Quelle est la principale motivation de l’AFD à privilégier les financements directs aux Organisations de la Société Civile (OSC) et Organisations Non Gouvernementales (ONG) nationales, alors qu’elle avait auparavant recours à des financements indirects ?
Depuis trois ans, l’AFD a décidé de mettre en œuvre une stratégie visant à permettre aux Organisations de la Société Civile (OSC) et Organisations Non Gouvernementales (ONG) nationales, c’est-à-dire des pays dans lesquels nous intervenons, de bénéficier directement des financements. Toutefois, il y a des conditions : elles doivent avoir déjà reçu un financement indirect de l’AFD, soit en participant à un consortium avec une ONG internationale, soit en ayant bénéficié d’un financement du Service de Coopération et d’Action Culturelle (SCAC).
Pourquoi cette évolution ?
D’abord, parce que nous avons constaté qu’il est crucial, pour soutenir le développement d’un pays, d’encourager également le développement de ses ONG locales. Pour que celles-ci puissent grandir, elles doivent avoir accès à des financements. Cela fait partie de leur processus de maturation : leur donner les moyens d’acquérir une expérience, de prouver ce qu’elles sont capables de faire, et ainsi de répondre progressivement à des besoins plus importants. Récemment, j’ai discuté avec un participant venant du Niger qui m’a parlé de Karkara, une ONG qui a évolué de cette manière. L’idée est donc de soutenir le développement des ONG locales afin qu’elles ne restent pas éternellement des prestataires pour les ONG internationales. Nous savons aussi que les ONG locales sont souvent mieux placées pour comprendre les besoins et savoir comment s’adapter. C’est d’ailleurs pour cela que les ONG internationales travaillent fréquemment avec des ONG locales : ces dernières connaissent mieux le terrain, parlent la langue nécessaire à la communication et savent adapter leurs approches pour que leurs propositions soient adoptées par les populations.
Est-ce que l’AFD réussit avec ce nouveau mécanisme ?
Je dirais que nous réussissons parce que nous imposons plusieurs conditions. Les OSC et ONG nationales qui bénéficient de nos financements doivent prouver qu’elles sont capables de les gérer correctement, et de fournir les rapports exigés. À ma connaissance, cela fonctionne très bien. Je me souviens qu’à l’époque où je travaillais au Niger, des OSC locales me disaient : « Si on nous donne les mêmes moyens que les ONG internationales, nous pouvons faire un excellent travail. » Le problème était qu’elles étaient souvent sous-payées en tant que prestataires, et donc ne produisaient pas les mêmes résultats. Lorsqu’on leur donne les moyens nécessaires, elles sont en mesure de prouver leur efficacité.
Dans quels domaines les OSC doivent-elles principalement intervenir pour obtenir un financement ?
Nous collaborons principalement avec les ONG et OSC dans les secteurs de la santé, des activités génératrices de revenus, c’est-à-dire le soutien aux populations, ainsi que dans le domaine de l’éducation entre autres.