mardi, novembre 4, 2025
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Nécrologie: Yondo Black est mort

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La nouvelle est tombée. Yondo Black est mort. L’ancien bâtonnier de l’ordre des avocats a rangé sa robe aux premières heures de ce 16 octobre 2025. Il avait une santé pour le moins précaire ces derniers temps.

la rédaction y reviendra.

Présidentielle 2025 : des urnes au Conseil constitutionnel, le chemin périlleux de la vérité

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Qui l’emportera au conseil constitutionnel à l’issue du bras de fer qui s’est amorcé entres les camps Biya et Tchiroma dès la clôture des opérations de vote le 12 octobre dernier ? Chaque camp se revendique vainqueur dans les urnes, faisant circuler vrais et faux procès-verbaux sur les réseaux sociaux pour démontrer avant l’heure la victoire de son candidat. Chaque candidat tient également l’autre pour responsable de la surchauffe au sein de l’opinion, et les accusations de tripatouillages fusent de partout dans le pays, étayés d’images amateur dont l’authenticité reste à prouver.

Toutes choses qui altèrent davantage la crédibilité d’un processus électoral dont les termes, à l’avantage supposé de l’ordre gouvernant, sont depuis longtemps contestés par les acteurs de l’opposition. Le délai étonnamment et singulièrement long du processus entre le vote et la proclamation des résultats en rajoute tant au flou qu’au malaise et à la suspicion. Conformément à l’article 96 du Code électoral, le dépouillement a débuté immédiatement après la clôture du scrutin, dans chaque bureau, en séance publique.

Le processus, supervisé par les commissions locales de vote prévues par les articles 49 à 69 du même Code, s’effectue en présence des représentants des candidats, des observateurs nationaux et internationaux, ainsi que des électeurs témoins. Chaque procès-verbal est ensuite transmis aux commissions départementales de supervision, puis consolidé au niveau des commissions régionales, avant d’être acheminé vers la Commission nationale de recensement général des votes, installée à Yaoundé.

 Cette dernière, sous la supervision d’Elections Cameroon (ELECAM), établit les résultats provisoires et les transmet au Conseil constitutionnel, seul organe habilité à proclamer les résultats définitifs, conformément à l’article 132 du Code électoral. Dans l’intervalle, une attente fébrile s’est installée. Des « tendances » circulent abondamment sur les plateformes numériques, sans aucun caractère officiel. Cette période se caractérise depuis lundi dernier, par des déclarations anticipées. Des candidats, comme Issa Tchiroma Bakary, s’appuyant sur des résultats partiels ou des remontées de leurs représentants, s’est autoproclamé depuis mardi, vainqueur de l’action présidentielle du 12 octobre 2025.

D’autres partis politiques comme le Front des Démocrates Camerounais (FDC) de Denis Emilien Atangana, croient en la victoire du président sortant, Paul Biya. Le président du FDC n’a d’ailleurs pas hésité à désavouer lors d’une conférence de presse tenue au siège du parti lundi dernier, Hiram Samuel Iyodi , le candidat investi par la formation politique qu’il dirige, pour « Trahison politique ». À l’inverse, des candidats comme Cabral Libii, du Parti Camerounais pour Réconciliation Nationale appellent invariablement au calme et au légalisme, rappelant à leurs partisans et à leurs adversaires que seule la proclamation du Conseil constitutionnel fait foi. Le Code électoral encadre strictement cette phase sensible. L’article 132 dispose que le Conseil constitutionnel « veille à la régularité de l’élection présidentielle, statue sur les réclamations et proclame les résultats dans un délai de quinze jours à compter de la clôture du scrutin ».

Ce délai, qui court donc jusqu’au 26 octobre 2025, constitue une période d’entredeux, où ni ELECAM ni aucun autre organe ne peut légalement proclamer des résultats. Le gouvernement, par la voix du ministre de l’Administration, Paul Atanga Nji, a appele à « la patience et au respect des institutions républicaines », rappelant que « seule la proclamation du Conseil constitutionnel a valeur légale ». Le membre du gouvernement n’a pas oublié de mettre en garde contre la diffusion de chiffres non vérifiés, évoquant des sanctions prévues par les articles 288 et suivants du Code électoral pour toute tentative de trouble à l’ordre public ou de manipulation des résultats.

Si le pays reste globalement calme, malgré quelques échauffourées dans le Nord du pays, l’attention reste tournée vers le Conseil constitutionnel, qui détient désormais les clés du verdict final. D’ici au 26 octobre, le processus suivra son cours administratif et juridique. Centralisation, examen des réclamations, puis validation. Une mécanique codifiée, héritée de la loi électorale du 19 avril 2012, modifiée en 2019, et censée garantir la régularité d’un scrutin dont les résultats, jusqu’à leur proclamation, demeurent une affaire d’institutions — et non de conjectures.

Présidentielle 2025: le pays à feu et à sang

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En attendant la proclamation des résultats de l’élection présidentielle du 12 octobre dernier, le territoire national est le théâtre d’une violence indescriptible. La compilation des résultats issus des bureaux de vote donne lieu à des contestations de part et d’autre. Avec une constante : les soupçons et accusations de fraude sur les procès-verbaux issus des bureaux de vote. Les réseaux sociaux servent de canal de mobilisation inconditionnels pour  »défendre le vote ».

