A la fin du mois de mai, Lorsque Louis Paul Motaze, le ministre des Finances dévoilait la Stratégie nationale de développement du secteur financier (SNDSF), élaboré par le Comité national économique et financier du Cameroun (Cnef) qu’il préside, il soulignait avec prudence qu’il s’agit de propositions que seul le président de la République, Paul Biya, peut traduire en actions concrètes. Cette précaution a fini par convaincre l’assistance venue s’enquérir de ce plan, qu’il s’agit là, une fois de plus, d’un projet qui ne se concrétisera jamais.
Cependant, moins de deux mois plus tard, plus précisément le 10 juillet 2024, le Chef de l’Etat a donné vie à l’une des propositions phares contenues dans la SNDSF. Il s’agit notamment de la réforme de la Société nationale d’Investissement (SNI), qui a hérité des actifs et des missions de la Commission technique de réhabilitation des entreprises du secteur public et parapublic, du Bureau de mise à niveau des entreprises et de la Commission technique de privatisation et de liquidation des entreprises du secteur public et parapublic.
Cette réforme marquante est venue confirmer l’importance que la plus haute autorité du pays accorde à ce document élaboré par le Cnef. Sa matérialisation pourrait se poursuivre d’ici la fin de cette année et plus probablement l’année prochaine. Dans un entretien récent avec Défis Actuels Magazine, le ministre des Finances a détaillé de manière sibylline ce qui pourrait constituer la poursuite de la mise en œuvre de cette stratégie. Il a notamment évoqué sans le confirmer, les prochaines réformes prioritaires qui pourraient faire l’objet d’une implémentation urgente.
En effet, en dressant le portrait du système financier camerounais miné selon lui, par une faible inclusion financière, un accès limité au financement pour les micros, petites et moyennes entreprises (MPME), et un manque de profondeur du marché financier, le membre du gouvernement a également érigé en solutions, la création d’une société de gestion des fonds de garantie aux PME et la restructuration du Crédit foncier du Cameroun. A en croire ce dernier, ces réformes, sont destinées à renforcer l’accès au financement pour les entreprises camerounaises
PRIORITÉ AUX PME, MOTEUR DE L’ÉCONOMIE
Bien qu’encore dans le pipe, la mise en œuvre des reformes susmentionnées, notamment celle relative à la création d’une société de gestion des fonds de garantie aux PME, revêt une importance capitale, au regard du constat dressé par Louis Paul Motaze, lors du même entretien. «Les PME occupent une place centrale dans la stratégie de développement. Représentant 98 % du tissu économique camerounais, elles jouent un rôle majeur dans la création de richesse et d’emplois», détaille le ministre des Finances.
Cependant, malgré cette importance, «leur accès au financement reste limité. Aujourd’hui, moins de 20 % des prêts bancaires sont accordés à ces entreprises, un chiffre insuffisant pour soutenir leur croissance», reconnaît-il par la suite. La SNDSF propose donc des mesures concrètes pour pallier cette faiblesse, dont la mise en place «de la Société de gestion des fonds de garantie pour les PME. En plus de rassurer les institutions financières, ce fonds de garantie facilitera l’obtention de crédits, indispensable au développement de ces entreprises», se convainc le membre du gouvernement.
DES INITIATIVES EN ATTENDANT LA SOCIÉTÉ DE GESTION
En attendant l’opérationalisation de cette société, le gouvernement a déjà instauré des mesures pour améliorer l’accès des PME au crédit. Notamment, un mécanisme de garantie souveraine de 200 milliards FCFA qui a été mis en place l’année dernière, couvrant des prêts en faveur des entreprises des secteurs public et privé. En août 2023, une convention entre l’État, 15 banques et 37 établissements de microfinance a été signée pour concrétiser ce soutien.
VERS UN ACCÈS FACILITÉ AUX CRÉDITS IMMOBILIERS
Dans l’entretien accordé à Défis Actuels magazine, Louis Paul Motaze, le ministre des Finances évoque également la réforme du Crédit foncier du Cameroun qui d’après lui, est destinée à stimuler le marché immobilier et libérer des fonds pour le secteur de la construction. Cette mesure «devrait non seulement contribuer au développement des PME mais aussi dynamiser le secteur immobilier, créant un cercle vertueux de financement dans plusieurs chaînes de valeur», penset-il.
Pour mémoire, d’après Louis Paul Motaze, «La SNDSF vise à renforcer la performance du secteur financier pour accélérer la croissance économique et, par conséquent, améliorer le bien-être des populations. En effet, le diagnostic du système financier camerounais a révélé plusieurs faiblesses: une faible inclusion financière, un accès limité au financement pour les MPME, et un manque de profondeur du marché financier»