Ce sont en tout 27 cadres du Social democratic front (SDF) qui se sont réunis dans la ville de Mbouda ce 23 juin 2022, pour donner un signal (fort) à Ni John Fru Ndi. En tête, le sénateur Paul Tchatchounag, 2ème vice-président national du parti et le sénateur Jean Tsomelou, secrétaire général limogé par Ni John Fru Ndi dans ses nominations rendues publiques le 16 juin dernier. On y retrouve également le 3ème vice-président, plusieurs secrétaires nationaux, d’anciens membres du Shadow cabinet, d’anciens élus de grande envergure, des membres du Conseil juridique. Nous « demandons la convocation d’un NEC pour fixer la date d’un congrès extraordinaire pour renouveler les membres du Comité Exécutif National et de revoir une fois de plus la politique générale du Parti », exigent-ils. A la suite de Jean Tsomelou et Jean Robert Wafo qui avaient déjà clairement réagi à la sortie du Chairman. L’ancien secrétaire général avait rejeté sa nomination comme président de la Commission d’Agriculture et du développement rural, et l’autre avait mis en garde son président contre une dérive du parti.
Dénonçant la violation des textes du parti qui prévoient entre autres que les nominations soient validées par le National executive comittee (NEC), que les cooptations soient des prérogatives exclusives du NEC et non du président national, la nomination de personnes n’ayant pas passé cinq ans dans les rangs du parti, l’exclusion des signatures du secrétaire général et du secrétaire financier dans les comptes du parti, etc.
Depuis la présidentielle, les lignes de fracture se sont de plus en plus ouvertes entre Ni John Fru Ndi et les cadres du parti. Au sujet du choix du candidat du parti à l’élection à laquelle le leader historique n’a pas pris part. Joshua Osih, le choix de Fru Ndi, est passé, mais pour une prestation en deçà des scores souvent réalisés par le part. Le Sdf a terminé 4ème, derrière le RDPC représenté par Paul Biya, le MRC de Maurice Kamto, et le PCRN de Cabral Libii. Depuis lors, le premier vice-président est le préféré du Chairman qui lui a confié les rênes du parti en s’exilant aux Etats-Unis pour des raisons de santé. La guerre de succession s’est intensifiée entre temps entre Joshua Osih et Jean Michel Nintcheu qui symbolise l’aile radicale du parti aujourd’hui opposé à l’aile modérée représentée par Joshua Osih et soutenue par le chairman qui a longtemps renoncé aux méthodes qui ont fait la force du parti. Les nominations du 16 juin semblaient conforter le poulain du Chairman. Or « jusqu’à ce jour le 1er vice-président National n’a pas présenté les rapports des élections municipales et législatives de 2020, de l’élection Présidentielle de 2018 ainsi que le retrait exigé de sa signature sur la pétition adressée au Congrès Américain », lui reproche-t-on. Par ailleurs, nous « demandons un audit externe pour apporter des clarifications dans les comptes du parti», lit-on dans le communiqué.
Actions futures
Les participants à la réunion de Mbouda justifient le choix du lieu qui coïncide avec la localité d’origine du secrétaire général déchu, plutôt qu’au siège du parti à Bamenda, par le fait que « que notre bailleur nous a expulsé pour loyer impayé». Ces derniers avaient déjà boycotté les travaux du dernier NEC tenu à Yaoundé, et qui a planché entre autres sur le processus de renouvellement des organes de base du parti et sur la participation du SDF au défilé du 20 mai 2022. Une rupture sans avis des décisions du NEC de ne plus participer au défilé du 20 mai tant que la guerre sévit dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest. Ce que dénoncent les cadres. Nous nous « réservons le droit d’entreprendre d’autres actions pour sauver le parti », glissent-ils à la fin de leur déclaration. Sans précision. Qu’envisagent les « dissidents » à John Fru Ndi pour cette action de sauvetage ? Pour l’instant, il est certain que les Cadres réunis à Mbouda, semblent considérer les actes « illégaux » de John Fru Ndi. Déjà que Jean Tsomelou est présenté comme « ancien secrétaire général». En attendant peut-être que le Chairman rapporte ces actes qui ont marqué un pas de plus vers la guerre ouverte au sommet du parti.