Une défense qui s’est très souvent muée en contestations populaires et violentes. Pour la seule journée d’hier 15 octobre, pas moins de cinq villes ont été agitées. C’est Douala qui a donné le ton en mi-journée dans le 5ème arrondissement. Un communiqué d’Elections Cameroon (Elecam), l’organe chargé de l’organisation des élections, indique que tout est parti d’une incompréhension. Un monsieur à son passage devant l’antenne communale d’Elecam a aperçu le personnel nettoyant le nécessaire qui a servi au vote dimanche dernier. Ayant aperçu des urnes et des enveloppes, l’homme aurait cru à une opération de bourrage des urnes, et a aussitôt alerté les moto-taximen. De bouche à oreille et grâce à la puissance des réseaux sociaux, une foule de contestataires a pris d’assaut l’antenne communale d’Elecam. Les responsables du Front pour le Salut national du Cameroun (Fsnc) d’Issa Tchiroma y ont débarqué. Il s’avère que l’un d’eux a été interpellé, jettant de l’huile sur le feu. Il aura fallu un renfort policier pour parvenir à disperser la foule à coup de gaz lacrymogènes.

A Kousseri, c’est le président du Tribunal de Grande instance qui a subi les foudres d’une foule qui l’accusait de fabriquer un faux procès-verbal. L’homme a dû confesser avoir failli. Bafoussam n’a pas manqué au rendez-vous. Des camions antiémeutes ont dû intervenir pour disperser les contestataires qui ont convergé vers le palais de justice, à l’appel des équipes du candidat Issa Tchiroma accusant le président du tribunal d’avoir séquestré leur représentant afin qu’elle signe de faux procès-verbaux.

C’est la ville universitaire de Dschang dans la région de l’Ouest que l’on a enregistré la contestation la plus populaire. Dans la ville du secrétaire général du comité central du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) et du ministre Jean de Dieu Momo, les hostilités entre les hommes en tenue et les contestataires a abouti à l’incendie du siège du Rdpc, parti au pouvoir et du palais de justice.

Le soir même de l’élection présidentielle, la ville de Garoua avait déjà très agitée. Alors que la gendarmerie essayait d’arrêter Issa Tchiroma Bakary, une foule nombreuse s’était interposée, et avait réussi à exfiltrer celui qui se fait appeler  »candidat du peuple ». Dans la foulée, un camion de la gendarmerie a été brûlé, de nombreux blessés dont deux gendarmes dans une situation grave.

Présidentielle 2025: Issa Tchiroma se voit vainqueur, Atanga Nji menace

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 »Je veux d’abord dire merci au peuple camerounais. Merci d’avoir cru en moi, merci d’avoir cru en nous, merci d’avoir cru au changement ». Issa Tchiroma Bakary ne dit pas clairement qu’il a gagné l’élection présidentielle, mais c’est comme tel. D’ailleurs,  »je veux d’abord dire merci au peuple camerounais. Merci d’avoir cru en moi, merci d’avoir cru en nous, merci d’avoir cru au changement », précise-t-il.

Une sortie qui a de quoi irriter Paul Atanga Nji le ministre de l’Administration territoriale (Minat) :  »Le ministre de l’Administration territoriale condamne avec la plus grande fermeté cette imposture et le comportement irresponsable de ce candidat aux abois, qui a été incapable de se faire représenter dans tous les bureaux de vote sur l’étendue du territoire national », réagit Paul Atanga Nji dans un communiqué. Le candidat du Front pour le Salut national du Cameroun (Fsnc) s’appuie, lui, sur les résultats issus des bureaux de vote, dans le strict respect de l’article 113 du Code électoral. Faux, rétorque le Minat: « Dans sa démarche conspirationniste et anti-républicaine, le candidat Issa Tchiroma Bakary cherche à perturber le processus électoral qui se déroule normalement ». Mieux,  »ce candidat véreux tente de mettre en exécution un pla diabolique savamment planifié avec ses réseaux occultes au pays et à l’étranger, visant à mettre le Cameroun à feu et à sang », vocifère le  »moulinex » national.

Depuis le 10 octobre dernier, l’agent du gouvernement en matière électorale annonçait déjà que des informations en sa possession font état de ce que,  »un candidat entend terminer la campagne électorale dans sa région natale », à partir d’où  »il compte annoncer sa victoire à l’élection présidentielle ». Sans être précis mais promettant que  »ce serait la ligne rouge ». Et que comme tel, Paul Atanga Nji promettait que  »ce candidat se retrouvera au village de si je savais, et pour très longtemps ». Rappelant l’exemple de Maurice Kamto en 2018, pour garantir que les représailles seront au rendez-vous.

Rien n’y fait. Issa Tchiroma n’est plus au niveau des supputations et clame sa victoire pure et simple. L’homme qui croit avoir ainsi réussi là où beaucoup d’autres, parfois plus capés tant sur le plan intellectuel que politique, ont échoué, reconnaît bénéficier d’un long combat mené par ces devanciers :  »Ma reconnaissance va aussi à tous les hommes et toutes les femmes qui ont mené ce combat avant moi. Sans votre travail, nous n’en serions pas là », reconnaît-il.

Reconnaissance et hommage

Le candidat parrainé officiellement par l’Union pour le changement (UPC) et officieusement par le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), se sent conforté par d’autres candidats et forces vives de la nation, dans ce succès :  »Je remercie également les candidats qui, déjà, m’ont adressé leurs félicitations et ont reconnu la volonté du peuple », souligne-t-il.  »Leur geste honore notre démocratie et marque le début d’une nouvelle ère où l’unité de l’opposition et de la société civile devient une force irrésistible », poursuit-il. Estimant ainsi la page électorale tournée.

La déclaration d’Issa Tchiroma

Saluant la détermination du peuple tout entier :  »Durant cette campagne, j’ai vu un Cameroun debout. J’ai vu des femmes, des hommes, des jeunes et des anciens braver les menaces, affronter les intimidations, mais rester mobilisés. J’ai vu des électeurs veiller dans les bureaux de vote jusqu’au bout de la nuit, pour protéger leur voix, pour défendre la vérité des urnes », relève le  »candidat du peuple » qui a ainsi triomphé.  » Ce courage, cette détermination resteront à jamais gravés dans la mémoire de notre Nation », leur rend-il hommage.  »Mes chers compatriotes, notre victoire est claire. Elle doit être respectée. Nous avons mis le régime devant ses responsabilités : soit il montre sa grandeur en acceptant la vérité des urnes, soit il choisit de plonger le pays dans un tourment qui laissera une cicatrice indélébile dans le cœur de notre Nation », prévient Issa Tchiroma. Parce que  »le seul camp qui compte aujourd’hui, c’est celui du Cameroun », rappelle-t-il.

