Assemblée nationale : Pourquoi Cavaye a limogé Komba

« Je voudrais vous le dire pour le déplorer, que l’image de l’institution et de son chef est écornée et traînée dans la boue chaque jour qui passe par le seul fait d’un fonctionnaire irrespectueux, méprisant et véreux». Cavaye Yeguie Djibril n’a pas usé de la langue de bois pour cracher son venin contre Gaston Komba ce 12 février 2022. Avant d’inviter ses 15 collaborateurs du bureau de l’Assemblée nationale à lui donner leur onction pour relever de ses fonction celui qui était encore secrétaire général de la Chambre basse du Parlement jusqu’à ce 12 février 2022, Cavaye Yeguie Djibril a exposé les motifs de l’acte pour lequel il n’a même pas attendu une quelconque réaction contraire de ses collègues. Sans être plus clair, le Président de l’Assemblée nationale (PAN) se contente de balancer que, « en liaison incestueuse avec la presse, il est dans tous les débats télévisés et dans les réseaux sociaux, pour vilipender et salir sans cesse notre chef d’Etat, le patron du parti, et moi-même votre serviteur». Désormais, l’ex député du Nkam est libre de poursuivre cet exercice qu’il affectionne et qui ne plaît pas au vieux député de 82 ans. « Il n’a qu’à aller s’amuser avec les réseaux sociaux. Il n’a qu’à écrire. Il n’a qu’à nous insulter. Nous sommes de grands hommes. Nous ne pouvons pas écouter ce que M. Komba nous dit », gueule-t-il.

Alors que le débat enfle encore sur l’affaire de la police d’assurance qui laisse éclater la crise de confiance entre les deux premières personnalités de l’Assemblée nationale, Cavaye accuse de façon sibylline son ancien principal collaborateur d’avoir mal géré les fonds. « Après des contrôles de routine effectués par les questeurs, la gestion financière du Secrétaire général est catastrophique et chaotique avec une gabegie sans précédent qui exige que des comptes soient rendus », lâche-t-il. Invitant les questeurs à « rendre compte de la gestion de M. Komba ».

Comment pouvait-il en être autrement lorsque le PAN ne se reconnaît pas en le choix qu’il a fait pour gérer l’administration de la 3ème institution de la République ? « Vous le savez, c’est le chef de l’Etat qui nous l’avait proposé et nous l’avons élu», trahit celui qui compte à la pelle les secrétaires généraux de cette institution qu’il dirige depuis 1974. Lui que l’on dit diriger l’Assemblée nationale « comme son patrimoine », ne tolérant aucune marge de liberté à ses collaborateurs, notamment le secrétaire général. « J’ai été amené à saisir le chef de l’Etat pour lui dire clairement que je ne travaillerai plus, que nous ne travaillerons plus avec l’intéressé», a-t-il informé les membres du bureau présents à la réunion de ce samedi. En clair, le sommet de l’exécutif qui lui avait confié son choix, est d’accord, ou tout au moins informé de ce que l’homme parachuté depuis Etoudi, n’est plus le bienvenu à Ngoa-Ekelle.

Haine contre l’opposition

Au passage, Cavaye peste contre un homme que d’aucuns considèrent comme celui qui aura modernisé l’administration de l’Assemblée nationale, mais que lui, voit davantage comme un rescapé politique. « Un fonctionnaire…qu’on avait cru utile d’aider en son temps, en le repêchant d’une élection législative perdue, où il a été littéralement battu sur le terrain, pour le laisser à ce poste», regrette-t-il visiblement. « Aujourd’hui, monsieur Komba est devenu un opposant », a-t-il constaté. Alors, « nous ne pouvons plus travailler avec lui », dit-il. Une « haine » contre l’opposition que l’homme qui avait présidé une cérémonie d’autodafé des gadgets du Mouvement pour la renaissance du Cameroun à Maroua en 2018, ne cache plus. Lui qui dirige une institution où se retrouve l‘opposition, y propulsée par une partie du peuple camerounais. Lui qui doit encore son strapontin à la dictature du Comité central du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), le parti au pouvoir dont la base de Tokombéré l’avait vomi en 2013 aux primaires. Lui-même qui a failli se retrouver dans la même posture. « Si M. Komba a eu des problèmes avec certains d’entre nous, M. Komba n’a pas eu de problèmes avec nous tous, honorables membres du bureau, chers collègues», s’indigne-t-il. En tout cas, « j’ai dit ‘’ça suffit, ça suffit avec M. Komba », a-t-il tranché le monologue.

Suspendu de signature le 28 janvier 2022, l’homme qui est arrivé à la tête du secrétariat général de l’Assemblée nationale le 14 avril 2020, aura livré une bataille médiatique contre son désormais ancien patron, parfois sans en être le donneur direct de coups. Avant qu’une délégation de chefs traditionnels et de dignitaires du Littoral ne volent à son secours en implorant le pardon du PAN. Peine perdue. Cavaye qui est spécialiste en matière de neutralisation des secrétaires généraux de la Chambre basse du Parlement, avait déjà décidé de couper la tête du fils du Nkam.

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