Me Emmanuel Simh et Me Meli, sont fermes, leurs clients et camarades sont victimes « de tortures depuis ces derniers jours ». « Une trentaine de clients, objets d’une détention préventive devaient se présenter devant le président du Tribunal de Grande Instance du Mfoundi (TGI) pour certains et pour d’autres devant celui de la cour d’appel. C’était dans l’optique de statuer sur le sort de la requête en liberté provisoire. Alors que certains se trouvaient déjà menottés dans la grande cour d’honneur et prêts pour l’extraction, ils ont été enjoints sans motif, d’enlever le maillot de l’équipe nationale qu’ils arboraient tous. Face donc au refus d’obtempérer à cette injonction qu’aucun texte n’ordonne, les autorités pénitentiaires ont décidé de les conduire devant leurs juges, les contraignants ainsi de rentrer dans leurs locaux respectifs » racontent-ils au cours d’une conférence de presse donnée à Yaoundé le 25 avril dernier.
Mis au courant de la situation, 6 avocats membre du collectif chargé de la défense des militants du MRC, se sont rendus à la prison centrale de Kondengui où l’accès à leurs clients leur a été refusé. A leur arrivée, poursuit Emmanuel Simh, « les avocats étaient néanmoins surpris par la présence massive des éléments du Groupement Spécial d’Opération (GSO), et du Groupement Mobile d’Intervention (GMI), et de la Gendarmerie tous lourdement armées et en tenue de combat….Bien que les avocats ont informé le régisseur par note écrite, du renvoi de la cause pour le 25 avril, 2019 et de l’inutilité d’extraire les détenus par force, les hommes en robe noir seront ébahis de voir certains (militants du MRC) embarqués comme un peloton d’exécution des condamnés à mort dans un camion de la prison centrale démarré en trombe et encadré par les pick-up des forces de l’ordre », dénoncent l’avocat et vice-président du parti de Maurice Kamto. Croyant que le cortège se dirigeait à la prison centrale de Kondengui, les avocats apprendront plus d’une heure plus tard et après avoir attendu en vain au perron du TGI, que les militants exfiltrés de la prison centrale ont été conduits au GSO à Mvan. Rendus au GSO, les avocats se verront aussi refuser l’accès à leurs clients. Malgré le rappel à l’ordre des avocats, le régisseur qui a pourtant la responsabilité de ces détenus, va refuser de les faire regagner la prison centrale de Kondengui, prétextant d’après l’un des avocats que seule sa hiérarchie qui selon lui a ordonné l’enlèvement des militants détenus pouvait prendre la décision de les ramener.
Le collectif des avocats du Mrc, appelle donc au regard de cette situation, les autorités pénitentiaires à mettre un terme à ces formes de tortures et demande : le retour immédiat à la prison des personnes censées y être, mais déportées et détenues au GSO et ailleurs ; leur visite médicale et consultation par les médecins de leur choix ; le respect strict de leurs droits en tant que détenus, un traitement humain exempt de violences de menaces et d’autres rackets dont ils sont déjà victimes au quotidien . Le collectif annonce par ailleurs avoir porté une requête auprès du secrétaire d’Etat en charge de l’Administration pénitentiaire.
A en croire une liste en circulation dans les milieux proches du MRC, c’est au total 27 prisonniers qui ont été enlevés et conduits au Secrétariat d’Etat à la Défense et au Groupement Spécial d’Opération.
Par Joseph Essama