Echanges commerciaux : Comment la chute du Naira entretient le déficit commercial au Cameroun

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Le commerce informel entre le Cameroun et ses voisins reste une équation déséquilibrée. En 2024, le solde global des échanges non enregistrés affiche un déficit de 50,72 milliards de FCFA, en aggravation par rapport à 2023 (-44,58 milliards). Et, sans surprise, c’est le Nigéria qui en porte la plus large part avec moins de 111,73 milliards de FCFA de déficit bilatéral, selon le dernier rapport de l’Institut national de la statistique (INS).

Un déséquilibre ancien, mais dont les racines économiques s’enfoncent aujourd’hui dans la dépréciation continue du Naira, la monnaie du Nigéria. Le Naira, affaibli par les tensions monétaires et la dépendance du Nigéria aux exportations pétrolières, est devenu l’un des catalyseurs les plus puissants du commerce parallèle sous-régional. Sa baisse continue face au FCFA rend les produits nigérians bien plus compétitifs pour les commerçants camerounais, apprend-on du rapport de l’INS.

 Carburants, lubrifiants, chaussures, matériaux de construction ou boissons gazeuses traversent la frontière à des prix défiant toute concurrence. D’où les importations informelles camerounaises en provenance du Nigéria ont atteint 176,58 milliards de FCFA en 2024, soit 66,5 % du total des importations non enregistrées. « Tant que le Naira reste faible, les produits nigérians seront irrésistiblement attractifs pour les marchés frontaliers du Cameroun », confie un économiste du commerce régional à Yaoundé. En effet, la monnaie nigériane s’est dépréciée jusqu’à atteindre 1690 Naira pour 1 USD (-73%) en novembre 2024. La monnaie faible d’un voisin géant agit comme un aspirateur sur la demande intérieure camerounaise, fragilisant la production locale et les recettes douanières.

DES ROUTES POREUSES ET DES CIRCUITS BIEN HUILÉS

La frontière de plus de 1 500 km entre les deux pays joue le rôle d’un couloir économique à ciel ouvert. Dans l’Extrême-Nord, 49,4 % des flux d’importations informelles transitent par les localités frontalières, suivies du Nord (20,8 %). Ces zones sont devenues de véritables plateformes d’échanges non officiels, où le carburant et le bétail se négocient à la faveur de la porosité frontalière. La baisse du Naira renforce encore cette dynamique. Le litre d’essence nigériane, revendu au Cameroun à des prix inférieurs aux tarifs officiels, alimente un trafic aussi lucratif que difficile à contenir.

 À côté des hydrocarbures, les produits manufacturés nigérians progressent fortement, notamment avec les chaussures qui bondissent de +170,8 % pour atteindre 21,2 milliards FCFA, les eaux minérales de +77,4 % et les briques et carreaux de +148,9 %. Ces flux nourrissent un écosystème informel aussi ancien qu’incontrôlé, drainant des milliards hors des circuits officiels de l’économie camerounaise.

 DES EXPORTATIONS EN SURSAUT, PORTÉES PAR LE CACAO

Face à cette domination des importations, le Cameroun tente de compenser par ses exportations informelles, dominées par le cacao en fèves. En 2024, le Nigéria a absorbé 64,8 milliards de FCFA de produits camerounais, soit 30,8 % des flux informels sortants. Le cacao en représente à lui seul 63,9 %, avec une progression spectaculaire de +145,6 %. Mais cette embellie masque un recul sévère d’autres produits jadis porteurs : huile de palme (-54,1 %), riz décortiqué (-68 %) et bétail vivant (-50 %).

La balance reste donc déséquilibrée, car le volume et la valeur des exportations n’égalent pas la puissance des importations dopées par le taux de change favorable du Naira. La perméabilité des frontières, les tensions sécuritaires et les différences de politiques de prix entre les deux pays maintiennent le commerce informel comme soupape économique. Tant que le Naira restera faible, les produits nigérians continueront à envahir les marchés camerounais, du Nord à Douala, sans passer par les circuits officiels.

Cette situation, si elle profite aux consommateurs à court terme, affaiblit durablement les recettes fiscales du Cameroun et déstabilise les filières locales.

Nécrologie : Ayang Luc est mort

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Le Cameroun est en deuil. Le président du Conseil économique et social (CES) est mort ce 14 octobre 2025 en Belgique. Le haut commis de l’Etat était en évacuation sanitaire dans ce pays d’Europe, à la suite d’un accident vasculaire cérébral (AVC).

Dans une correspondance adressée le 4 octobre dernier au directeur du Cabinet civil de la présidence de la République, le ministre de la Santé publique sollicitait une intervention du président de la République pour une évacuation sanitaire d’urgence d’Ayang Luc en Europe, par avion médicalisé. Le miracle ne s’est pas opéré.

Né en 1947, Ayang Luc est originaire de Doukoula dans le département du Mayo-Danay, région de l’Extrême-Nord. Diplômé de l’Ecole nationale d’administration et de magistrature (Enam), le spécialiste du droit et de l’économie a été ministre de l’Élevage, des pêches et des industries familiales en 1978. Réputé proche de Paul Biya, le ministre d’Ahmadou Ahidjo héritera du premier ministère lors de la brouille entre le nouveau président de la République et son premier ministre Bello Bouba Maïgari. A la suite de la tentative de coup d’Etat. Mais le premier ministre par intérim n’y séjournera d’août 1983 à janvier 1984. Il lui est alors confié le poste de président du Conseil économique et social qu’il dirigera jusqu’à sa mort.

