mercredi, avril 30, 2025
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Le cacao : un levier contre l’émigration des jeunes

Pour le ministre du Commerce, l’une des priorités est de garantir aux jeunes un avenir digne au sein de la filière cacao-café. Un impératif pour freiner la fuite des talents et renforcer la puissance économique nationale.

Derrière la richesse aromatique du cacao et du café camerounais se cache un enjeu bien plus vaste, celui de la survie économique, de la souveraineté commerciale, et surtout, de la dignité humaine. À l’occasion de la clôture du Cocoa & Coffee Festival, organisé par Conseil Interprofessionnel du Cacao et du Café, Luc Magloire Mbarga Atangana, ministre du Commerce a sonné l’alerte de transformer localement pour se développer durablement afin de lutter contre l’immigration des jeunes. « Si nous ne permettons pas à nos jeunes de vivre décemment en cultivant le cacao et le café, alors toutes les lois anti-immigration, tous les murs qu’on pourra ériger, ne serviront à rien », a lancé le ministre camerounais du Commerce, dans une déclaration forte adressée à la communauté internationale. Un cri du cœur qui résonne alors que le pays fait face à une véritable fuite des cerveaux.

 UNE HÉMORRAGIE SILENCIEUSE

 En seulement quatre mois, entre janvier et avril 2024, près de 6 000 Camerounais ont quitté le pays pour le Canada, selon le Groupement des Entreprises du Cameroun (GECAM). En toile de fond, un chiffre plus inquiétant encore : 23 000 professionnels qualifiés perdus en 2020, selon un rapport de l’Organisation Internationale du Travail (OIT). Soit plus de 2 % de la population active. Une saignée continue qui menace la stabilité et le potentiel de développement du pays. Pour contrer cette tendance, le membre du gouvernement propose une approche structurelle adossée sur la filière cacao et par extension celle du café. Pour lui, il faut produire, transformer et consommer localement. Reprenant les orientations du président Paul Biya, le ministre du Commerce a défendu une vision que « le développement passe par la valeur ajoutée locale ».

Les résultats sont là. À fin 2023, le Cameroun a exporté plus de 180 000 tonnes de fèves de cacao, générant 360 milliards de FCFA de recettes, selon l’Institut national de la statistique (INS). Mais ce qui retient l’attention, c’est la progression de la transformation locale. Le pays a également exporté 49 411 tonnes de pâte de cacao pour une enveloppe de plus de 97,4 milliards de FCFA et 23 825 tonnes de beurre de cacao pour un peu plus de 55,5 milliards de FCFA. Un tournant économique et industriel encourageant. Autre signal fort : les prix du cacao sur le marché local ont atteint des sommets. Dans certains bassins de production, le kilogramme s’est échangé à 6 000 FCFA, du jamais vu. De nombreux producteurs touchent désormais plus de 5 000 FCFA/kg. Cette hausse spectaculaire des prix constitue un véritable levier de motivation pour les cacaoculteurs, qui voient enfin leur travail reconnu à sa juste valeur.

Dans les coulisses des discussions de la 111ᵉ session du Conseil international du cacao, l’un des enjeux majeurs abordés à Yaoundé était la gestion de l’offre. L’objectif était de garantir un équilibre entre l’offre et la demande, de stabiliser les prix actuels et d’assurer aux producteurs une part équitable de la valeur générée par la filière.

UNE JEUNESSE QUI RÉPOND PRÉSENTE

À travers des programmes comme New Generation, une nouvelle vague de jeunes Camerounais s’engagent résolument dans la transformation du cacao et du café. Ces initiatives, portées par le Conseil Interprofessionnel du cacao et du café (CICC), offrent des formations, des outils, et surtout une vision d’avenir à une jeunesse souvent tentée par l’exil. Le Cocoa & Coffee Festival n’est donc pas qu’une vitrine de produits. C’est un acte politique, une déclaration d’intention : celle de bâtir un commerce international plus équitable, où les pays producteurs ne sont plus de simples fournisseurs de matières premières, mais des acteurs clés de la transformation et du développement. Alors que le Cameroun s’apprête à accueillir, en mars 2026, la 14e Conférence ministérielle de l’OMC, le pays entend poser les bases d’un « New Deal » du commerce mondial, axé sur la justice économique, la souveraineté des nations et la coopération Sud-Sud.

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