Des cadres supérieurs des administrations des pays d’Afrique centrale ont été outillés à Douala sur les stratégies pour assurer la résilience des systèmes alimentaires et réduire les risques environnementaux liés aux changements climatiques.
Les changements climatiques menacent de plus en plus la capacité des Etats à assurer la sécurité alimentaire, éradiquer la pauvreté et parvenir à un développement durable. En 2016, 31 % des émissions mondiales imputables à l’activité humaine étaient issues des systèmes agroalimentaires. Ces émissions sont notamment dues à la déforestation, à l’élevage, à la gestion des sols et des nutriments, ainsi qu’aux pertes et au gaspillage de nourriture.
En réalité, note la FAO, les changements climatiques entraînent des répercussions directes et indirectes sur les systèmes agroalimentaires du fait de l’évolution et du caractère imprévisible des températures et du régime des précipitations, et de l’augmentation du nombre de phénomènes météorologiques extrêmes et de catastrophes comme les sécheresses, les inondations, ainsi que l’apparition de foyers d’organismes nuisibles et de maladies. Ses incidences diverses sur l’eau, les sols, la biodiversité et la fréquence des phénomènes météorologiques extrêmes contribuent à accroître l’insécurité alimentaire en réduisant les rendements des cultures, la productivité animale et les possibilités qu’offre le secteur de la pêche et de l’aquaculture en matière de production d’aliments. Les phénomènes météorologiques extrêmes, tels que les fortes pluies, les tempêtes, les cyclones, les inondations et les sécheresses, figurent également parmi les causes importantes de l’insécurité alimentaire dans toutes les régions.
Face à ce constat, il devient urgent pour les pays de se préparer pour gérer efficacement les impacts des changements climatiques ainsi que les crises et catastrophes environnementales. La FAO a ainsi décidé d’apporter son appui technique dans cette perspective. C’est ainsi qu’un atelier a réuni du 18 au 22 décembre dernier à Douala, des directeurs et cadres supérieurs des ministères en charge de l’environnement et des changements climatiques ainsi que des responsables techniques des divisions environnement et changement climatique des mairies des capitales des pays d’Afrique centrale.
En réalité, les études révèlent que les pays d’Afrique centrale, bien qu’ayant mis en place quelques institutions et des politiques de développement durable, de conservation de la biodiversité et de gestion durable des forêts, les efforts consentis demeurent encore insuffisants pour faire face à l’ampleur des défis à relever. « Ces pays ont pris des engagements internationaux pour contribuer aux efforts globaux d’atténuation des impacts des changements climatiques à travers la conservation et la gestion durable de leurs forêts et la production des stratégies, plans d’action et rapports nationaux exigés par les conventions internationales pour témoigner de leurs progrès en la matière. Malgré le travail accompli par ces pays pour tenir leurs engagements internationaux dans le domaine de l’environnement et des changements climatiques, ils sont encore moins outillés pour faire face aux impacts des changements climatiques et gérer les crises et catastrophes environnementales», souligne le Représentant de la FAO au Cameroun Dr Athman Mravili.
L’atelier visait entre autres à améliorer la compréhension des participants sur les changements climatiques et leurs impacts sur les systèmes alimentaires, la résilience des populations et la sécurité alimentaire en Afrique centrale. Mais surtout renforcer leur capacité en matière de développement de stratégie de réduction des risques et d’amélioration de la résilience. Il est question à terme d’asseoir les bases d’un système intégré et harmonisé en matière de gestion durable de l’environnement ; transformer les systèmes agroalimentaires pour les rendre plus efficaces, plus inclusifs, plus résilients et plus durables, en intensifiant les investissements.
Réactions
BALIRUHYA Eulalie, participant RDC
« Les productions agricoles sont menacées »
« Nous remercions la FAO pour cette opportunité de former les cadres des administrations, des organisations de la société civile, de renforcer les capacités sur les risques et catastrophes liés aux changements climatiques. En effet, dans un pays comme le nôtre, nous connaissons de plus en plus des inondations, des saisons perturbées. Les agriculteurs ne savent plus comment faire parce qu’ils ont peur de perdre toutes leurs productions. C’est donc important cette formation que la FAO nous accorde. Et cela va nous permettre d’accompagner au mieux nos communautés, sur comment être résilient face à ces perturbations climatiques pour qu’ils puissent s’en sortir. Tout cela devient très important et en Afrique Centrale il faut absolument accompagner ces communautés. »
Christophe BRING, Directeur de la Conservation ministère de l’Environnement
« L’objectif est d’asseoir les bases d’un système intégré et harmonisé de gestion durable de l’environnement »
« L’Afrique Centrale est confrontée à plusieurs défis qui affectent les performances environnementales, économiques et sociales de nos différents pays. Selon la FAO (2020), l’Afrique a le taux de perte de forêts le plus important dans le monde estimé à 3,94 millions d’hectares par an. La déforestation et la dégradation des terres réduisent de manière significative le couvert forestier et les ressources naturelles en général. Un autre problème est l’augmentation de la vulnérabilité des pays africains au changement climatique. Les effets du changement climatique sont, entre autres, l’irrégularité des saisons, l’excès de chaleur, l’élévation du niveau des océans entraînant des inondations et l’érosion côtière, l’augmentation de la sécheresse, la baisse des rendements agricoles, la détérioration de la santé des populations, l’augmentation des gaz à effets de serre causée par la déforestation et le déboisement dû aux activités humaines, la perte de la biodiversité, l’augmentation de l’insécurité alimentaire et nutritionnelle des populations. Il convient de rappeler que le premier bilan mondial effectué par la CCNUCC montre que les engagements ne sont pas à la hauteur de l’urgence. De ce fait, l’Afrique en général et plus particulièrement l’Afrique centrale, doit prendre son destin en main dans la lutte contre le changement climatique, les crises et catastrophes environnementales. Ainsi, l’approche de la FAO vise ainsi à asseoir les bases d’un système intégré et harmonisé en matière de gestion durable de l’environnement pour le bien-être des populations. »