Recettes non fiscales : L’État capte 2,3 milliards FCFA par mois via Tresor Pay

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Le gouvernement accélère la centralisation numérique des encaissements avec Trésor Pay. Depuis l’arrêté du 28 mai 2025 signé par le Premier ministre Joseph Dion Ngute, Tresor Pay s’impose comme la seule plateforme électronique autorisée pour la collecte des recettes non fiscales et le paiement des dépenses publiques au Cameroun. Cette décision engage l’ensemble de l’administration centrale, les collectivités territoriales décentralisées et les entreprises publiques, avec un délai de trois mois pour s’y conformer.

Au-delà de la contrainte réglementaire, elle marque une accélération du processus de centralisation numérique des flux financiers de l’État, amorcé depuis août 2023 par le ministère des Finances. Selon des données consultées par Cameroon Business Today, Tresor Pay collecte actuellement entre 2,2 et 2,3 milliards de F CFA par mois, soit environ 24 milliards de FCFA projetés en fin d’année 2025. L’ambition, selon une source interne au ministère des Finances, est de « quadrupler ces montants dès l’année prochaine », pour tendre vers le potentiel national estimé entre 600 et 800 milliards de F de recettes de service par an. Ce niveau reste pour l’instant largement sous-exploité : les statistiques officielles évoquent une moyenne de 300 milliards de F collectés chaque année, et la loi de finances 2025 n’en prévoit que 361 milliards.

 Lancée en août 2023, Trésor Pay a été conçue pour centraliser et tracer l’ensemble des encaissements et décaissements publics. L’expression « recettes non fiscales » renvoie ici aux paiements effectués par les usagers pour divers services administratifs (certificats, autorisations, agréments, frais d’examens, etc.) qui ne relèvent pas de l’impôt direct ou indirect. La plateforme est interconnectée au système de gestion du Trésor public, garantissant la fiabilité des opérations et la reddition conforme des comptes.

Sur le terrain, plusieurs ministères ont déjà migré leurs recettes vers la plateforme. Au ministère de la Santé publique, Tresor Pay a permis de sécuriser plus de 4 milliards de F issus des tests Covid et d’autres actes médicaux légaux. Au ministère des Relations extérieures, les paiements pour l’authentification internationale des documents, la production de plaques diplomatiques ou encore l’inscription des traducteurs agréés s’effectuent désormais en ligne.

Le ministère des Mines y perçoit les frais d’agréments de prestataires et de certificats d’exploitation, tandis que celui des Transports centralise les paiements pour la délivrance de permis de navigation, certificats de capacité et concours d’entrée à l’École nationale de la pêche de Limbe (LINAFI). Les administrations foncières figurent aussi parmi les plus actives : plus de 6 milliards de F ont été collectés depuis le 1er janvier 2025.

D’autres départements, notamment les Forêts et la Faune, ou encore les Marchés publics, utilisent la plateforme pour encaisser les frais de délivrance de certificats de non-exclusion de la commande publique. À l’échelle locale, les collectivités territoriales décentralisées ont encaissé près de 2,89 milliards de F au titre de l’impôt général synthétique, première étape vers une réforme de la fiscalité communale désormais appuyée sur un outil numérique. Le ministère des Finances mise sur cette centralisation pour réduire les manipulations en espèces, longtemps à l’origine de fuites de recettes, et renforcer la transparence dans l’exécution budgétaire.

 L’arrêté du Premier ministre prévoit d’ailleurs la fermeture progressive de toutes les plateformes non connectées au réseau Tresor Pay. Sur le plan sécuritaire, les responsables techniques indiquent que le système a déjà déjoué plusieurs tentatives d’intrusion. Les mises à jour régulières et la collaboration avec des experts nationaux et internationaux doivent renforcer la résilience de la plateforme. Par ailleurs, une campagne de sensibilisation vise à accélérer l’adhésion des administrations et des usagers, encore inégale selon les secteurs.

Avec la digitalisation progressive du circuit financier public, l’État entend consolider la traçabilité de ses flux, fiabiliser ses comptes et sécuriser la mobilisation de ses recettes. Trésor Pay, appuyée par la Cameroon Postal Services (CAMPOST) et plusieurs partenaires institutionnels, s’impose désormais comme le socle de la réforme budgétaire camerounaise — une transformation encore silencieuse, mais déterminante pour la discipline financière nationale.

Import-Substitution : Ces projets agricoles qui tardent à donner des fruits

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La dernière trouvaille du gouvernement pour sortir le Cameroun de la dépendance alimentaire est le Plan intégré d’import-substitution agropastoral et halieutique (PIISAH). Dévoilé à Yaoundé pour la période 2024- 2026, ce programme de 1 444 milliards de FCFA ambitionne de renforcer la production nationale de riz, maïs, poisson, lait et huile de palme. L’objectif affiché est de réduire une dépendance alimentaire qui coûte chaque année plus de 800 milliards de FCFA aux finances publiques, selon l’Institut national de la statistique (INS).

En clair, il s’agit pour le Cameroun de regagner sa souveraineté alimentaire en stimulant la production et la transformation locales. Mais le PIISAH, lancé en grande pompe par le ministère de l’Économie sous la houlette d’Alamine Ousmane Mey, n’est que la pièce la plus récente d’un vaste puzzle. Avant lui, plusieurs programmes et projets agricoles ont vu le jour. Padfa II, Prodel, Pea-Jeunes, Pidma, Padmirc, Pdc_Va, ou encore le Programme national de développement du palmier à huile et de l’hévéa (PNDPHH). Leur objectif commun est de moderniser les filières agricoles et appuyer les producteurs. Sur le papier, la vision est claire. Dans la pratique, son appropriation par les populations demeure problématique.

