement à la Communauté urbaine de Yaoundé, afin d’améliorer la mobilité urbaine dans notre ville. Nous sommes en train de préparer le début de la mise en œuvre du Bus Rapid Transit de Yaoundé qui, contrairement aux autres expériences en matière de bus urbain qu’a connues Yaoundé, mise sur sa rapidité, sa fiabilité et son accessibilité. Le BRT aura pour ce faire une ligne spécialement dédiée, qu’elle ne partagera pas avec les autres automobilistes. L’objectif est qu’un bus stationne toutes les trois minutes sur les 28 stations que comptera la ligne. Ces stations seront sécurisées de sorte à garantir la sécurité des usagers aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur des bus.
Défis Actuels : En matière de logements, quelles initiatives la mairie soutient-elle pour répondre à la crise ?
LUC MESSI ATANGANA : La Communauté urbaine de Yaoundé encourage la construction des logements décents dans la ville. A défaut d’avoir des moyens considérables pour investir dans ce domaine, nous encourageons ceux qui s’y lancent à travers la facilitation de l’octroi des permis de construire et des certificats d’urbanisme, tout en étant rigoureux dans leur délivrance.
Défis Actuels : Quelles sont les grandes infrastructures en cours ou à venir qui changeront le visage de Yaoundé dans les prochaines années ?
LUC MESSI ATANGANA : Yaoundé est une ville en chantier. De nombreux projets y sont menés, aussi bien par des particuliers que par les pouvoirs publics. Au niveau de la Communauté urbaine, en dehors des projets cités plus haut, le Projet complémentaire d’assainissement de Yaoundé et le projet de piétonisation et de verdissement de l’avenue Kennedy donneront inéluctablement un visage plus reluisant au centre-ville. Si le premier apportera une solution définitive au problème d’inondation à partir d’Elig-Essono jusqu’à la voirie municipale en passant par l’Avenue Kennedy, le deuxième fera de cette avenue un lieu plaisant, fleuri et sécure, avec des cafés et une circulation essentiellement piétonne. Nous menons ce projet de concert avec la Mairie de Paris. Si nous avons déjà présenté les projets Yaoundé cœur de ville, le Bus Rapid Transit et même Move Yaoundé, nous ne pouvons faire fi des projets menés par les autres entités étatiques et même par les privés. Par exemple, un nouveau quartier administratif se développe au quartier Etoudi avec plusieurs sièges d’administrations publiques en construction.
Défis Actuels : La question de l’assainissement urbain revient régulièrement dans l’actualité. Où en êtes-vous dans la mise en œuvre d’un éco- système efficace de gestion des déchets ?
LUC MESSI ATANGANA : Je voudrais d’emblée souligner que la gestion de l’assainissement urbain dans la configuration actuelle ne peut être une question essentiellement portée par les collectivités territoriales décentralisées. Elle nécessite une implication plus large des pouvoirs publics, car nécessitant d’important moyens financiers dont nous ne disposons pas toujours au niveau local. A la Communauté urbaine de Yaoundé, en plus d’avoir ouvert depuis 2022 le secteur de la collecte et du transport des ordures à la concurrence, avec l’arrivée de Thychlof sarl en appui à Hysacam, nous avons relevé le taux de couverture de collecte des ordures à travers la ville.
Pour ce qui est du traitement de ces déchets, nous sommes actuellement en pourparlers avec des investisseurs français et britanniques pour la mise en œuvre d’un projet de valorisation des déchets collectés. Le démarrage de ce projet permet de faire face à la saturation de la décharge de Nkolfoulou. Concernant justement les décharges, pour remédier à la saturation de Nkolfoulou, nous préparons un projet de construction d’une nouvelle décharge à Ongot dans l’arrondissement de Yaoundé 7e. Ce qui permettra aux entreprises de collectes d’être plus proches des décharges en fonction de leurs zones de couverture. Les travaux de la nouvelle décharge seront bientôt lancés. Nous restons ouverts à tous autres investisseurs intéressés par la gestion des ordures à Yaoundé. D’un autre côté, en ce qui concerne l’assainissement des déchets liquides précisément des boues de vidanges, nous avons doté Yaoundé de sa première station de traitement des boues de vidange à Etoa. Celle-ci permet à la ville de gérer de manière autonome ses boues de vidange. Nous avons, grâce à l’appui de l’Association internationale des maires francophones (AIMF), formé et aidé à l’équipement des opérateurs privés du secteur de la vidange afin de moderniser l’activité. A son ouverture en 2021, la station de traitement de boue de vidange comptait 20 camions qui assuraient la navette des ménages pour le site. Aujourd’hui, grâce à la mise en place de cette station, le phénomène de vidange dans les caniveaux et sur les rues a considérablement réduit.
