Le gouvernement camerounais, en collaboration avec des banques commerciales, a récupéré au moins 14,5 milliards de FCFA correspondant à des salaires versés indûment à des fonctionnaires absents ou fictifs. Cette information a été rendue publique mardi 28 janvier, à Yaoundé, par le Ministre des Finances, Louis Paul Motaze, lors d’une rencontre avec le comité chargé de la récupération des soldes des comptes des agents fantômes. «Jai émis, en juin 2023, des avis à tiers détenteur collectif à l’adresse des établissements de crédit, en vue du reversement de cette somme au Trésor public. En marge de cette saisine et dans le but de garantir l’efficacité et l’effectivité des reversements attendus, j’ai également commis des équipes de mission chargées du suivi de recouvrement. Ces équipes placées sous ma supervision ont travaillé sur cette question avec la bienveillante collaboration des responsables bancaires. C’est donc à travers cette collaboration que rendu au 31 décembre 2024, la somme de 14,5 milliards de Faété recouvrée auprès des établissements de crédit et reversée au Trésor public», a révélé Louis Paul Motaze, le ministre des Finances en marge de la cérémonie.
Une opération lancée en 2018
D’après le membre du gouvernement, cette initiative a été lancée en 2018. Le gouvernement avait alors demandé aux banques de fermer les comptes de plus de 310 000 travailleurs identifiés comme percevant des salaires sans être en poste. Initialement, l’objectif était de récupérer 15,5 milliards de FCFA, mais les efforts ont permis de récupérer 14,5 milliards de FCFA, soit un taux de réalisation de 94 %. Cette somme a été obtenue grâce au blocage de 3 360 comptes bancaires appartenant à des fonctionnaires absents ou fictifs.
En février 2019, le gouvernement avait également suspendu les salaires de 15 254 agents soupçonnés d’être des fonctionnaires fantômes. Parmi eux, 12 546 comptes ont été identifiés comme encore actifs. Toutefois, la porte reste ouverte pour d’éventuelles réclamations. « Le ministre des Finances se réserve le droit de répondre aux éventuels recours que pourraient introduire les mis en cause relativement aux sommes prélevées et reversées. A ce titre, puisque les reversements ont été effectués par lots, j’exhorte les établissements de crédits à établir des attestations de reversements individuels aux éventuels requérants, indiquant les montants prélevés et reversés, en vue du traitement de leurs requêtes éventuelles par mes services compétents »
Des audits réguliers pour limiter les fraudes
Face à ces abus, le gouvernement a mis en place, depuis 2022, un système de contrôle physique régulier des fonctionnaires à travers une opération nommée « Campagne de Recensement Physique des Personnels de l’État » (COPPE). Cette mesure vise à réduire les dépenses inutiles liées aux agents inexistants. Les représentants des banques commerciales, impliqués dans cette opération, ont évoqué les défis rencontrés face à ces pratiques frauduleuses. Ils ont notamment dénoncé des fonctionnaires qui ouvrent des comptes, contractent des prêts, puis disparaissent pour ouvrir de nouveaux comptes dans d’autres banques.
Un cas extrême mentionne des individus ayant ouvert des comptes dans sept banques différentes pour obtenir des crédits qu’ils n’ont jamais remboursés. Le Ministre Motaze a invité les banques à créer des plateformes d’échange d’informations afin de mieux traquer ces clients malveillants. Il a également souligné l’embarras que le gouvernement ressent lorsque les banques réclament des remboursements sur des créances dues par des fonctionnaires fantômes. Cette initiative démontre la volonté des autorités camerounaises de renforcer la transparence et l’efficacité dans la gestion des finances publiques. Toutefois, elle met aussi en lumière la nécessité d’une collaboration accrue entre les institutions financières et l’État pour lutter contre les pratiques frauduleuses