UNE MOITIÉ DE PRODUCTEURS MAL INFORMÉS

 Les résultats d’un mini-sondage réalisé en 2025 par nos confrères de Data Cameroon auprès d’une trentaine de producteurs des régions du Centre, du Littoral et de l’Ouest révèlent l’ampleur du fossé entre les politiques publiques et le terrain. La moitié des producteurs interrogés disent ignorer totalement l’existence des projets et programmes agricoles censés les accompagner. Même parmi les agricultrices informées, rares sont celles à avoir effectivement bénéficié d’un appui. « En début d’année, j’ai essayé de monter le dossier de ma société coopérative pour bénéficier d’un projet, mais notre fonds était presque vide », confie Christine Milango, épouse Ndong, responsable de la Scoopsfedi à Njombé-Penja. « C’est cela qui nous a vraiment fauchés… ».

D’autres pointent un déficit de communication. « Il y a un manque d’information. Même quand elle arrive, c’est trop tard », déplore Philomène Bertille Jabea, présidente de la Société coopérative des femmes entrepreneures du Littoral (Scfel). Sa compatriote Madeleine Nga renchérit : « Nous avons appris le lancement d’un programme de la FAO deux jours avant la clôture de l’appel à candidatures ».

DES ADMINISTRATIONS LOCALES SOUS-ÉQUIPÉES

 Du côté de l’administration, le constat est tout aussi préoccupant. Les relais locaux du ministère de l’Agriculture et du Développement rural (Minader) reconnaissent leur difficulté à faire circuler l’information. « Dans les services déconcentrés comme le nôtre, certains ne savent même pas qu’il existe une délégation de l’Agriculture », admet Charles Calvin Boubouama, délégué d’arrondissement du Minader à Nikoutou.

 À Njombé-Penja, Leon II Irnée Mengue, en poste depuis moins d’un an, évoque un « manque d’outils pour sensibiliser efficacement ». Il dit avoir entrepris un recensement des projets actifs dans sa circonscription, faute de base de données centralisée. Cette désorganisation complique la mise en œuvre locale des multiples initiatives du Minader, dont certaines — comme le Projet d’appui au développement des filières agricoles (Padfa) ou le Programme de promotion de l’entrepreneuriat agropastoral des jeunes (Pea-Jeunes) — ont déjà livré des résultats, mais peinent à s’ancrer durablement dans les territoires. Pour 2025, le gouvernement a promis d’intensifier son effort budgétaire.

 Le 14 août 2025, Alamine Ousmane Mey a signé avec sept structures publiques des conventions de transfert de 13,55 milliards de FCFA destinés à la production agropastorale et halieutique. Dans le détail, 9,2 milliards iront à la Banque camerounaise des PME (BCPME) pour soutenir les opérateurs privés des filières ciblées, tandis que 4,3 milliards seront distribués à l’Unvda, à la Sodepa, à l’IRAD, à l’Office céréalier et aux projets Viva-Logone et Viva-Bénoué.

Ces fonds s’inscrivent dans le cadre du PIISAH, qui prévoit de sécuriser 1,4 million d’hectares de terres agricoles et d’investir 1 208 milliards de FCFA dans les infrastructures rurales (barrages, routes, électrification). Mais ces montants colossaux n’ont pas encore produit l’effet d’entraînement espéré. Les observateurs évoquent des résultats « mitigés » lors de la première année d’implémentation du PIISAH en 2024, malgré une mobilisation de 248,49 milliards de FCFA.

 LE SECTEUR PRIVÉ RESTE FRILEUX

Lors du 4ᵉ Cameroon Investment Forum tenu le 17 avril 2024 à Douala, les patrons ont exprimé leur scepticisme quant à la mise en œuvre de la politique d’import-substitution. « Pour produire localement du riz, du maïs, du poisson, du lait et de l’huile de palme, nous avons besoin d’espace, de terrain », a martelé Célestin Tawamba, président du Gecam. Il dénonce un cadre foncier instable : « Le titre foncier ne garantit rien, car il peut être révoqué par le ministre du jour au lendemain. Comment développer l’agriculture sans sécurité foncière ? ». Même son de cloche du côté de Leonel Kungaba Fongoh, PDG de Global Corporation Group, qui plaide pour « faciliter l’accès à la terre » et inciter les investisseurs étrangers à s’associer à des Camerounais. À ces obstacles s’ajoutent des difficultés de financement. « Il n’existe actuellement aucun dispositif adapté pour financer l’agriculture », déplore à nouveau Célestin Tawamba. Gwendoline Abunaw, directrice générale d’Ecobank Cameroun et présidente de l’Apeccam, a quant à elle encouragé les entrepreneurs à mieux explorer les offres de crédit existantes, tout en reconnaissant que les conditions de prêt restent souvent dissuasives pour les petits producteurs.

 L’ACCÈS AU MARCHÉ

« Quand d’autres pays ont lancé des politiques d’import-substitution, ils ont pris en compte les exigences du marché », a expliqué Dr Simon François Yonga Bakalag, coordonnateur national du Centre du réseau des filières de croissance. Selon lui, il faut d’abord garantir des débouchés aux producteurs avant de stimuler la production : « Nos produits doivent répondre aux normes commerciales si nous voulons qu’ils soient vendus. » Le gouvernement ne ménage pourtant pas ses efforts.