Défis Actuels : Quelles actions concrètes avez-vous menées pour l’éclairage public, l’accès à l’eau et la sécurité dans les différents quartiers de la capitale ?
LUC MESSI ATANGANA : A mon arrivée à la Communauté urbaine, comme je l’ai mentionné plus haut, l’éclairage public faisait déjà partie de mes priorités. Nous avons entretenu le réseau électrique existant, et l’avons même étendu. Tenez par exemple, le long du canal du Mfoundi, nous avons installés 238 lampadaires. De quoi illuminer toute la zone industrielle de Nsam et réduire l’insécurité ambiante dans ce secteur. Mais le bonheur n’aura duré que quelques mois, stoppé net par les actes de vandalisme subi par le réseau électrique. Nous avons déploré le vol des câbles électriques sur ces panneaux quelques mois après leur installation. Une déconvenue qui a accéléré la mise en œuvre du projet d’électrification de la ville par des lampadaires solaires. Cette alternative coûte moins cher. La première phase du projet a permis l’installation de plus de 1000 lampadaires solaires à travers la ville, partant d’Afanoyoa à Yaoundé 3 à Nkolkoumou dans l’arrondissement de Yaoundé 7, en passant par le centre-ville, Ngoa-Ekelle, Polytechnique, Bastos, Efoulan, Odza… Ces lampadaires en plus d’éclairer la ville, contribuent à la sécurité des populations. Parlant toujours de sécurité, nous avons construit et rétrocédé au Délégué général à la Sureté nationale 5 postes de police respectivement logés au carrefour Olezoa, au carrefour Coron, au carrefour Tsinga, au rond-point Bastos, au parcours Vita, ainsi qu’un édifice sis à Warda abritant la compagnie de sécurisation des établissements scolaires et universitaires. Des sites névralgiques de la ville où l’absence des forces de maintien de l’ordre à longueur de journée laissait le champ libre à toutes formes d’agressions et d’actes d’incivisme. Pour ce qui est de l’accès à l’eau potable, la ville de Yaoundé a bénéficié du Projet d’alimentation en eau potable de Yaoundé et ses environs, du ministère de l’Eau et de l’Energie, dont les installations ont été mises en services en 2024. Ce projet dont la mission est de doter Yaoundé de 300 000m3 d’eau potable devrait de manière considérable résorber la question de l’accès à l’eau potable à Yaoundé. Nous avons travaillé avec les équipes du projet pour faciliter son déploiement à travers la ville.
Défis Actuels : Quelle est la place accordée à la culture, au sport et aux loisirs dans le projet de ville porté par la Communauté urbaine de Yaoundé ?
LUC MESSI ATANGANA : La culture, le sport et les loisirs contribuent tous à l’identité d’une ville. Certes nous ne dirons pas que nous allouons autant de moyens à la voirie qu’à la promotion du sport et des loisirs, mais pour nous, chacune de ces pratiques trouve sa place dans notre projet à la tête de la Communauté urbaine de Yaoundé. Nos actions en faveur de la culture, du sport et des loisirs se matérialisent davantage à travers le soutien que nous apportons aux associations et clubs, ainsi qu’aux festivals. Chaque année, les clubs de football de Yaoundé bénéficient du soutien financier de la mairie de la ville. La Communauté urbaine accompagne également les festivals écrans noirs et Yarha, et depuis deux ans déjà le festival Ongolaker. Nous organisons également le championnat de vacances Festifoot Y ongola. Notre action va au-delà de l’accompagnement, nous mettons aussi sur pied des aires de jeux pour les amateurs de sports. Nous avons construit à Yaoundé 4 sur la bande Collavino à Messamendongo une aire de jeux sécurisée et ouverte au public, dotée d’une tribune, un terrain de volley-ball et Basket Ball, ajustable pour le handball et le badminton, avec des vestiaires et des douches.
Défis Actuels : Comment œuvrez-vous pour dynamiser l’économie locale et soutenir les PME, artisans et commerçants de la ville ?
LUC MESSI ATANGANA : L’un des problèmes majeurs des artisans, commerçants et promoteurs d’entreprises est la disponibilité des espaces marchands où exposer et vendre leurs biens. Si l’accès à ces espaces peut être difficile pour plusieurs, à la Communauté urbaine, nous mettons tout en œuvre pour fournir, dans la limite acceptable de notre plan d’urbanisme, des espaces marchands pour tous. En l’espace de quatre ans, nous avons doté la ville de Yaoundé d’une bonne dizaine d’infrastructures marchandes, avec de milliers de boutiques et étals. Nous avons construit grâce à des partenariats public-privé un complexe commercial à Etoudi avec plus de 350 boutiques et 150 box de 4m2 ; nous avons construit sur 1,5 ha un nouvel espace de 250 boutiques et boxes et 2700 comptoirs au marché Mokolo, afin d’y caser les petits commerçants et les vendeurs à la sauvette qui pullulaient sur les artères du marché. Nous avons construit le marché Ongola au marché central, afin de recaser les vendeurs à la sauvette de l’Avenue Kennedy. Le nouveau marché moderne compte six blocs de bâtiments constitués de 200 boutiques 25 kiosques et 445 comptoirs. La liste est longue, nous pouvons rajouter les travaux d’extension du marché Essos, les espaces marchands de la plateforme multimodale d’Olembe…
Défis Actuels : La ville de Yaoundé accueille de nombreux évènements nationaux et internationaux. Comment capitalisez-vous sur cette attractivité pour en faire un levier de développement ?
