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Gestion des déchets : Une dette de 7,7 milliards FCFA de l’État à Hysacam grippe la collecte des ordures

Depuis un an, la dette de l’État envers Hysacam reste figée à 7,7 milliards FCFA. Cette situation paralyse la trésorerie de l’entreprise, ralentit le renouvellement du matériel de collecte et l’oblige à s’endetter pour maintenir un service déjà fragilisé par l’insuffisance.

Yaoundé vit depuis des années une crise de propreté qui ternit son image, déjà affectée par la dégradation des infrastructures routières. Pour y remédier, la Communauté urbaine de Yaoundé (CUY) a rompu, en février 2024, le monopole que détenait Hygiène et salubrité du Cameroun (Hysacam) depuis plus de trente ans, en engageant un second prestataire, Thychlof Sarl. Malgré cette ouverture, Hysacam reste le principal opérateur, présente dans les principales villes du pays avec des contrats fixant zones de collecte, nombre de camions, volumes quotidiens à ramasser et équipements à déployer pour faciliter la collecte.

Une dette figée depuis un an Au 30 juin 2025, la Caisse autonome d’amortissement (CAA) chiffrait la dette de l’État envers Hysacam à 7,7 milliards FCFA, soit exactement le même montant qu’en juin 2024. Pour l’entreprise, le problème dépasse la question du nombre de prestataires. « Si les questions de fonds ne sont pas adressées, qu’on ait aujourd’hui Hysacam et demain trois, quatre ou cinq entreprises, toutes feront face aux mêmes difficultés », confiait un cadre dirigeant en février 2024. En théorie, ce sont les collectivités territoriales décentralisées (CTD) qui doivent payer les prestations, comme le rappelle régulièrement la ministre de l’Habitat et du Développement urbain, Célestine Ketcha Courtès. Hysacam confirme : la rémunération provient des communes ou de subventions que l’État leur accorde.

En réalité, près de 85 % de la facture est couverte par le Trésor public, les CTD ne prenant en charge que 15 %. Mais les versements restent irréguliers, affectés par les tensions de trésorerie et la gestion du compte unique du Trésor. « Vous pouvez avoir une provision, mais ne pas en bénéficier à cause des tensions de trésorerie. Si vous ne payez pas ces entreprises, il y a des moments de fatigue, et même des débrayages », relevait en 2024 le maire de Yaoundé, Luc Messi Atangana.

Un budget loin des besoins

En juillet 2023, le directeur général de Hysacam, Jean Pierre Ymele, évaluait à 15 milliards FCFA par an le budget nécessaire pour assurer un ramassage efficace à Yaoundé. Dans les faits, moins de la moitié est mobilisée, souvent avec plusieurs mois de retard. Ce sous-financement chronique entraîne collectes espacées, véhicules immobilisés faute d’entretien ou de carburant, et salaires versés avec retard.

Pour maintenir le service, Hysacam s’est parfois endettée. En avril 2025, elle a contracté un prêt de 5 milliards FCFA auprès d’Afriland First Bank, probablement garanti par l’État, pour acquérir 80 camions. Vingt ont déjà été livrés – dix pour Yaoundé, dix pour Douala – les soixante autres devant arriver progressivement. Ces véhicules, de type « ville de Paris », sont équipés d’un système empêchant la dispersion des déchets durant le transport. En 2024, Hysacam indiquait que « le contrat en vigueur prévoit 50 camions pour Yaoundé, alors qu’il en faudrait 150 à 200 pour un nettoyage efficace ».

Hysacam assure pouvoir atteindre ce volume si les financements suivent, rappelant l’avoir déjà fait par le passé. Les contrats arrivés à échéance en décembre 2023 ont été renouvelés en mars 2025. Ont-ils intégré les recommandations formulées ? Difficile à dire. Toutes nos tentatives pour consulter le nouveau document sont restées lettres mortes. En revanche, les montagnes d’ordures qui persistent çà et là dans Yaoundé plaident, elles, pour un déploiement encore loin d’être à la hauteur des besoins Une taxe dédiée au rendement limité Depuis 2019, un droit d’accise spécial de 0,5 % sur la valeur des marchandises importées finance la collecte des déchets. Les recettes, perçues par la douane et reversées via le Feicom aux CTD, devraient constituer une ressource pérenne. Mais les retards de reversement et l’irrégularité des flux limitent l’impact concret de cette taxe sur le terrain.

Si la capitale concentre l’attention, le problème est national. Dans toutes les villes où Hysacam opère, les retards de paiement provoquent les mêmes effets : salaires différés, matériel mal entretenu et fréquence des collectes réduite.

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