Le Projet de l’inclusion et de l’employabilité des femmes et des jeunes (Propiej), soutenu par le PNUD et la Banque mondiale, a lancé en 2025 un appel à candidatures pour 100 projets innovants portés par des femmes et des jeunes dans le cadre du PIISAH. Les lauréats bénéficieront d’un appui financier de la BC-PME et d’un accompagnement technique pour renforcer la compétitivité de leurs entreprises. Mais ces initiatives, souvent concentrées dans les grandes villes ou les centres administratifs, peinent encore à atteindre les producteurs ruraux. « Il faut pouvoir vendre nos produits avant de démarrer la production », résume lucidement Dr Yonga Bakalag.

Avec plus de vingt programmes agricoles opérationnels sous la tutelle du Minader, le Cameroun n’a jamais autant investi dans son secteur rural. Pourtant, la fragmentation des dispositifs, le déficit de communication et la méfiance du secteur privé risquent de retarder les objectifs du PIISAH et, plus largement, la marche vers l’autosuffisance alimentaire. Les milliards engagés ne suffisent pas sans un effort accru de vulgarisation, d’information et de simplification administrative. Tant que les producteurs ne s’approprieront pas les politiques agricoles censées les soutenir, la souveraineté alimentaire restera une promesse en suspens.

JEAN PAUL MISSI : « Le Crédit Foncier du Cameroun a déjà injecté plus de 600 milliards de FCFA dans l’économie »

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Défis Actuels : Monsieur le Directeur Général, malgré les stratégies mises en place, il y a comme une persistance de la crise de l’habitat. Comment l’expliquer ? Quelle est l’ampleur du problème ?

JEAN PAUL MISSI : Je voudrais, à l’entame de mon propos, remercier votre magazine pour cette opportunité offerte au Crédit Foncier du Cameroun de faire connaître ses missions à vos lecteurs et aux différents publics, ainsi que les opportunités qu’offre cette institution dans le domaine du financement de l’habitat. C’est pour nous un devoir que je m’honore de remplir. Revenant à la préoccupation soulevée, il faut noter qu’à l’instar des autres pays d’Afrique, la population urbaine du Cameroun, estimée à plus de 27 millions d’habitants, a pratiquement doublé en moins de quatre décennies, du fait de la croissance démographique et de l’exode rural des populations à la recherche de meilleures conditions de vie. Cela entraîne des besoins importants en matière d’immobilier. En l’absence de sources statistiques complètes, le déficit de logement à lui seul serait évalué à plus de 2 millions d’unités, générant des besoins de financement de plus de 100 milliards de FCFA par an. Ce déficit s’accroîtrait d’environ 200 000 unités par an, bien au-delà de la capacité de production actuelle. Ces chiffres masquent la réalité d’une urbanisation non maîtrisée, marquée par la prépondérance de l’habitat spontané, la prolifération de quartiers informels et d’habitats précaires, ainsi que par des constructions anarchiques qui se multiplient, exposant les habitants à des risques majeurs. En somme, la crise de l’habitat reflète les défis liés à la planification urbaine, aux politiques publiques d’inclusion, au cadre réglementaire approprié, aux synergies de l’écosystème et aux capacités des différents acteurs.

Défis Actuels : Le gouvernement camerounais met en place des politiques de soutien à l’accès au logement, comme le programme de logements sociaux. Quel rôle le Crédit Foncier du Cameroun joue-t-il dans la mise en œuvre de ces politiques ?

JEAN PAUL MISSI : L’État a mis en œuvre plusieurs outils réglementaires et de régulation offrant un cadre — certes perfectible — pour l’avènement de politiques de développement de l’habitat, notamment social, dans le cadre de la SND30. Le CFC s’inscrit dans cette trajectoire depuis sa création en 1977, en tant que société à capital public dont l’objet social est d’apporter son concours financier et son expertise à la réalisation de tout projet destiné à promouvoir l’habitat social en particulier, et l’immobilier en général. Plus particulièrement, le CFC finance en priorité le logement social à travers une large gamme de produits et appuie les initiatives du gouvernement dans ce domaine : programmes de cités urbaines construites dans les années 80, programme de construction de 10 000 logements dont la phase pilote a permis de bâtir environ 1 600 logements à Douala (Mbanga-Bakoko) et Yaoundé (Olembé), cités municipales, cités universitaires et scolaires, etc.

Défis Actuels : Quelles actions spécifiques sont entreprises par le Crédit Foncier pour améliorer l’inclusivité de son offre de crédit ?

 JEAN PAUL MISSI : Avec un taux de bancarisation aux alentours de 30 %, la plupart des Camerounais, notamment les plus démunis, peinent à trouver des financements bancaires pour accéder à la propriété. Par conséquent, environ 5 % seulement des Camerounais ont accès au financement hypothécaire du système bancaire privé formel, qui exclut largement les populations à revenus faibles ou informels. De par son offre de valeur orientée « social », le Crédit Foncier a toujours développé des formules de crédit spécifiques à destination des couches fragiles de la population. Ainsi, son offre actuelle, composée de crédits à long terme à taux faibles (de 1,5 % à 7 % TTC au maximum), permet d’inclure les jeunes, les faibles revenus, ainsi que le financement de cités universitaires et scolaires. Plus récemment, le CFC a pris une initiative marquante d’inclusion financière matérialisée par l’octroi d’une ligne de crédit aux EMF, destinée à financer exclusivement, par des prêts, les populations exclues du système bancaire classique.

Défis Actuels : Quels sont les résultats obtenus dont vous êtes le plus fier à la tête du Crédit Foncier ?