LUC MESSI ATANGANA : Il faut le dire, la ville de Yaoundé attire. Nous sommes sollicités au quotidien pour plusieurs évènements qui se tiennent dans notre ville. Pour capitaliser sur cette attractivité, en plus des efforts que nous déployons au quotidien pour assurer l’hygiène et la salubrité de la ville, nous améliorons l’attractivité de la ville en la dotant d’espaces de détentes et de souvenirs. C’est dans ce cadre que nous avons conçu et construit le monument de l’Unité et le monument Patriote pour renforcer l’offre touristique de notre ville.
Après des jours de fausses alertes, Paul Biya se rend finalement à Maroua ce 7 octobre 2025. Le message porté des services de sécurité parlent d’une »visite officielle », alors que le Cabinet civil de la présidence de la République évoque simplement »une visite ». Toujours est-il que Paul Biya va à Maroua en pleine période électorale. Comme très souvent. Une rencontre est prévue au stade Lamido Yaya Daïrou en mi-journée. A n’en point douter, il s’agit d’un meeting de campagne électorale. Le président sortant arrive dans une ville, une région particulièrement divisée. Dans une partie septentrionale du pays en proie à des divisions politiques, la région de l’Extrême-Nord est une terre soumise à une partie de chasse politique intense.
Ngoh Ngoh honni
C’est que, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) n’est plus maître absolu de la »Fille aînée du Renouveau ». Depuis les municipales et législatives de 2020, le Front pour le Salut national du Cameroun (Fsnc) d’Issa Tchiroma a pris des parts de l’électorat. Avec notamment l’élection de Salmana parmi les députés. Si l’Alliance pour la démocratie et le développement (ADD) de Garga Haman Adji a perdu toute trace d’élus dans la région, le Fsnc, l’Union nationale pour la démocratie et le progrès (Undp) de Bello Bouba, le Mouvement démocratique pour la défense de la République (MDR) de Paulin Djorwe (remplaçant de Dakolle Daïssala) ont chacun obtenu des élus dans la région. Et depuis l’annonce de l’élection présidentielle, le parti au pouvoir est de plus en plus mal-empoint. Un meeting presidé il y a deux semaines par Cavaye Yeguie Djibril, président de l’Assemblée nationale et patron régional du Rdpc, parti au pouvoir, dans l’Extrême-Nord, a été un désert humain. En février dernier, Ferdinand Ngoh Ngoh le secrétaire général de la présidence de la République, a été presque pris en otage à Kousseri par des élus de son propre parti, qui lui ont servi une partie d’injures et menaces, le contraignant à passer la nuit à Kousseri, contre sa volonté.
Bilan
C’est dans ce contexte de »rejet » du Rdpc et de Paul Biya lui-même, que l’homme arrive à Maroua en contexte électoral. Comme de »tradition ». La dernière fois que Paul Biya était à Maroua remonte au 29 septembre 2018. Dans le cadre de la campagne électorale. C’était l’unique déplacement du candidat. Des promesses avaient été faites, notamment 2000 forages à construire. Plusieurs projets ont été ou sont en cours d’implémentation dans la région, comme le Parse (soutenu par l’Union européenne et qui vise à promouvoir la stabilité, la paix et la résilience dans les régions); le Programme spécial de reconstruction et de développement (Psrden) créé après de destructrices inondations et les affres de la secte Boko Haram; ou encore Viva Logone qui vise à booster le développement sur les rives du Logone. Maroua attend le bilan que lui dressera Paul Biya lui-même de ces initiatives.
Bello Bouba et Issa Tchiroma
L’ Extrême Nord est le 2ème plus grand vivier électoral après la région du Centre. Et pour la première fois depuis l’élection de 1992 qui a vu la participation de Bello Bouba, Paul Biya aura en face parmi ses concurrents, son ancien Premier ministre, et Issa Tchiroma Bakary. Les deux candidats qui font partie des hommes légués à Biya par Ahmadou Ahidjo, sont depuis une trentaine d’années alliés gouvernementaux. Tous deux ont démissionné du gouvernement récemment, pour se présenter à la présidentielle. C’est dire si la bataille pour le contrôle du Grand-Nord, jadis chasse gardée de Paul Biya, va être âpre cette fois-ci. Et Paul Biya et son parti ne sont plus vraiment favoris. Du moins dans les cœurs.
