jeudi, octobre 3, 2024
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Crise anglophone : Pourquoi les leaders séparatistes boycottent leur procès

Sisiku Ayuk Tabe et ses coaccusés exigent qu’une décision de la cour d’appel relative à leur statut de réfugiés soit rendue, avant toute poursuite de la procédure.

Il n’a fallu que quelques minutes au juge Jacques Baudouin Misse Njone, magistrat auprès du tribunal militaire de Yaoundé, pour constater l’absence des leaders de l’autoproclamée « République d’Ambazonie » et de leurs conseillers à l’audience du 8 avril. Après s’être entendu avec le commissaire du gouvernement, le juge a ainsi ordonné le report de la session au 29 avril prochain. A l’annonce de cette décision, les membres des familles et proches des accusés, venus en nombre au tribunal militaire, ont appris, en coulisse, que la défense avait choisi de boycotter cette audience. Le motif avancé : de nombreux vices de procédure auraient été tolérés par la cour, selon eux.

Procédure en appel

Les raisons de ce boycott remontent au 29 mars dernier, date de la dernière audience. Au cours de celle-ci, les avocats de Sisiku Ayuk Tabe, président éphémère de la République d’Ambazonie, et ses 9 coaccusés avaient manifesté pendant plusieurs heures leur mécontentement devant la cour, exigeant notamment que le procès reprenne de zéro. Ce qu’a refusé le juge Jacques Baudouin Misse Njone, qui assistait à sa première audience dans cette affaire, après le départ de son collègue Michel Mem. « L’ancien président du tribunal [M. Michel Mem, Ndlr.] avait rendu un jugement d’avant dire droit que nous avons attaqué en appel », a expliqué Me Christopher Ndong, avocat de la défense, faisant référence à la décision déclarant le tribunal militaire de Yaoundé compétent pour juger les leaders sécessionnistes, bien qu’ils aient renié la nationalité camerounaise et clamé être des réfugiés. « La loi est pourtant claire, a précisé Me Fru Johnson, leader du collège d’avocats de la défense. Lorsqu’on attaque un jugement d’avant dire droit en appel, on sursoit au dossier tel qu’il est à cet l’instant. Nous ne pouvons pas poursuivre le procès comme si de rien n’était, alors que nous avons un jugement en appel et qu’une décision n’a pas encore été rendue. Si la décision nous est favorable, tout ce que nous faisons ici n’aura été qu’une perte de temps », a-t-il ajouté.

Des arguments balayés par le commissaire du gouvernement, qui a expliqué à la cour que l’attente d’une décision n’empêchait en rien de poursuivre les débats, indiquant que les avocats « cherchaient à perdre du temps ». « Pourquoi sont-ils pressés ?, s’est ainsi insurgé Me Christopher Ndong, également secrétaire général du MRC de Maurice Kamto. Ces accusés encourent la prison à vie. Nous devons utiliser tous les moyens pour les défendre face à des accusations qui ne tiennent pas en droit. C’est tout ».

Source : Jeune Afrique

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