Ahmad Ahmad vient d’être suspendu cinq ans par la Chambre de jugement de la Commission d’éthique indépendante de la Fédération internationale de football association (FIFA). Le communiqué de presse y relatif mentionne que le président de la Confédération africaine de football (CAF) et vice-président de la FIFA a été reconnu « coupable d’avoir enfreint les articles 15 (devoir de loyauté), 20 (acceptation et distribution de cadeaux ou autres avantages et 25 (abus de pouvoir) de l’édition 2020 du Code d’éthique de la FIFA, ainsi que l’article 28 (détournement de fonds) de son édition 2018 ». Les enquêtes portent sur les deux premières années de son mandat, et concernent le financement d’un pèlerinage à la Mecque et ses accointances avec l’entreprise d’équipement sportif Tactical steel, et d’autres activités. Ahmad Ahmad avait déjà été mis en détention en juin 2019, sur une décision du parquet de Paris, avant d’être relaxé. Puis le patron de la CAF avait été empêché d’assister à un congrès de la FIFA aux Etats-Unis, alors que les autorités policières des USA le traquaient. Mais l’homme n’avait pas cru devoir démissionner de son poste, malgré les accusations qui pesaient sur sa personne.
Le président de la CAF est ainsi « interdit de toute activité relative au football aux niveaux national et international pour une durée de cinq ans». En outre, l’homme devra payer une amende de 200 000F suisse. Notification lui a été faite ce jour même, mais la décision intégrale le sera dans 60 jours. Toujours est-il que la décision est déjà entrée en application. Le premier vice-président de la CAF, Constant Omari, assurera l’intérim du président jusqu’à la prochaine élection prévue en mars 2021.
La première conséquence de cette suspension est la disqualification de la candidature d’Ahmad Ahmad à la prochaine élection à la tête de la CAF. Le président sortant vivra donc en spectateur passif l’élection en vue de la désignation de son successeur. Lui qui avait déjà obtenu le soutien officiel de 46 présidents de fédérations africaines. Mais dès l’annonce de l’imminence des résultats des enquêtes entamées par la FIFA contre l’homme, plusieurs candidatures se sont réveillées, pour s’ajouter à celle de Jacques Anouma, l’ancien président de la Fédération ivoirienne de football qui avait déjà essayé en vain d’être candidat à ce poste.
Hors-jeu après trois ans de balbutiements
C’est donc la fin anticipée d’une transition post-Hayatou tourmentée par de nombreux soubresauts. Après avoir battu à plate couture Issa Hayatou le 16 mars 2017 au cours d’une élection que le président sortant, 29 ans de pouvoir ininterrompu, croyait à sa portée, le Malgache s’est lancé dans une opération de déconstruction de la mémoire de son prédécesseur, ouvrant le débat sur les principaux succès d’Hayatou contre l’UEFA et la FIFA. Non sans se lancer dans ce qui s’apparentait à une guerre contre le Cameroun. Dès juillet 2017, le tombeur d’Hayatou déclarait déjà au cours d’une visite à Ouagadougou, et avant même la première mission d’inspection de la CAF au pays organisateur de la prochaine édition de la CAN, que « le Cameroun ne sera pas prêt». Pire, que « même une CAN à quatre, le Cameroun ne peut pas organiser». De quoi irriter le Cameroun qui venait d’organiser la meilleure CAN féminine de l’histoire. La suite sera une série d’attaques contre le Cameroun, jusqu’au retrait de l’organisation de la CAN 2019, maquillée sous le concept de « glissement».
Par ailleurs, la CAN a été ramenée à juin, plutôt qu’en début d’année comme l’avait toujours défendu Issa Hayatou. Mais avant même d’avoir tenue une seule édition (Egypte 2019), la CAF sera obligée de ramener la meilleure des compétitions africaines de football, à janvier-février. Avec le soutien de footballeurs africains de renom. Il ne restait plus que la périodicité de la CAN que le successeur d’Issa Hayatou n’avait pas encore fait passer de deux à quatre ans.