Les chefs d’Etat de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) vont se réunir en sommet extraordinaire à Yaoundé le 16 décembre prochain. Peu d’informations filtrent de l’ordre du jour des travaux auxquelles sont annoncés tous les dirigeants de la sous-région. Mais tout porte à croire que l’ordre du jour aura une connotation économico-financier. En effet, la situation macro-économique de la zone Cemac n’est pas des plus reluisantes, malgré les signaux positifs qui s’annonçaient au lendemain de la crise sanitaire du covid. Selon les données de la Banque mondiale, la croissance économique dans la région Cemac a ralenti à 1,7% en 2023, contre 3,1% en 2022. Et lors du dernier Comité de politique monétaire de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac) en septembre dernier, les réserves de change de la Cemac étaient estimées à 6539 milliards Fcfa (soit 4,5 mois d’importations), en baisse de 5% en glissement annuel, or en début d’année, la Beac tablait sur une réduction de 2,7% seulement. En clair, la zone Cemac importe de plus en plus.
Le rapport du Programme des Nations-Unies pour le développement (Pnud) su l’indice de développement humain, rendu public en novembre dernier, fait état d’un classement globalement négatif pour les pays de la zone : sur 193 pays, le Gabon est 123ème, la Guinée équatoriale 133ème, le Congo 149ème, le Cameroun 151ème et le Tchad « parmi les cinq derniers ». Le rapport relevait que tous ces pays sont tous riches en pétrole et en ressources minières.
Dans l’ensemble, le surendettement de l’ensemble des pays a conduit plusieurs Etats à frôler la récession, marquée par des arriérés de salaires pour les plus touchés comme le Congo, et des difficultés de paiement pour des moins touchés comme le Cameroun, mais qui subissent la pression des bailleurs de fonds comme le Fonds monétaire international (FMI) qui a tout de même réussi à obtenir une baisse drastique de la subvention des prix des hydrocarbures. Mais aussi, la forte pression fiscale marquée par l’élargissement de l’assiette fiscale. Autant de mesures qui permettent dans l’ensemble d’avoir des dettes soutenables.
La zone Cemac connaît une situation morose depuis plusieurs années. Face à une situation similaire en son temps, marquée par le choc pétrolier (baisse du cours) et sécuritaire (avec la multiplicité des attaques terroristes dans le Golfe de Guinée), les chefs d’Etats avaient déjà été appelés à se réunir en urgence en décembre 2016. Rencontre à laquelle avaient pris part Michel Sapin, alors ministre de l’Economie et des Finances de France, et Christine Lagarde, ex directrice générale du FMI. La question de la dévaluation du franc CFA était à l’ordre du jour ; et les chefs d’Etats avaient réussi à l’éviter. Paul Biya et ses pairs avaient pris l’engagement de faire des « efforts d’ajustements sur les plans intérieur et extérieur, assortis de réformes structurelles adéquate ». Aussi, en s’engageant à plus de « solidarité face aux chocs communs », les chefs d’Etats avaient « prescrit le renforcement de la stabilité financière de la zone Cemac par une surveillance accrue du système bancaire et une utilisation optimale des instruments de politique monétaire». Mais huit ans plus tard, les signaux ne sont pas toujours au vert. Les yeux des citoyens de la sous-région sont rivés du côté du Palais de l’Unité où devraient se tenir les travaux.