Par Henri KOUAM, économiste, Cameroon Economic Policy Institute (CEPI)
Introduction
La Conférence des Nations unies sur le changement climatique (COP29) s’est achevée aujourd’hui sur un nouvel objectif financier visant à aider les pays à protéger leurs populations et leurs économies contre les catastrophes climatiques, et à partager les vastes bénéfices du boom des énergies propres. Cet article montre ce qui a été convenu en matière de financement, le plan carbone, l’accord de Paris et l’adaptation aux changements climatiques.
Qu’est-ce qu’il faut retenir ?
En mettant l’accent sur le financement de la lutte contre le changement climatique, la COP29 a réuni près de 200 pays à Bakou, en Azerbaïdjan, qui promets de tripler le financement des pays en développement, de l’objectif précédent de 100 milliards de dollars par an, à 300 milliards de dollars par an d’ici 2035.
Connu officiellement sous le nom de nouvel objectif collectif quantifié de financement de la lutte contre le changement climatique (NCQG), il a été adopté après deux semaines de négociations intensives et plusieurs années de travaux préparatoires, dans le cadre d’un processus qui exige que toutes les nations s’accordent à l’unanimité sur chaque mot de l’accord.
« Cet objectif est une assurance dans un contexte marqué par un aggravement des impacts climatiques qui touche les pays. Mais cela ne serait pas effectif si les pays développés ne s’investissent pas dans leur promesse », déclare M. Haiwang Djamo, analyste de recherche a CEPI.
Si l’objectif est atteint, quel serait l’impact économique
Cette somme supportera la transition envers les énergies propres, créant ainsi plus d’emploi, une croissance forte et saine et une énergie moins chère pour tous. Il faut appeler toute fois que les investissements mondiaux dans les énergies propres dépasseront pour la première fois les 2 000 milliards d’USD en 2024 d’après L’Agence internationale de l’énergie.
D’où sort le montant de $300 milliards par an ?
Le nouvel objectif de financement de la COP29 s’appuie sur les avancées significatives de l’action climatique mondiale lors de la COP27, qui a adopté un fonds historique pour les pertes et dommages, et de la COP28, qui a abouti à un accord mondial visant à abandonner rapidement et équitablement tous les combustibles fossiles dans les systèmes énergétiques, à tripler les énergies renouvelables et à renforcer la résilience au changement climatique.
La COP29 est également parvenue à un accord sur les marchés du carbone, qui n’a pas été possible au COP auparavant. Ces accords aideront les pays à mettre en œuvre leurs plans climatiques plus rapidement et à moindre coûts, et à progresser plus vite dans la réduction de moitié des émissions mondiales au cours de cette décennie, comme l’exige la science.
Des accords importants ont également été conclus sur la transparence des rapports sur le climat et l’adaptation, comme résumé ci-dessous. L’accord de financement conclu doit être accompagné des plans nationaux pour le climat (contributions déterminées au niveau national ou CDN) plus ambitieux doivent être adoptés par tous les pays l’année prochaine. Ces nouveaux plans doivent couvrir tous les gaz à effet de serre et tous les secteurs, afin de maintenir la limite de 1,5 °C de réchauffement à portée de main. Lors de la COP29, deux pays du G20 – le Royaume-Uni et le Brésil – ont clairement indiqué qu’ils prévoyaient d’intensifier l’action climatique dans leurs CDN 3.0, parce que ces dernières sont entièrement dans l’intérêt de leurs économies et de leurs populations.
Un bref résumé des autres réalisations clés de la COP29
Les progrès réalisés sur les marchés du carbone est notable au cours des deux dernières semaines. Après près d’une décennie de travail, les pays se sont mis d’accord sur les derniers éléments qui définissent comment les marchés du carbone fonctionneront dans le cadre de l’Accord de Paris, rendant les échanges de pays à pays et un mécanisme d’octroi de crédits carbone pleinement opérationnels.
En ce qui concerne les échanges de pays à pays (article 6.2), la décision de la COP29 clarifie la manière dont les pays autoriseront les échanges de crédits carbone et dont les registres qui en assurent le suivi fonctionneront. Il est désormais assuré que l’intégrité environnementale sera garantie en amont par des examens techniques dans le cadre d’un processus transparent.
Le mécanisme d’octroi de crédits de l’accord de Paris, est étayé par des contrôles obligatoires des projets en fonction de solides protections de l’environnement et des droits de l’homme, y compris des sauvegardes qui garantissent qu’un projet ne peut aller de l’avant sans l’accord explicite et éclairé des peuples autochtones.
Adaptation aux changements climatiques
La COP29 a été un moment important pour l’adaptation, avec l’obtention de plusieurs résultats clés. La décision de la COP sur les questions relatives aux pays les moins avancés (PMA) contient une disposition relative à l’établissement d’un programme de soutien à la mise en œuvre des plans nationaux d’adaptation (PNA) pour les PMA. Les parties ont longuement débattu de la deuxième évaluation quinquennale des progrès accomplis dans l’élaboration et la mise en œuvre des PAN, et poursuivront cette évaluation en juin 2025.
Un dialogue de haut niveau sur les plans nationaux d’adaptation a réuni les ministres des pays les moins avancés et des petits États insulaires en développement, des experts financiers et des donateurs internationaux afin de répondre à l’urgence croissante de l’adaptation au changement climatique.
Le résultat de l’objectif global en matière d’adaptation trace une voie claire vers la COP30 pour le programme de travail sur les indicateurs, en prévoyant un processus permettant aux experts de poursuivre leur travail technique avant de passer le relais aux parties. La COP29 a franchi une étape décisive pour faire entendre la voix des peuples autochtones et des communautés locales dans l’action climatique, en adoptant le plan de travail de Bakou et en renouvelant le mandat du groupe de travail de facilitation (GTF) de la plateforme des communautés locales et des peuples autochtones (LCIPP).