JEAN PAUL MISSI : En termes de résultats quantifiables, le CFC a injecté plus de 600 milliards de FCFA dans l’économie camerounaise depuis sa création, malgré les effets récessifs de la crise économique des années 80/90 qui a vu disparaître nombre d’entreprises publiques. Cette forte injection de capitaux a permis, par exemple, la construction de plus de 100 000 logements et l’aménagement de 16 000 terrains. Outre les réalisations quantitatives, le CFC est fortement impliqué dans la structuration et l’appui à la professionnalisation de la filière de l’habitat. Pour y parvenir, il mobilise son réseau d’agences implantées dans les dix régions du pays, ainsi que ses représentations en Europe et en Amérique du Nord destinées aux Camerounais de la diaspora. Au-delà de ses missions, le CFC joue un rôle de catalyseur, notamment dans le renforcement des capacités et la mise en œuvre de la coopération synergique entre acteurs, à travers une plateforme de collaboration de la filière habitat, ainsi que l’accompagnement des promoteurs immobiliers privés et des CTD dans l’opérationnalisation de leurs projets.

Défis Actuels : Le financement du secteur immobilier reste une problématique majeure. Quelles sont les sources de financement du Crédit Foncier et comment parvenez-vous à diversifier vos ressources pour répondre à la demande croissante de crédits immobiliers ?

JEAN PAUL MISSI : Les sources de financement à la disposition du CFC sont principalement la Contribution au Crédit Foncier, taxe parafiscale prélevée à la fois sur les revenus des salariés et sur les entreprises, l’épargne collectée, ainsi que les retours de fonds prêtés. Toutefois, ces ressources sont notoirement insuffisantes pour faire face aux besoins, évalués à au moins 150 milliards de FCFA par an. Ainsi, dans le but d’entraîner une plus forte implication des autres acteurs financiers, le CFC s’attèle également à nouer des partenariats avec des institutions nationales et internationales, notamment via des initiatives de cofinancement bancaire ou le partenariat avec Shelter Afrique, afin d’œuvrer à la mise en œuvre d’une solution globale à la mobilisation des fonds destinés au financement de l’immobilier.

Défis Actuels : Comment le Crédit Foncier gère-t-il la question de la solvabilité de ses emprunteurs, et quelles mesures sont prises pour minimiser les risques associés à ces prêts ?

JEAN PAUL MISSI : Votre question me donne, une fois de plus, l’opportunité de lever une équivoque, source de malentendus et de confusions chez les citoyens. Les crédits octroyés par le Crédit Foncier du Cameroun, bien que partiellement financés par la contribution évoquée supra, demeurent des prêts à rembourser, et non des dons ou des subventions. Le client bénéficiaire d’un prêt s’oblige donc à honorer son engagement, autrement dit, il doit rembourser la totalité du crédit dans les délais prescrits. Si un client ne rembourse pas son prêt, non seulement il s’expose aux conséquences, dont la saisie du bien financé est une, mais aussi il fragilise l’institution et empêche d’autres Camerounais de financer leur projet de logement, contribuant ainsi à l’aggravation du déficit en logements décents, tant décrié dans notre pays. Aussi, à l’instar des autres établissements de crédit, le CFC déploie toute la gamme d’instruments réglementaires pour assurer un retour sain et exhaustif des fonds prêtés, nécessaire à sa pérennité, en veillant scrupuleusement au respect des conditions de crédit, notamment les modalités de remboursement. Si, malgré cela, la solvabilité de l’emprunteur n’est pas avérée pour quelque raison que ce soit, le CFC fait recours à une panoplie d’instruments, à l’instar du recouvrement à l’amiable avec des plans d’apurement, des porteurs de contrainte, des partenaires de recouvrement, et, en définitive, le recouvrement forcé par voie judiciaire.

Défis Actuels : Quelle est la principale difficulté que pose le financement de l’habitat au Cameroun ?

Défis Actuels : L’écart très important entre l’offre de financement de toutes natures et la demande, induite par le fort potentiel économique de l’immobilier, s’explique par l’existence de multiples contraintes et leviers non exploités des différentes parties prenantes. Cela induit un coût d’opportunité, notamment en termes de fiscalité pour l’État et ses démembrements, un manque à gagner en termes de revenus pour le système bancaire, et enfin, pour les populations, des risques de nature physique, juridique et financière. Ainsi, les contraintes internes au système bancaire relèvent souvent de règles et procédures parfois rigides, complexes, longues, redondantes ou onéreuses, ainsi que des limites de l’ingénierie financière, qui ne permet pas toujours de proposer des produits et services adaptés aux besoins d’un secteur complexe et porteur de risques spécifiques. Par ailleurs, de nombreuses contraintes sont liées globalement à l’écosystème : faible disponibilité de foncier sécurisé, complexité des procédures administratives, limites du marché immobilier insuffisamment structuré, organisation insuffisante et faible professionnalisation des métiers du secteur, insuffisance des ressources adaptées, inefficacité des mécanismes de soutien, ainsi que cadre législatif et réglementaire parfois obsolète, incomplet ou inadapté, sans oublier la faiblesse des revenus des emprunteurs.

Défis Actuels : Quels produits sont dédiés aux employés du secteur privé et aux entrepreneurs individuels ?

JEAN PAUL MISSI : Pour remplir ses missions, le CFC a rénové son offre, avec une large gamme de produits de prêts et d’épargne adaptés aux besoins et spécificités de sa clientèle, couvrant le financement des projets d’accession à la propriété, de logements destinés à la location et de programmes immobiliers destinés à la vente. On distingue ainsi les produits de prêts (voir tableau) et les comptes épargne logement. Le régime Épargne-Logement comprend deux options permettant la souscription d’une épargne en vue de la réalisation future d’un projet immobilier d’habitation et la constitution d’une épargne libre, rémunérée à un taux attractif.

Défis Actuels : En ce qui concerne les promoteurs immobiliers, quelle est votre politique à leur égard ? Pour quels résultats ?