L’atelier de validation organisé à l’hôtel Tou’ngou, au carrefour Etoa Meki, organisé par la Ligue Internationale des Femmes pour la Paix et la Liberté (WILPF Cameroon), a réuni associations féminines, organisations de jeunesse, experts en gouvernance, acteurs politiques et médias. Ensemble, ils ont formalisé un document qui engage les principales forces vives à œuvrer pour un climat électoral serein, fondé sur le respect mutuel, la tolérance et la responsabilité civique.
Le contexte est doublement symbolique, le Cameroun se prépare à une séquence électorale dense – présidentielle, régionales, puis législatives et municipales – tandis que la communauté internationale célèbre le 25ᵉ anniversaire de la Résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations unies. Celle-ci reconnaît le rôle décisif des femmes dans la prévention des conflits et la consolidation de la paix. Cette année, l’enjeu est de transformer ce principe en réalité nationale.
Pour Sylvie Dongmo, « le manifeste repose sur des bases solides, notamment la Résolution 1325, la Charte africaine de la démocratie et la Résolution 2250 sur la jeunesse, paix et sécurité. Il place femmes et jeunes au centre du jeu démocratique, non plus comme observateurs, mais comme garants de la paix ».
Le document adopté formule plusieurs engagements concrets : intensifier l’éducation civique et électorale, combattre les discours de haine, promouvoir l’autonomisation économique des femmes et renforcer la participation des jeunes dans les instances de décision. Il consacre également la mise en place d’une Salle de veille et d’alerte des femmes, un mécanisme de suivi et d’alerte précoce destiné à identifier et atténuer les risques de violence politique.
Nathalie Foko, présidente de la WILPF Cameroun, salue « un travail collectif porteur d’espoir pour un Cameroun apaisé ». De son côté, Ndongo, représentante de la branche jeune de la même organisation, appelle à « une utilisation responsable des réseaux sociaux pour promouvoir la stabilité et la cohésion nationale ». Au-delà du plaidoyer, cette mobilisation traduit une conscience citoyenne émergente, celle d’une génération qui lie paix, inclusion et développement durable. En inscrivant leurs revendications dans un cadre institutionnel reconnu, femmes et jeunes s’affirment comme des acteurs économiques et sociaux essentiels à la stabilité du pays.
Le manifeste sera transmis aux candidats et aux institutions concernées, pour rappeler que la paix électorale n’est pas seulement une exigence politique, mais un levier économique. Dans un contexte où chaque tension affecte la confiance des investisseurs, la fluidité des échanges et la sécurité des communautés, la cohésion nationale devient une condition de croissance.
En unissant leurs voix, femmes et jeunes rappellent que le développement durable commence par la paix, et que la démocratie ne s’enracine que là où la société se reconnaît dans le dialogue plutôt que dans la confrontation.
La nouvelle n’a pas été rendue publique mais des sources concordantes disent Aboubacar Ousmane Mey aux arrêts depuis cet après-midi du 6 octobre 2025. L’homme passera la nuit au commissariat central de la ville.
Rien ne filtre pour le moment des motifs de son arrestation. Mais il y a quelques mois, l’homme avait effectué une sortie médiatique aux relents guerriers, sur les antennes d’Equinoxe télévision. Annonçant la fin du régime de Yaoundé pour bientôt.
...Un candidat à la présidentielle menacé
Et pourtant, c’est plutôt sur un candidat à l’élection présidentielle que le marteau de l’administration s’annonçait. Un communiqué de mise en garde du préfet du Nord qui laissait envisager des jours sombres pour le fils de l’ancien gouverneur de la province du Nord, comprenant jadis le territoire des trois régions septentrionales. Haman Wabi indique que des informations font état de ce qu’un candidat à l’élection présidentielle du 12 octobre 2025 menace de déstabiliser la ville de Garoua. Sans le citer nomment, le préfet mettait en garde cet homme politique de représailles.
Les deux personnes sont-elles liées par la même affaire ? Rien ne peut l’assurer. Seuls les développements permettront d’en savoir plus.
