A peine les textes de la Fédération camerounaise de football (Fécafoot) adoptés, l’Association des clubs de football amateurs du Cameroun (Acfac) menace de saisir les juridictions compétentes pour les faire invalider. Mieux que la menace même, les membres de l’Acfac proches d’Henry Claude Balla Ongolo tiennent à voir le Comité de normalisation convoquer à nouveau l’Assemblée générale pour réviser la copie corrigée le 10 octobre dernier au Centre d’Excellence de la Confédération africaine de football (Caf). Alors que Me Happi Dieudonné et ses accompagnateurs du Comité de normalisation ont à peine soufflé au sortir de cette épreuve qu’ils ont validée au terme d’une longue journée d’assemblée générale extraordinaire marquée par beaucoup d’incompréhensions et de tiraillements avec les 64 délégués convoqués pour les travaux.
Henry Claude Balla Ongolo égrène un certain nombre d’irrégularités qui ont, à son goût, émaillé cette assemblée générale qui selon lui, « n’ont pas été convoquée dans les normes requises » : la mise à l’écart de certains membres, la distribution tardive des textes, soit la veille des travaux, la corruption de certains membres, le vote à main levée,… Et « malgré notre refus de procéder par un vote à main levée, la volonté de Me Happi a été imposée ; et au décompte final, alors que les personnes ayant reçu de l’argent, ont été placées d’un côté de la salle, lors du décompte, les deux scrutateurs qu’il avait désignés, se sont mis à compter, jusqu’à 17 et quelqu’un a dit ‘’ça suffit’’. Ils ont arrêté et après, ils ont déclaré que les statuts ont été adoptés par 18 voix contre 46. Alors que nous avons dénombré 23 mains contre, en plus des trois procurations », rapporte le président de l’Acfac. Et Abdouraman Hamadou Babba, d’appuyer : « On n’avait besoin que de 21 voix pour invalider le vote d’adoption ». Au passage, les adversaires de la normalisation font diffuser un enregistrement de l’ambiance des travaux, et l’on peut entendre des bruits de contestation. Me Happi indiquant que « seuls les articles modifiés soient adoptés ». Ce qu’avait déjà reconnu en son temps le normalisateur en chef, soutenu par nombre de délégués, pour se concentrer sur l’essentiel. Faute de temps.
Deux semaines de moratoire
Balla Ongolo et les délégués opposés à l’adoption des textes, insistent sur la corruption de certains membres de l’Assemblée générale et menacent de présenter ces preuves devant les juridictions pour appuyer éventuellement leurs plaintes. « Le président Happi (Franck) m’a dit qu’il y avait un 700 000F en jeu. Et c’est dans une salle non loin des toilettes qu’on distribuait l’argent », témoigne Djibrine Mati, délégué de l’Extrême nord. Pour sa part, Ndjayou Fochive, délégué de l’Ouest, rapporte avoir été « contacté depuis Foumban pour que j’influence mes gars afin qu’on adopte les textes sans problème. Et que le président Gilbert va nous voir à Yaoundé. Je leur ai demandé de me donner plutôt les textes », enfonce-t-il. « J’ai demandé qu’on nous laisse quelques jours pour prendre connaissance des textes avant de convoquer les délégués, le temps pour la normalisation de présenter un bilan financier de leur gestion, ils ont refusé », dénonce Babaraye Saïdou, de l’Extrême nord.
Forts de ces témoignages, le bureau exécutif de l’Acfac soupçonne un « coup d’Etat footballistique » en préparation par le Comité de normalisation. « Ils ont en projet de placer quelqu’un de leur choix à la tête de la Fécafoot, sinon quel intérêt ont-il à s’activer à ce qu’on vote à tout prix les textes, sans même tenir compte de la nouvelle loi sur le sport ? » se demande Abdouraman Hamadou. Me Happi, lui, dit vouloir quitter au plus vite la Fécafoot, pour vaquer à ses occupations. Faux, croit-on à l’Acfac. Alors « il faut stopper ça vite », gronde Henry Claude Balla Ongolo. Les 19 membres de l’Acfac qui ont pris part aux travaux du Mansel hôtel de Yaoundé, donnent deux semaines à Me Happi pour convoquer une assemblée générale ordinaire au cours de laquelle ils pourront permettre aux délégués de réviser les textes. A défaut, la voie du tribunal sera engagée, promettent-ils. « Ils disent que nous sommes radicaux, mais nous ne demandons que le respect des lois », essaie de rassurer Abdouraman.