Pourquoi se faire la guerre, si l’on peut négocier pour trouver des solutions consensuelles? C’est le sens que l’on peut donner à la réunion qui s’est tenue le 07 août 2024 à Yaoundé. Présidée par Yvon Sana Bangui, le Gouverneur de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac), cette séance de travail à laquelle a été conviée Richard Evina Obam, le directeur de la Caisse des dépôts et consignations du Cameroun (Cdec), avait pour but «d’apaiser les tensions liées au transfert des avoirs en déshérence et des comptes inactifs vers la Cdec», et à «préserver la stabilité financière de la communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (Cemac)», peut-on lire dans le communiqué qui a sanctionné les travaux. Pour ce faire, les discussions ont essentiellement porté sur «les divergences d’interprétation des textes régissant la gestion des dépôts et consignations au Cameroun, notamment en ce qui concerne les avoirs en déshérence et les comptes inactifs», a indiqué le gouverneur, qui précise par ailleurs qu’il est «nécessaire d’harmoniser le cadre réglementaire de la supervision bancaire au sein de la Cemac, afin de mieux encadrer les activités des caisses des dépôts et consignations».
Pistes de solutions
S’agissant spécifiquement du Cameroun, où la Commission Bancaire de l’Afrique centrale (Cobac) qui a comme président statutaire Yvon Sana Bangui, a ordonné aux banques de surseoir à l’injonction de la Cdec qui leur exige de lui transférer les fonds en déshérence qu’elles détiennent, la Beac privilégie le dialogue. En effet, à l’issue de la réunion susmentionnée, Yvon Sana Bangui et Richard Evina Obam se sont accordés sur la mise en place d’un groupe de travail. Cette unité opérationnelle qui sera composée des responsables de la Beac, de la Cobac, de la Cdec et de l’Association professionnelle des Etablissements de Crédit du Cameroun (Apeccam) est placée sous la supervision de la Beac. Sa mission est d’identifier les pistes de convergence et de formuler des recommandations concrètes pour lever les obstacles et renforcer la confiance des acteurs de la place financière.
Quelle attitude va adopter la Cdec ?
Le communiqué de la Beac indique que la Cdec a réaffirmé son engagement à collaborer étroitement avec les parties prenantes pour parvenir à un consensus. Toutefois, il faut rappeler que l’établissement public s’était farouchement opposé à l’injonction de la Cobac indiquant qu’elle n’avait pas la compétence pour «s’immiscer dans un domaine souverain de l’État». Son directeur estimait par ailleurs que «l’absence de réglementation communautaire dans ce domaine purement souverain reflète la volonté des États de conserver la compétence sur ces matières et de ne pas la transférer à la Communauté»