Le financement de l’éducation au Cameroun peine toujours à atteindre les standards internationaux. Cette année 2025 par exemple, le budget alloué au ministère de l’Éducation de base s’élève à environ 313,6 milliards de FCFA, soit environ 3,3% du PIB national en 2022. Le ministère des Enseignements secondaires avait le plus gros budget en 2024 avec 556,7 milliards de FCFA. Il y a aussi des partenaires internationaux comme l’UNESCO qui mobilisent aussi des fonds, comme les 44,5 millions de dollars, soit environ 26 milliards FCFA annoncés pour 2024, pour moderniser les programmes scolaires et former des professionnels de l’éducation. Selon l’Institut national de la statistique (INS), au cours de la période 2019-2022, la part globale du secteur dans le budget national (hors dette) a connu une augmentation de 18,74% en 2019 à 19,43% en 2021, mais une baisse de 1,16% en 2022 (18,27%). Cette allocation est légèrement en deçà des 20% recommandés par les partenaires techniques internationaux du secteur de l’éducation.
C’est le même constat que la société civile camerounaise qui déplore ce peu de financements alloués à l’éducation. Elle souhaite donc un relèvement substantiel du budget alloué à l’éducation au Cameroun. A l’occasion de l’édition 2025 de Journée mondiale des enseignants dont le thème était « Redéfinir l’enseignement comme une profession de collaboration », le Cameroon education for all network (CEFAN) a organisé une conférence-plaidoyer à Yaoundé, l’effet de veiller à ce que les programmes politiques des candidats à la présidentielle du 12 octobre 2025, intègrent les préoccupations de la société civile en matière d’éducation. Il était également question de suivre les engagements du gouvernement relatifs à la grève des enseignants de 2022 au Cameroun.
De manière concrète, comme l’explique Mbassi Ondoua, Conseiller général du CEFAN, « Nous attendons du prochain président pour me résumer, qu’il résolve ces problèmes-là, ces trois problèmes. Financement adéquat de l’éducation, c’est-à-dire 20 à 22% du budget, 6% du PIB, gratuité du préscolaire, et enfin la prise en charge des enfants avec des besoins spécifiques ». Car, précise-t-il, « il n’est pas normal qu’on dise que l’école primaire est gratuite, mais le préscolaire, lui, ne soit pas gratuit. Donc, il faut être cohérent et que la gratuité commence à la base, qui est le préscolaire, et s’achève même selon l’ODD 4, à la fin du premier cycle secondaire. Ça fait qu’on est sûr que beaucoup d’enfants iront à l’école, parce que l’argent constitue la principale barrière ».
En rappel, le CEFAN est une Organisation non gouvernementale (ONG) de droit camerounais mobilisée depuis 20 ans dans le secteur de l’éducation, avec un axe particulier sur l’augmentation du financement et du budget de l’éducation. La coalition, qui compte dans ses rangs la majorité des syndicats d’enseignants prend ainsi le prétexte de la Journée mondiale de l’éducation pour permettre à ces syndicats-membres de se faire entendre. Sur le plan africain, le CEFAN est membre de la plateforme régionale appelée Africa Network Campaign on Education For All (ANCEFA). Au plan mondial, il est membre de la Campagne mondiale pour l’éducation (CME), de la Concertation collective des ONG (CCONG) de l’UNESCO et du Réseau francophone des OSC pour la lutte contre la marchandisation de l’éducation.
Face à divers freins rencontrés par sa clientèle pour la levée des fonds dans le cadre des opérations de commerce extérieur, la banque panafricaine a réuni les acteurs à Douala pour un partage d’expérience.
Le financement reste le défi majeur dans les échanges commerciaux pour les entreprises. Selon la Conférence des Nations unies pour le commerce et le Développement (CNUCED, le taux de refus des demandes de financement est de 12 % sur l’ensemble du continent. Les micro, petites et moyennes entreprises (MPME) qui représentent environ 90% des entreprises du continent africain sont les plus affectées. L’OMC révèle que lorsque leurs demandes de financement ne sont pas rejetées (près de 50 %), elles paient des taux d’intérêt élevés, allant de 7 à 9 % dans certains pays.
Pour aborder cette problématique pour laquelle les établissements financiers sont souvent indexés, Ecobank Cameroun a réuni les acteurs, notamment les opérateurs économiques à Douala. La rencontre s’inscrivait dans le cadre de la première édition d’Ecobank Trade Expo , une plateforme interactive. « Le thème de cette première édition de l’Ecobank Trade Expo, « Libérer le potentiel commercial : Solutions de financement pour la croissance », n’est pas un simple slogan, c’est un appel à l’action. Il met en lumière l’immense potentiel inexploité de notre marché, de nos frontières et de tout le continent. Il témoigne avec force de la détermination d’Ecobank à permettre aux entreprises de lever toutes les barrières commerciales qui freinent leurs ambitions de croissance et d’expansion », explique l’Administrateur Directeur Général d’Ecobank, Gwendoline Abunaw.
