Assainissement : controverse autour des actions de la Cud

L’initiative prise par la mairie de la ville en vue de libérer les trottoirs et assainir le secteur des moto-taxis fait face à la non adhésion de plusieurs citoyens. Des intellectuels y compris.


Depuis le 22 juin dernier, les commerces et autres activités informelles sont interdites sur les trottoirs dans la capitale économique. C’est dans le cadre de l’opération « restituer les trottoirs aux piétons » mise sur pied par la mairie de la ville et qui vise la libération progressive des trottoirs et autres emprises dans les sites pilotes de Bonapriso, Bonanjo et Akwa (Boulevard de Liberté ; de la République, et Ahmadou Ahidjo). Le 15 juin dernier, c’était au tour des transporteurs, taxis et moto taxis de subir un changement. Ils ont été appelés à regagner les aires de stationnement aménagées, notamment celle du rond point Déido déjà prêt à utiliser. Et pour faire respecter ces mesures, la mairie de la ville a prévu des amendes pour les contrevenants.

Des montants qui divisent

« Des peines de 250 000, 200 000 et 50 000. Il y a matière à réflexion », déclare Guy Olivier Moteng, avocat au barreau du Cameroun. Comme certains autres intellectuels, il estime que l’action de la mairie bien que noble pêche par la forme et convoque le code pénal. « Dans l’article 21 sur la classification des infractions en crimes, délits et contravention, on y note notamment en son alinéa c que sont qualifiées contraventions les infractions punies d’un emprisonnement qui ne peut excéder dix jours ou d’une amende qui ne peut excéder 25 000 francs. »

Josue Bona Ekobo, acteur de la société civile va dans le même sens. « La nature de l’infraction doit être déterminée par la loi, puisque c’est la loi qui l’exige. A la nature de l’infraction, on adosse le montant à payer. Et quand on prend ce genre de mesure, on doit de prime abord précisé le fondement juridique afin que les populations sachent que ce qu’elles paient est institué par la loi. Malheureusement, dans la note du Maire de la Ville, il n’y a non plus aucune référence à la loi », ditil.

Interrogé, Barthelemy kom Tchuente, expert en décentralisation estime qu’il n’y a pas de débats si la décision du maire a fait l’objet d’une délibération. « Une délibération du conseil ne peut que se conformer à la loi et lorsqu’on délibère dans une commune, la décision est ensuite soumise à l’approbation de la tutelle notamment le préfet qui juge de sa légalité. Donc si cette procédure a été respectée, le problème ne se posera pas ». Sur le terrain, ces mesures sont boudées par les principaux concernés. Chez les motos taxis, certains leaders syndicaux disent n’avoir pas été consultés dans cette opération qui les concerne directement. Des conducteurs peinent à intégrer le nouveau site de chargement, craignant d’avoir moins de passagers. Chez les petits commerçants, ils ont sans attendre, repris leur activité ; notamment à Akwa, même si cela se fait discrètement marchandises dans le sac. « Nous sommes des mères et pères de familles. On ne peut pas venir d’un coup nous chasser sans nous dire où aller. On va faire comment ? » s’interroge Elisabeth Menye, commerçante.

Par Tatiana Meliedje

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