Dans un communiqué rendu public le 23 février 2025, la Fédération camerounaise de football (Fécafoot) rejette les termes employés par le Secrétaire général de la présidence de la République (Sgpr) dans son courrier du 19 février dernier, accusant la Fécafoot d’être à l’origine du licenciement d’Antonio Conceiçao. « La résiliation du contrat de l’entraîneur Antonio Conceçao et de tout son staff pour résultats insuffisants a été actée par le Très haut accord de Monsieur le président de la République et mise en œuvre par l’ensemble des administrations concernées lors d’une réunion convoquée à cet effet par le ministre des Sports le 14 juillet 2022 et tenue au Minsep sous sa conduite le 22 juillet 2022 ». Samuel Eto’o dénonce ainsi la responsabilité qui lui est attribuée dans cet acte qui vaut au Cameroun aujourd’hui de devoir décaisser un milliard 200 cent millions de francs pour dédommager un technicien qui ne rassurait pourtant pas. En revanche, Samuel Eto’o remercie l’Etat camerounais pour avoir décidé de payer cette note amère. Et tient à remettre la balle au centre.
Au lendemain de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) 2021 jouée au Cameroun en 2022 et qui avait vu le pays organisateur arracher de haute lutte la 3ème place devant un Burkina Faso qui l’avait mené 0-2 en première mi-temps, le sort du technicien en chef des Lions indomptables semblait scellé. Lui dont le contrat avait déjà été reconduit unilatéralement par le ministre des Sports et de l’Education physique (Minsep), Narcisse Mouelle Kombi, avec l’aval, disait-on, de la présidence de la République. L’homme qui avait cloué au banc de touche des joueurs cadres tels Choupo-Moting et Vincent Aboubakar, y compris dans des matchs compliqués comme celui contre l’Egypte, et même en match de 3ème place contre les Etalons du Burkina, était largement vomi par le public et même par ses collègues entraîneurs.
Yaoundé qui a toujours fait du football et particulièrement des Lions indomptables un outil marketing au service de la politique, s’était bougé. Mais invité de l’émission Actualité hebdo du 13 février 2022, le Minsep avait indiqué que l’entraîneur en chef des Lions indomptables allait poursuivre son bail qu’il venait de renouveler pour deux ans. Ce qu’avait contesté la Fécafoot dans une lettre à la tutelle, Samuel Eto’o, le président de la Fécafoot, avait fait une mise au point dans laquelle il exigeait du ministre le respect de la réglementation en vigueur, déniant au ministre les prérogatives de nomination du sélectionneur de l’équipe nationale. « La gestion administrative, technique et sportive des équipes nationales de football relève de la compétence de la Fédération camerounaise de football…», avait rappelé la Fécafoot, citant le décret présidentiel du 26 septembre 2014 organisant la gestion et le fonctionnement des équipes nationales de football du Cameroun. Le nouveau patron du football camerounais indiquait que « la réflexion sur le maintien ou la résiliation du contrat avec l’actuel sélectionneur de notre équipe de football les Lions indomptables du Cameroun, est toujours en cours».
Présidence de la République
La décision sera actée, et le Comité exécutif de la Fécafoot avait pour sa part tranché. Le 28 février 2022, la décision avait été officialisée. Avec l’aval de la présidence de la République qui en faisait l’annonce le 28 février 2022. Alors que quelques mois avant, le ministre des Sports, invité de Présidence Actu, une émission du service des Reportages spéciaux de la Crtv, avait renouvelé le contrat de Conceiçao, contre l’avis de la Fécafoot qui venait d’accueillir Samuel Eto’o comme nouveau président. Narcisse Mouelle Kombi commettait un communiqué annonçant le remplacement du staff dirigé par Toni Conceiçao par la bande à Rigobert Song Bahanag. A la suite d’une correspondance du Sgpr marquant « le Très haut accord du président de la République, pour le remplacement du sélectionneur de l’équipe nationale senior de football masculin, M. Antonio Conceiçao, et e l’encadrement technique des Lions indomptables…» Et jusqu’en juillet de la même année 2022, Minsep et Fécafoot se concertaient sur les suites à accorder à cette affaire. Entre temps, Antonio Conceiçao avait attaqué la Fécafoot devant la Commission du Statut du joueur de la Fifa. Autant, Jacques Songo’o et François Omam Biyik avaient saisi des juridictions pour exiger réparation.
Dans sa réaction aux sorties du Sgpr et du Minsep, la Fécafoot rappelle que plusieurs sélectionneurs avant Conceição, Javier Clemente, Volker Finke, Hugo Broos et Clarence Seedorf, tous recrutés par le Minsep, ont été licenciés dans des conditions similaires, entraînant des pertes financières pour l’État. Quoi qu’il en soit, l’Etat vient de décider de décaisser un peu plus d’un milliard de francs CFA pour dédommager un entraîneur de football dont le contrat a été rompu unilatéralement. En temps normal, c’est l’Etat qui supporte le salaire du sélectionneur des Lions indomptables.