Invitée d’honneur à cette première édition d’Ecobank Trade Expo, Kate Fotso, qui a du succès dans le secteur de l’exportation du cacao à travers Telcar Cocoa a pu partager son expérience. Ceci sur des aspects tels que le renforcement de la crédibilité auprès des partenaires commerciaux et des banques, la gestion de la trésorerie, l’accès aux nouveaux marchés et fournisseurs internationaux etc. C’était aussi l’occasion pour Ecobank de proposer ses solutions de financement du commerce. Notamment sa plateforme Single Market Trade Up, qui met en relation acheteurs et vendeurs sur le continent, déjà utilisée par plus de 12 000 clients Ecobank. Pour cette banque, ses produits sont une solution au renforcement du commerce interafricain.
Réactions
Gwendoline Abunaw, Administrateur directeur général Ecobank Cameroun
« Notre objectif est d’aider nos clients et partenaires à être compétitif sur le marché mondial »
« L ’économie camerounaise a continué de faire preuve de résilience malgré les nombreux défis locaux et mondiaux rencontrés ces dernières années. Le commerce international contribuant significativement à cette stabilité grâce à l’accès à des marchés plus vastes, tant pour l’exportation que pour l’importation. Certaines tendances émergentes, telles que la numérisation disruptive des fintechs, la présence croissante des PME, la diversification des sources de financement et la multiplication des partenariats public-privé, sont des signes forts d’un avenir prometteur pour notre marché commercial. Ces tendances témoignent également du potentiel de croissance de nos entreprises. Mais nous savons aussi que nos activités commerciales évoluent dans un environnement difficile, susceptible d’entraver notre capacité à exporter des marchandises, à être compétitifs à l’échelle mondiale et à attirer des investissements étrangers. Notre objectif principal est de doter nos clients et partenaires des connaissances et des outils nécessaires pour maîtriser les complexités du commerce international et être compétitif sur le marché mondial. Cet objectif s’inscrit dans l’essence même de la mission d’Ecobank : être une banque panafricaine de premier plan, dédiée au développement économique et à l’intégration financière du continent africain. »
Kate FOTSO, Telcar Cocoa
« Il faut gagner la confiance des banques »
« J’ai appris très rapidement que les banques, dépensent beaucoup d’argent sur la gestion des risques, sur l’intelligence, sur l’investissement et sur la croissance. Donc je dirais que nous devons nous vérifier d’abord. S’assurer que ce que nous faisons, nous le faisons correctement. Alors nous n’aurons pas beaucoup de questions, ou de problèmes avec nos clients internationaux. Chaque client international veut s’assurer que lorsqu’ils ont un ordre, ou qu’ils proposent de vendre quelque chose, ils veulent s’assurer que vous allez le faire.
Je pense aussi que chaque secteur a ses propres particularités. Ainsi, en sectorisant les différents secteurs d’activité, nous pourrons trouver des solutions concrètes. Car la banque n’a pas pour vocation de vendre son argent, de le rentabiliser et de permettre aux entrepreneurs de se développer. Si vous optimisez les besoins de vos clients, vous pourrez mieux répondre à leurs besoins et développer votre activité et celle de vos clients. Le défi, à nos débuts, était de faire comprendre aux banques notre activité, car le secteur des matières premières exige des financements considérables. Et pour le cycle de vie de l’activité, les banques peuvent s’adapter à notre activité et nous essayons d’améliorer notre production grâce à nos volumes de transactions importants. »
Amedée ASSOMO, Directeur Général MRS
« Les défis liés au financement sont rudes »
« Les défis majeurs pour le commerce comme ont cité les précédents orateurs sont le problème d’infrastructures, les problèmes de régulation, mais je vais peut-être donner un peu plus de détails. Quand on parle de problèmes d’infrastructure, en ce qui nous concerne par exemple, je vais être factuel. Pour importer du camion au camion, nous avons essentiellement deux ports, le port de Douala et le port de Kribi. Il faut savoir qu’au port de Douala, nous n’avons que deux quais, notamment le quai 61, qui ne peut prendre que des navires de maximum 15 kt, c’est-à-dire 12 kt maximumde 15 000 tonnes. Dans notre domaine, pour ceux qui importent, c’est extrêmement petit, c’est une très grosse contrainte. Ça veut dire que pour quelqu’un qui veut par exemple s’approvisionner auprès d’une raffinerie, il ne peut pas tout simplement parce que les minimums pour reprendre une raffinerie, c’est à partir de 20 kt. La deuxième contrainte c’est au niveau des régulations en lien avec le monde bancaire. Personnellement, je pense que nous avons, une Cobac et une BEAC anachroniques. Ils ne sont pas arrimés aux nouvelles tendances. Quand vous regardez ce que les banques vous demandent pour pouvoir mettre en place vos outils pour importer, les LIC, etc. C’est tellement contraignant. Moi, j’ai eu la chance de faire deux systèmes, le système européen ou asiatique, et le système ici, c’est totalement différent. Même en France, de votre bureau, vous pouvez décider de 2 millions d’euros, 30 millions d’euros, mais ici, ce n’est pas évident, on vous demande tellement de documents aussi gros que vous ne savez plus comment faire. »
Les exportations camerounaises d’huile de palme brute se sont effondrées en 2024, tombant à 152 tonnes pour une valeur de 57 milliards de FCFA, contre 1 688 tonnes et 2 232 milliards de FCFA un an plus tôt, selon les chiffres officiels compilés par l’Institut national de la statistique (INS) rendus publics le 29 septembre 2025. Cette contre-performance, équivalente à une baisse de 91 % en volume et de 97,5 % en valeur, illustre la fragilité d’une filière clé de l’agro-industrie nationale, longtemps présentée comme l’un des leviers de la substitution aux importations et de la souveraineté alimentaire.
