La signature du programme économique et Financier avec le Fmi a déclenché une série de réactions du Gicam. Quelles lectures pouvez-vous faire de l’attitude de ce groupement patronal ?
Je ne saurais nier que la signature de ce nouveau programme avec le Fonds Monétaire International est un fait critiquable. Je suis aussi d’avis qu’il « exprime une insuffisance des capacités autonomes d’anticipation et d’ajustement régulier de la part de notre pays ». Cela dénote peut-être de l’absence d’une véritable politique économique cohérente.
Dans le cadre des solutions que propose le Gicam, figure l’instauration d’une politique fiscale qui dépasse les contraintes des finances publiques. A votre avis, ce type de suggestion est-il réalisable compte tenu du contexte économique actuel ?
Je n’ai pas vu les détails de cette proposition de politique fiscale. Mais ce qu’il faudrait retenir c’est d’éviter de faire du coup par coup. Je n’ai entendu le Gicam nulle part parler de politique générale de l’Etat, ni de politique économique, et encore moins de politique industrielle. C’est un préalable incontournable pour parler d’une véritable politique fiscale. Un léger effort a été fait dans ce sens par les pouvoirs publics à travers les Loi de Finances pour les exercices 2017 et 2018. Je l’avais déjà relevé dans mes analyses respectives desdites Lois de Finances. Par exemple, dans sa correspondance du 25 août 2017 à monsieur le Premier ministre, chef du gouvernement, le Groupement pense « qu’en ce qui concerne l’accélération du remboursement des crédits de TVA, l’enjeu majeur est la suppression de la retenue à la source ». C’est un faux débat que l’on veut remettre sur la table. Initiée par le FMI en mars 2006 à travers son rapport sur l’examen de la politique fiscale (hors pétrole) du Cameroun, la retenue à la source a été supprimée entre 2008 et 2010, sans tenir compte de l’environnement socio-culturel camerounais, ce malgré nos critiques formulées officiellement. En 2011, la retenue à la source a été restaurée, et elle est de mieux en mieux encadrée. Elle inspire même d’autres Etats.
A la faveur de l’introduction du 100% scanning des conteneurs au port de Douala, le Gicam s’est préoccupé par la surenchère des coûts de passage portuaire qu’induit ce programme, particulièrement pour les exportateurs. Quel pourrait être l’incidence d’une telle mesure sur le commerce extérieur ?
Il faudrait avant tout relever que l’introduction du 100 % scanning des conteneurs au Port de Douala est une mesure de sécurisation des opérations au cordon douanier. Elle permet aussi de lutter contre la fraude et la concurrence déloyale. Mais elle est, ce qui peut paraître bizarre, remise en cause par le Gicam. La raison serait « la surenchère excessive des coûts de passage portuaire qu’induit ce programme inédit, particulièrement pour les exportateurs ». Je serais attendu à plus de détails dans cette remise en cause. Par exemple, pour un conteneur donné, quel est le temps de passage au port avant et après l’introduction de cette mesure ? Quel en est le coût avant et après ? Quelle observation fait-on de ces deux éléments dans les autres ports ? Aucune de ces informations n’apparaît dans les propos du groupement, dont les préoccupations restent vagues.
On note ces temps derniers une amélioration des relations Gicam-Etat du Cameroun, qu’est ce qui doit être fait par chaque partie pour renforcer les rapports entre les deux entités ?
Il faut une concertation régulière et une ouverture d’esprit de part et d’autre. Au niveau de l’Etat, il faut savoir reconnaître ses erreurs quand cela est avéré, et les corriger. A niveau du Gicam, on ne devrait pas se contenter de rassembler les désirs des adhérents et les transmettre à l’Etat. En interne, ces divers désirs devraient être filtrés par de véritables fiscalistes (et non de simples Conseils Fiscaux) pour éviter de proposer des mesures parfois contraires à la discipline fiscale