Super Makia : L’indomptable perd son dernier combat

L’ex champion d’Afrique à la retraite est décédé à 61 ans, dans l’oubli de la nation.

Super Makia du temps de sa gloire

Jacob Mbeng Makia, alias Super Makia est mort ce 1er août 2019 à la garnison militaire de Yaoundé, « des suites d’une courte maladie », a-t-on appris à l’annonce de la nouvelle. L’ex champion d’Afrique s’en est allé sur la pointe des pieds. Des sources disent que l’homme n’avait plus une santé au top de la forme depuis quelques temps. Mais ceux qui fréquentaient le quartier Dakar à Yaoundé pouvaient régulièrement voir cette troche d’un mètre soixante environ dans et aux environs de sa résidence, remarquable par ce buste bombé qui, malgré l’absence d’entretien résistait à la nature. Depuis qu’il a quitté définitivement les rings en juin 2014.

Loin des regards avisés de ce pays qu’il a porté au firmament pendant 28 ans. L’homme qui quitte le monde des vivants à 61 ans dont 40 dans la pratique du catch. Né le 28 février 1958, Super Makia n’a pas eu la chance de faire de longues études. Le handicap financier de sa famille n’empêchera pas l’étoile du natif de Kumba de briller. A peine l’école primaire bouclée, Jacob Mbeng émigre au Nigeria auprès d’une tante, et c’est là qu’il est piqué par le virus du catch. Enrôlé à la National School of Sport de Lagos en 1974, l’adolescent est retenu quatre ans plus tard parmi les 10 jeunes qui iront se perfectionner au catch à Hong-Kong. A 20 ans, commençait une aventure qui sera riche.

85 victoires, un nul, aucune défaite

De retour au Cameroun en 1982, c’est Guinness Cameroun qui engagea le jeune dans ses campagnes publicitaires. Et dès son premier combat professionnel en 1986, Super Makia détrôna le titre de champion d’Afrique nigérian des poids lourds. L’homme ne quittera plus jamais le sommet continental durant 28 ans. Comptabilisant 85 victoires en 86 combats. Seule « fausse note », un match nul, contre le Nigérian Johny Clang en 1990.

Super Makia décoré par l’ex ministre des sports

Les générations actuelles connaissent certainement peu de cette icône du catch camerounais et africain. Ils n’ont pas vécu les faits surréalistes et surnaturels de cet homme qui tirait des véhicules avec ses dents, et qui mangeait plusieurs poulets entiers en un seul repas. Après un passage à vide, l’homme a refait l’actualité seulement en juin 2014 à l’occasion de son jubilé. Le champion d’Afrique qui n’était que très rarement au-devant de la scène dans son pays, remettait sa ceinture en jeu au cours d’un jubilé organisé à Yaoundé, en affrontant l’Autrichien Kris Raaber alias Bambi Killer. Si le public n’assiste pas massivement à l’événement au Palais polyvalent des sports de Yaoundé, les férus du catch mondial ne tarissent pas d’éloges à l’endroit de celui qui a ouvert et écrit à lui seul les plus belles pages de l’histoire du catch au Cameroun. « Il a fait les beaux jours du catch africain et c’est grâce à lui que je suis un grand de cette discipline », témoignait Heddi Karaoui, le champion d’Europe d’alors. « Je suis fier de ce que Super Makia a fait pour le catch en Afrique et même ici au Cameroun. Je demande aux autres catcheurs de ce pays de suivre son exemple », a reconnu Bambi Killer, quadruple champion du monde.

La jeunesse camerounaise a-t-elle eu le temps de s’abreuver à la source de ce talent doué ? Pas sûr, dans un contexte où le mouvement sportif national est à l’agonie depuis bientôt quatre ans. Super Makia, lui, s’était retranché à son domicile du quartier Dakar à Yaoundé. Mais ne manquait pas d’accompagner les rares jeunes sportifs qui lui rendaient visite. Jusqu’à sa disparition dans l’anonymat et sans la reconnaissance « méritée » de la Nation. « Il avait un mal de ventre », a confié Armand Ambassa, le reporter de Yaoundé Fm 94 qui a recueillis les premières informations au domicile du défunt dès l’annonce fatale.

 

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