Lors de la présentation du programme économique, financier, social et culturel du gouvernement pour l’exercice budgétaire 2025, le 1ᵉʳ décembre 2024, le Premier ministre Joseph Dion Ngute a révélé que la production nationale d’huile de palme brute s’élevait à 446 984 tonnes. Un volume qui, bien que significatif, demeure insuffisant pour couvrir la demande croissante des unités de raffinage et des ménages camerounais.
DES IMPORTATIONS MULTIPLIÉES PAR DIX EN SIX ANS
Selon l’INS, entre 2017 et 2023, le Cameroun a importé 409 000 tonnes d’huile de palme, pour une valeur cumulée de 280,4 milliards de FCFA. Ces importations, principalement en provenance du Gabon et de la Côte d’Ivoire, ont été multipliées par dix en six ans : de 12 600 tonnes (5,7 milliards FCFA) en 2017 à 122 500 tonnes (89,9 milliards FCFA) en 2023. Cette tendance traduit une inversion paradoxale des flux régionaux : le Cameroun, longtemps fournisseur de produits oléagineux dans la sous-région, est désormais importateur net, tandis que ses voisins – notamment le Gabon, devenu exportateur – consolident leur avance industrielle et foncière.
PLANS DE RELANCE ET NOUVEAUX INVESTISSEMENTS
Face à cette situation, le gouvernement tente de reprendre la main. Un plan de relance de 21,7 milliards de FCFA a été lancé pour la période 2024-2026, avec pour objectif d’appuyer la production locale. Ce programme prévoit la subvention de trois agro-industries de première transformation – la Cameroon Development Corporation (CDC), Socapalm et Pamol – en équipements modernes, la réhabilitation de 5 000 hectares de plantations villageoises, et l’installation de 35 pressoirs modernes dans les coopératives rurales.
Un décret présidentiel du 22 septembre 2025 autorise par ailleurs le ministre de l’Économie à conclure un crédit commercial de 4,6 milliards FCFA avec la Standard Chartered Bank de Londres, destiné à financer la fourniture et l’installation d’usines d’huile de palme, de margarine et d’hévéa.
Dans le secteur privé, de nouveaux acteurs cherchent à redéfinir les équilibres du marché. À Douala, la Société de Raffinage du Cameroun (Sorac), filiale du groupe Nasco, dirigée par l’homme d’affaires Nassourou Issa, a récemment annoncé la mise en service d’un complexe industriel ultramoderne de 25 milliards FCFA. L’usine disposera d’une capacité de production de 100 000 tonnes d’huile raffinée et de 70 000 tonnes de savon par an, générant plus de 300 emplois directs. Pour soutenir ce projet, Sorac a porté son capital à 10 milliards FCFA et signé un partenariat avec l’Agence de Promotion des Investissements (API), bénéficiant des exonérations prévues par la loi de 2013 révisée en 2017.
Cet investissement vient s’ajouter à ceux d’autres opérateurs majeurs tels qu’Oléo, Mayor, Diamaor, Socapalm, Safacam ou Pamol, confirmant la vitalité d’un secteur stratégique mais sous tension.
L’ACCÈS À LA TERRE, PRINCIPAL VERROU
Si le gouvernement mise sur les équipements et les appuis techniques, les industriels de l’ASROC plaident pour des facilités d’accès au foncier, condition selon eux indispensable à la relance durable de la filière. Le modèle gabonais, souvent cité en exemple, démontre qu’une politique foncière proactive peut inverser la balance commerciale d’un pays en quelques années.
Une foule compacte amassée au lieu dit Artisanat à Yaoundé ce 3 octobre 2025. Difficile de circuler entre l’école de police et Tsinga. »Il faut contourner, ça ne passe pas », renseigne, mieux, instruit un moto-taximan officiant comme agent de police. L’homme s’est érigé en agent de direction de la circulation. Orientant les automobilistes soit vers le marché Mokolo, soit vers la ruelle opposée, pour ceux qui vont vers le quartier Bastos. De l’autre côté de cet axe routier, un autre volontaire assure la même fonction.
