Au moment où l’Observatoire national des changements climatiques (Onacc) rend publiques ses nouvelles prévisions météorologiques prévenant sur des risques d’inondations sur une bonne partie du territoire, les régions de l’Extrême-Nord et du Nord sont déjà en plein dans ces inondations. Les départements les plus touchés sont le Mayo-Danay, le Diamaré, le Logone et Chari et le Mayo-Tsanaga. Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha), les pluies torrentielles ont détruit plus de 8 600 maisons, inondées des milliers d’hectares de cultures, et causées la perte de milliers d’animaux. Près de 19 000 ménages, soit environ 159 000 personnes, ont été affectés.
Le département le plus sinistré est le Mayo-Danay. Contrairement aux années antérieures, les pluies diluviennes ont touché tous les 11 arrondissements du Mayo-Danay. Routes coupées, maisons détruites, animaux et biens emportés, écoles envahies par les eaux en furie,… Yagoua est coupé de plusieurs arrondissements. C’est la conséquence des pluies qui s’abattent sans arrêt sur cette partie du pays depuis le début du mois de juillet. En tout, le préfet Lazare Ndongo Ndongo, évalue à 60 000 personnes qui sont sans-abris dans ce département.
Cela survient dans un contexte de rentrée scolaire, compliquant la situation tant pour les populations que pour les autorités administratives. Il faut parer au plus pressé. « J’ai échangé avec le sous-préfet qui avait déjà mis en place un comité avec tous les chefs de villages, les Lawanes, pour recenser tous les dégâts sur le plan agricole et de l’élevage, car ces inondations ont emporté des poulets, des moutons,… », témoigne le maire de la commune de Datchéka, Jean-Claude Karmo, dans les colonnes du tri-hebdomadaire L’œil du Sahel. Dans tous les arrondissements sinistrés, on est à la riposte depuis la semaine dernière. Entre temps, l’école a repris depuis lundi. « La principale mesure pour les écoles et établissements inondés est de les délocaliser dans la mesure du possible », annonçait déjà Lazare Ndongo Ndongo au sortir d’une réunion de crise qu’il a présidée le 2 septembre dernier. Indiquant que « l’année dernière, le gouvernement a construit des salles de classe en matériaux provisoires dans certains arrondissements ; ces salles sont encore en très bon état et nous allons les utiliser pour faciliter la délocalisation des écoles inondées. Nous avons également reçu des tentes l’année dernière, qui peuvent servir à abriter les élèves des établissements délocalisés », peut-on lire dans L’œil du Sahel.
A Yagoua, « on a trouvé un site de plus de 30 hectares pour recaser les gens de Yagoua centre. On a déjà aménagé ». Sur le terrain, c’est de la débrouillardise. A Yagoua, la pirogue est à la mode. On s’en sert pour les déplacements en plein cœur de la ville. « Nous avons fait fabriquer quatre pirogues, il y a également des élites qui en ont fabriqué quatre, et il y a également des pirogues de fortune dans la ville. En plus des pirogues, il y a les pick-up de l’Etat », indique Pierre Larawa, maire de Yagoua, sur les antennes de la radio nationale. C’est pareil pour diverses localités où les écoles sont submergées.
A cela s’ajoute la crise sécuritaire causée par la secte Boko Haram. Laquelle a déjà fait fermer 63 établissements primaires et maternels dans la région, selon les statistiques de la délégation régionale de l’Education de base. Les départements les plus touchées étant le Mayo-Tsanaga et le Logone et Chari.