JEAN PAUL MISSI : La promotion immobilière au Cameroun est confrontée à une série de défis structurels, juridiques et économiques qui freinent son développement et son impact social : informalité dominante (plus de 90 % des logements sont produits par des acteurs informels, souvent précaires), faible professionnalisation entraînant de nombreux échecs, accès difficile au foncier sécurisé et au financement. Pour autant, à la suite du gouvernement, le CFC a entrepris d’orienter prioritairement ses financements vers la production de masse de logements, notamment via les promoteurs immobiliers. Malheureusement, pour les raisons évoquées, malgré les dispositifs d’encadrement et d’appui mis en place par le CFC, les projets de qualité soumis au financement du CFC sont rares, et les crédits octroyés comportent souvent des impayés. Ainsi, à l’observation des résultats, force est de constater l’atonie de la promotion immobilière et la faible quantité de projets menés à terme, sans incidents.

Défis Actuel : Comment s’organise la synergie entre les différents acteurs étatiques du secteur ? (CFC, MAETUR, SIC) ? Conduisez-vous des projets en commun ?

JEAN PAUL MISSI : Inspiré des conclusions de la première Conférence des Nations unies sur les Établissements Humains, baptisée « Habitat 1 », tenue à Vancouver au Canada du 31 mai au 11 juin 1976, le triptyque CFC-SIC-MAETUR a fondé depuis lors le même modèle économique de développement de l’immobilier au Cameroun. Ce triptyque fut structuré à l’origine autour d’un promoteur immobilier public (la SIC), un aménageur responsable des infrastructures d’approche (la MAETUR), et une caisse de financement (le CFC). L’État est alors fortement impliqué, à la fois instigateur de la politique de l’habitat, notamment social, fournisseur de terrains, d’aménagements et d’immeubles à financer via ses démembrements, tout en mobilisant des ressources financières, notamment à travers une taxe parafiscale mise au service de la politique du Gouvernement en matière d’habitat social. Ce modèle a donné des résultats probants dès les premières années, avec, entre autres, l’édification de nouveaux quartiers à Douala (Cité des Palmiers, Bonamoussadi, Makepe, Kotto, etc.) et à Yaoundé (Biyem-Assi, Mendong, Nsimeyong, Nkomo Okoui, Odza, Cité verte, etc.), ainsi que des équipements communaux générateurs de revenus. Toutefois, l’irruption de la crise économique dès 1987 met à mal cet attelage, affectant au premier chef l’État qui se désengage du secteur, entraînant des difficultés importantes pour les autres acteurs (SIC, MAETUR, emprunteurs, etc.) : l’activité s’amenuise et la qualité du portefeuille se dégrade brutalement, pesant fortement sur la situation économique et financière de ces institutions. Dans le même temps, la libéralisation du secteur dans les années 90, avec l’émergence de nouveaux acteurs, offre des perspectives intéressantes de développement de l’immobilier. À ce jour, une relance de cet attelage, encore en gestation, reste tributaire de la qualité des projets à mettre en œuvre.

Défis Actuels : Le secteur financier camerounais connaît une forte tendance à la digitalisation. Quelles sont les orientations du Crédit Foncier dans ce domaine ?

 JEAN PAUL MISSI : Le secteur bancaire camerounais est en pleine effervescence numérique, dans laquelle le CFC s’inscrit pleinement, et la digitalisation joue un rôle de catalyseur majeur. Ces évolutions sont rendues indispensables en raison des défis importants engendrés par les besoins des consommateurs et la nécessité d’optimiser la productivité et de délivrer un service rapide. Ainsi, notamment à travers l’implémentation en cours d’un nouveau progiciel de gestion bancaire adapté aux besoins et aux évolutions du marché, le CFC entend digitaliser l’offre de produits et services, permettant entre autres une souscription rapide de prêts, la consultation de solde et des opérations, la collecte de ressources, ainsi que des opérations de trésorerie en ligne.

Défis Actuels : Quelles sont vos stratégies et actions en matière de RSE ?

JEAN PAUL MISSI : Se situant au cœur de la chaîne de production de l’immobilier, le CFC est fortement impliqué dans la sphère sociale, à travers son offre de financement à conditions très favorables (taux bas, durées élevées) et l’accompagnement permanent de ses clients. En mettant une ligne de financement à disposition des EMF pour permettre le financement des Camerounais à faibles revenus ou opérant dans le secteur informel, le CFC œuvre fortement dans l’inclusion financière des couches les plus défavorisées de la population.

Propos recueillis par François BAMBOU

Présidentielle 2025 : Ateki Seta Caxton reste fidèle à la coalition avec l’UNDP

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Le lendemain du passage aux urnes, de nombreuses réactions se sont faites ressentir en l’occurrence celle du candidat Ateki seta Caxton qui a réagi de manière pacifique suite à quelques tendances déjà disponibles. Dans ses propos, le candidat du PAL a fait la sortie après avoir observé les premiers résultats de l’élection. Selon ses dires pour un opposant, avoir une performance comme il a pu voir est quelque chose à féliciter dans notre système.

Ateki Seta Caxton affirme qu’il n’a nullement dit que c’est le candidat du FSNC Issa Tchiroma qui a gagné l’élection, il l’a juste félicité pour sa performance, pour ce qu’il a réalisé sur le terrain, ça n’a rien à voir avec la position du parti politique qu’il représente qui est le PAL, et ça n’a rien à voir avec la position de la coalition qui reste intacte, dans ses principes.

« Je reste engagé dans le principe de notre coalition avec l’UNDP, c’était juste une sorte d’appréciation pour l’opposition. En effet pour la première fois nous avons vu cet engouement de changement qui a animé la population et non que Issa Tchiroma Bakary a gagné l’élection présidentielle. Ce sont les médias qui ont interprété mes propos à leur manière en affirmant que j’ai dit que Issa Tchiroma a gagné l’élection pourtant nous tous nous savons qu’il faut attendre le dépouillement et puis la publication des résultats par le Conseil Constitutionnel. En tant que candidat je suis bien conscient de ça » A souligné Ateki Seta Caxton.

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