Sept (initialement six avant la sortie ministérielle, Ndlr) enfants tués et une douzaine d’autres blessés samedi dans l’attaque de leur salle de classe, dans une école située à Fiango à Kumba, dans la région du Sud-Ouest. Des corps sans vie, du sang sur les table-bancs, des blessés, des larmes… les images de l’horreur ont fait le tour de la toile, provocant un flot d’indignations. A Yaoundé, la réaction des pouvoirs publics n’a pas tardé. Informé de la survenance de cette tragédie, le chef de l’Etat, Paul Biya a instruit «la prise en charge immédiate des blessés, lesquels ont été promptement évacués dans les établissements sanitaires appropriés dans les villes de Kumba, Buea et Mutengene», a indiqué le ministre de la Communication au cours d’un point de presse. De même a-t-il révélé, les autorités administratives locales, mobilisées de manière optimale, ont veillé au transfert des dépouilles des victimes à la morgue de l’hôpital de district de Kumba. Tandis qu’au plan sécuritaire, «des unités spéciales des forces armées camerounaises ont entrepris la sécurisation de la ville de Kumba», a assuré René Emmanuel Sadi. Et de s’insurger : «le gouvernement de la République, choqué et profondément indigné, condamne avec la dernière énergie les auteurs de cet acte odieux, lâche et abominable, perpétré contre des jeunes innocents».
Dion Ngute : «La République ne pliera pas»
Plus tôt dans la même journée du samedi 24 octobre, le Premier ministre a tenu une réunion d’urgence. Question de s’en quérir de la situation et coordonner les premières actions du gouvernement. «Sur très hautes instructions du président de la République Paul Biya, j’ai dépêché d’urgence une délégation interministérielle à Kumba pour présenter aux familles endeuillées le réconfort, la solidarité et le soutien du peuple camerounais tout entier», a écrit Joseph Dion Ngute sur son compte Twitter. L’attaque de Kumba n’a pas encore été revendiquée. Mais la barbarie de cet acte porte la signature des séparatistes anglophones. «Ces gens [les assaillants, Ndlr.] seront rattrapés par tous les moyens. Je dis bien par tous les moyens», a prévenu Chamberlin Ntou’ou Ndong, préfet du département de la Mémé, touché par l’attaque. «Je condamne fermement cet acte ignoble perpétré sur des élèves innocents dont le seul crime est d’avoir exercé leur droit à l’éducation», a indiqué le Premier ministre. «J’exhorte tous les Camerounais à s’opposer fermement à ces atrocités. La République ne pliera pas face à la terreur» a t-il poursuivi.
Une enquête ouverte
Le gouvernement estime qu’aucune cause au monde ne peut justifier ou légitimer de telles atteintes systématiques à la vie d’êtres humains, encore moins, à celle d’enfants innocents, d’élèves, ou d’étudiants, qui doivent aller à l’école, au collège, au lycée, à l’université, pour se former et être en mesure de se prendre en charge, et d’assumer dans le futur la relève de leurs aînés. Prenant à témoin le peuple camerounais tout entier, les pouvoirs publics dénoncent fermement «tous ces concitoyens qui, tapis dans l’ombre à l’étranger, dans leurs pays d’accueil, orchestrent ces assassinats ignobles et alimentent le climat d’insécurité dans les régions du Nord-ouest et du Sud-Ouest». Yaoundé entend d’ailleurs lancer une fois de plus un appel «à la coopération active et sincère des pays amis où sont hébergés les commanditaires de cette rébellion armée, ainsi qu’à celle des organisations internationales, si attachées à la défense des Droits de l’Homme, afin qu’ils aident à leur neutralisation et à la consolidation du processus de pacification des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest». René Emmanuel Sadi informe qu’une enquête a été instruite par le ministre délégué à la présidence, chargé de la Défense, en liaison avec les autres services concernés, «afin de déterminer les circonstances exactes de cette attaque, et de rechercher activement les coupables, afin qu’ils répondent de leurs actes devant la justice».
Par Arthur Wandji