« Les Camerounais peuvent s’exprimer sans aucune contrainte, approuver ou désapprouver l’action des pouvoirs publics, faire entendre leurs points de vue sur l’ensemble des questions ayant trait à la vie de la nation ». En ces termes, René Emmanuel Sadi, ministre de la Communication (Mincom), essaie de rassurer les Camerounais, notamment les habitants de Yaoundé apeurés la veille par une menace du préfet du Mfoundi. Emmanuel Mariel Djikdent a promis une « une interdiction de séjour dans le département du Mfoundi pour une durée déterminée, toute personne qui : appelle au soulèvement contre les institutions de la République ; qui outrage dangereusement les institutions ou celui qui les incarne (par tout moyen de communication suivi dans le département du Mfoundi ; qui entreprend des manœuvres pouvant entraîner des troubles graves à l’ordre public ».
A un moment où le pays traverse une turbulence sociopolitique en prélude aux prochaines échéances électorales. L’opposition dénonçant avec véhémence le projet de prorogation du mandat des députés et des conseillers municipaux, mais surtout, le resserrement de plus en plus poussé des libertés par l’Administration territoriale. « Pour autant la liberté dont nous tirons fierté aujourd’hui plus que hier, ne saurait à quiconque la latitude d’attenter aux institutions de la République, ni à l’honorabilité de celles et ceux qui les incarnent, au premier rang desquels le président de la République qui a été librement et majoritairement élu par ses concitoyens », écrit le Mincom. Citant notamment les leaders de partis politiques qui se lancent ces derniers temps dans une violence verbale contre l’autorité de l’Etat, reprochant chez Paul Biya son laxisme au moment où le pays semble évoluer désormais dans une direction inconnue, sans que l’homme ne daigne se bouger.
Se rapprochant ainsi du préfet du Mfoundi, en restant en étroite ligne des limites de cette liberté d’expression consacrée par la Constitution du Cameroun. Mais loin de se saisir du bâton du père fouettard comme le préfet, le porte-parole du gouvernement « appelle une fois de plus à plus de retenue et au sens de responsabilité dans l’exercice du droit légitime à la liberté, sans verser dans l’outrance et l’outrage, bafouer nos valeurs sociétales fondamentales…» Un brin pédagogue. Le gouvernement pend ainsi de la distance avec Paul Atanga Nji le ministre de l’Administration territoriale qui ne cesse de monter en puissance dans les menaces à l’endroit des opposants.
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