Issa Tchiroma Bakary, candidat du Front pour le salut national du Cameroun (Fsnc), est attendu en meeting dans le cadre de la campagne électorale pour l’élection présidentielle du 12 octobre prochain. Un podium est installé sur la route, entre l’Artisanat et le lycée de Tsinga. C’est là que le ministre démissionnaire va s’adresser aux populations de la capitale. Les piétons de plus en plus nombreux, sortis parfois des taxis et autres véhicules coincés dans les bouchons, tentent de se frayer un passage. Sifflets, klaxons, cris créent un tintamarre.
Bientôt, les bruits se font plus retentissants. Le candidat est là. On sautille, on danse, on chante. Au-devant du cortège, des hommes vêtus de T-shirts et casquettes jaunes, estampillés »Mon Bon diable ». On apprend que »ce sont les hommes d’Aristide Mono ». Le jeune universitaire engagé depuis quelques années aux côtés de l’opposition en vue d’une alternance au Cameroun, a rejoint les rangs de celui qui, après l’invalidation de la candidature de Maurice Kamto, lui semble être »le mieux à même de porter les aspirations du peuple du changement ». Le message imprimé sur les T-shirts se rapporte à la sortie de Mgr Barthélémy Yaouda, évêque de Yagoua qui en décembre dernier, avait dans une homélie critique au régime de Yaoundé, indiqué que »même le diable, on prend d’abord, et on verra après ». Évoquant l’élection présidentielle pour laquelle Paul Biya n’avait pas encore annoncé sa candidature, mais dont les signaux montraient déjà que l’homme du Renouveau n’allait pas prendre sa retraite. C’est que l’ancien membre du gouvernement tient désormais un discours aux antipodes des positions qu’il tenait du temps où il était encore aux affaires. Le véhicule de Tchiroma s’ébranle sur la place, au milieu de la foule et se gare près du podium. Cris, youyous montent en intensité.des éléments de police tentent de bloquer le passage à des jeunes forçant le passage vers le podium. Ils n’y parviendront pas. Ces »fous » de Tchiroma sont déterminés à témoigner leur sympathie à leur idole, de plus près.
Après plusieurs tentatives vaines de monter sur le podium, le candidat sera obligé de s’adresser à la foule depuis le toit de sa voiture. C’est l’ivresse: »Tchiroma, président, Tchiroma, président », scande-t-on. Rien ne peut facilement arrêter les fanatiques. Lorsque l’homme prend la parole, c’est l’extase. »Ils peuvent arrêter Tchiroma,ils peuvent même tuer Tchiroma, mais ils ne tueront pas tous les Camerounais », lance-t-il. Soutenu par le Pr Calvin Anana Oyono, pour qui »Tchiroma est l’émanation de la volonté du peuple ». Les décibels de baffles visiblement mal ajustés, sont étouffés par les bruits de la foule. Le tribun s’adresse à ses partisans et autres sympathisants, étouffé par le brouhaha d’un public presqu’incontrôlable. Pour une quarantaine de minutes, arrachant régulièrement des salves d’applaudissements.
L’accueil réservé à Tchiroma à Tsinga-Yaoundé.
Démission
Les partisans de l’ancien allié du gouvernement, n’en demandaient pas mieux. »Ils ont cru qu’ils pouvaient l’empêcher de parler à ses militants », défie un homme, habillé du tissu pagne du Fsnc. C’est que l’esplanade du stade Ahmadou Ahidjo a été refusée à l’opposant, quelques jours seulement après l’avoir l’avoir accordée à Patricia Tomaïno Ndam Njoya. Tout comme le stade d’Olembe. L’homme s’est donc contenté de ce cadre étroit du populeux quartier Tsinga, dans le 2ème arrondissement de la ville. Et l’homme n’a pas manqué de servir à la foule ce qu’elle souhaite entendre : le sacrifice de sa personne pour le peuple qui a soif de changement, après 43 ans d’une gouvernance Biya qui n’a pas pu »exploiter les multiples opportunités que la nature nous a offertes, pour développer ce pays’‘.
Se présentant comme l’homme de la situation, en s’appuyant sur cette démission qui marque un refus des multiples »avantages » d’un si haut commis de l’Etat, pour se mettre au service d’un peuple qui croupit sous le poids de la misère pendant qu’une minorité jouit de tous les privilèges. »Au revoir Paul Biya, Tchiroma arrive, au revoir Paul Biya, Tchiroma arrive », a entonné la foule. Concluant ainsi une rencontre au cours de laquelle ‘‘le plus important n’était pas ce qu’il va dire, mais qu’il sache que le peuple est avec lui », a lancé un fan. Convaincu qu’il est, que son champion sera le successeur de Paul Biya à Etoudi. Ce, à un jet de pierre du palais présidentiel.