«Je ne recule jamais devant les défis. J’irai au Ghana et certainement avec la préparation, on va aller là-bas étant gonflé : donc on part pour gagner la CAN On fait partie du big 4. Il y a le Nigeria, le Ghana, l’Afrique du sud, certainement. On y ajoute la Guinée (équatoriale), ou alors l’Ethiopie qui monte. Mais, dans tout ça, si on a le statut de second du continent, il faut qu’on le démontre. Donc on part pour gagner la CAN ». Joseph Brian Ndoko tenait ce discours après la qualification des Lionnes indomptables le 9 juin dernier. Celui qui avait eu un parcours pour le moins sinueux, rêvait tout de même de réussir là où Enow Ngachu a échoué dix années durant. Ce défi est pourtant possible, de l’avis de beaucoup de techniciens. « Le Cameroun a une équipe qui est au sommet de sa forme, avec des joueuses pétries d’expérience et qui font partie des meilleures du continent», argumente Ghislaine Bébom, entraîneuse de football. Et le tournoi de la Cosafa a donné des raisons d’espérer. Invitée à cette compétition d’Afrique australe, le Cameroun a surpris les habitués du carré d’as, et joué la finale. Le galop d’essai a été à la hauteur des ambitions d’une sélection habituée aux sommets. Puis, après la douche froide de la France (6-0) en amical le 9 octobre dernier, les pouliches de Joseph Ndoko ont bouclé leur stage en Côte d’ivoire en se vengeant sur la Zambie (7-0). Mais le doute s’est peu à peu installé dans les esprits, en raison des conditions de préparation de cette sélection. Près de huit mois après sa nomination, Joseph Ndoko a vécu l’oisiveté. Les programmes de travail conçus n’étant pas respectés, « faute de moyens ». Ne sachant pas bricoler et anticiper comme son prédécesseur. Alors que le championnat national de football féminin continue de tituber, et que certaines professionnelles étaient en difficultés en clubs, et que le courant semble ne pas toujours passer avec certaines joueuses.
Retour sur le passé
Du coup, Joseph Ndoko a dû recomposer avec pratiquement la même équipe de Cameroun 2016, en n’injectant que sept nouvelles sur les 21 joueuses. Entre temps, l’homme a rappelé des cadres abandonnés par son prédécesseur. Notamment Marlyse Ngo Ndoumbouk qui a joué la Coupe du monde militaire en 2017 avec la France et Francine Zouga qui n’avait pas été retenue en 2016 en raison d’un volume de jeu peu convainquant. Mais aussi, Thérèse Abena et Meyong Menene. Si l’homme a osé en ramenant Abam Michaela qui porte la nationalité américaine, il a gardé une Enganamouit à peine sortie de l’infirmerie où elle a passé de longs mois. Elle qui était passée à côté du sujet à la CAN 2016.
Doutes
Vainqueur des Jeux africains 2011, le Cameroun a perdu quatre finales de CAN, toutes face au Nigeria. Lequel pays est roi d’Afrique avec dix des douze titres. Ghana 2018 est l’ultime occasion pour le pays d’Aboudi Onguene de briser le signe indien. La génération dorée étant au sommet de son art et s’apprête à quitter la scène internationale. Logé dans le groupe A avec le pays organisateur, le Mali (qu’il a gagné ce week-end, 2-1) et l’Algérie, le Cameroun fait figure de favori. Et devrait travailler à éviter le Nigeria (tête de a poule B) avant la finale. Lequel discutera la place de leader avec la Guinée équatoriale. La Zambie et l’Afrique du Sud étant mal parties sur papier. En se félicitant de la qualification, Joseph Ndoko a souligné qu’« on doit comprendre qu’une préparation demande beaucoup de temps, et lorsque c’est quand on se rapproche d’un événement qu’on accélère tout, c’est un peu compliqué ». Mais l’on est retombé dans le piège de l’impréparation et de l’improvisation. A un mois du tournoi, la Fédération Camerounaise de Football (Fécafoot) a plutôt jugé utile de nommer en renfort trois nouveaux techniciens, dont Alain Njeumfa, préparateur physique et jadis adjoint d’Enow Ngachu.