mardi, octobre 8, 2024
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René Ramses Meyong, climatologue de l’ONACC: «Nos informations ont été utilisées de façon optimale, sinon le bilan humain des inondations à l’Extrême-Nord serait plus lourd»

L’expert de l'observatoire national des changements climatiques du Cameroun met la lumière sur les principales causes des inondations qui ont frappé la région de l’Extrême-Nord, tout en livrant les dernières prévisions climatiques dans cette partie du pays.

L’une des missions de l’observatoire national des changements climatiques du Cameroun est de proposer des mesures préventives face aux changements climatiques, est ce que les évènements qui se sont déroulés dans la région de l’Extrême-Nord sont l’une des conséquences de ce phénomène ?

Bonjour et merci à pour cette opportunité qui nous est offerte, d’éclairer la lanterne des Camerounais sur cette actualité climatique, plutôt peu reluisante, de la Région de l’Extrême-Nord de notre pays et les enjeux qui lui sont associés. Pour répondre au premier volet de votre question, les inondations de Yagoua dans le Mayo-danay et de pas mal d’autres localités de la Région de l’Extrême-Nord (Blangoua, Makary, Maga, Zina etc.) depuis ces dernières semaines nous rappellent les évidences des changements climatiques dans notre pays en général, et dans la zone soudano-sahélienne en particulier. Cela s’explique par le caractère exceptionnel des épisodes pluvieux de cette année 2024 dans cette partie du pays, et même cette partie de l’Afrique (en regardant ce qui se passe au même moment au Tchad, au Nigeria etc.), sur le plan de l’abondance des précipitations et de leur distribution temporelle. En d’autres termes, il pleut abondamment et un peu plus que la normale cette année dans cette région, mais en moins de temps que d’habitude. Ainsi, les indices du nombre de jours de fortes précipitations ou de très fortes précipitations sont en augmentation (ce que nous appelons techniquement des pluies exceptionnelles). Et cette forte concentration pluviométrique, couplée aux autres facteurs déterminants au niveau du sol (topographie, modes d’aménagement, nature des sols etc.), contribue assez significativement à ce qui est vécu en ce moment, c’est à dire à la submersion assez fulgurante et longue des espaces par les eaux.

Avez-vous alerté les autorités camerounaises de la région sur ce qui se vit actuellement ?

Dans le cadre de la production des services climatologiques, c’est à dire des prévisions climatiques traduites dans le langage de leurs impacts potentiels sur les secteurs de développement, l’Onacc travaille en synergie avec les autorités sectorielles, tant au niveau central qu’au niveau déconcentré, de même qu’avec les partenaires au développement œuvrant dans le domaine de l’humanitaire, pour une meilleure exploitation des informations climatologiques à caractère prévisionnel mises à leur disposition. Et donc, que ce soit dans son bulletin saisonnier de prévision des paramètres climatiques des mois de septembre, octobre et novembre 2024, que ce soit dans ses différents bulletins de prévisions et d’alerte climatique décadaire (tous les dix jours), que ce soit même dans le Calendrier saisonnier multisectoriel 2024 de la Région de l’Extrême-Nord élaboré par l’ONG Action Contre la Faim (ACF) et les autres acteurs œuvrant dans l’humanitaire dans cette Région (FAO, OCHA, CRC, etc.) avec l’appui technique de l’Onacc, des informations de référence ont souvent été véhiculées, afin d’attirer l’attention des différents acteurs et éclairer leurs décisions pour une meilleure planification des actions anticipatoires. Et, fort du retour que nous avons, ainsi que des prévisions d’impacts, nous pensons que ces informations sont plutôt utilisées de façon optimale jusqu’ici, sinon le bilan humain (pour ne prendre que ce volet) serait plus lourd que ce qu’il n ‹est jusqu’ ici.

Comment selon vous, en quelques étapes, il faudrait procéder pour apporter un secours efficace aux populations ?

Du point de vue de ses missions, l’Onacc ne saurait apporter une réponse complète à cette question, au regard de la pluralité des acteurs impliqués tant en amont qu’en aval de l’encadrement ou de l’assistance des populations, dans la limite des missions et compétences de chacun. Toutefois, dans ce processus, l’une des étapes clés reste incontestablement la préparation, qui permet de planifier des actions anticipatoires en prévision du risque. Or, sous le prisme des missions de l’Onacc, la mise en œuvre de cette étape requiert des informations et données fiables sur la situation climatique qui prévaudra dans un espace donné du territoire national, a une période donnée. Cette connaissance de la situation climatique annoncée et des risques associés aide ainsi à mieux planifier les opérations qui pourraient être menées au cas où les aléas climatiques annoncés venaient à se produire sur le terrain. C’est la connaissance (et la prévision) du risque. Le même cheminement est valable dans la phase d’intervention, qui consacre la mise en œuvre effective des actions anticipatoires élaborées en prévision des risques.

Quelles sont les prévisions dans les jours à venir et des conseils pratiques ?

Pour les prochains jours, d’après le bulletin de Prévisions et d’alertes climatique décadaire de l’Onacc (que vous pouvez obtenir sur son site web ), il est annoncé une continuité de la situation pluviométrique déjà observée durant ces derniers jours dans la zone cible, entre autres, avec toutefois une relative diminution par rapport aux dix derniers jours (ce qui ne veut pas dire pour autant que le danger est déjà derrière nous, car avec la saturation actuelle des sols en eau dans cette partie du pays et avec l’occupation des espaces (surfaces) par les eaux jusqu’ici, la moindre pluies peut contribuer à exacerber le phénomène des inondations. D’où la vigilance permanente que nous ne cessons de recommander aussi bien aux populations elles-mêmes, mais aussi aux acteurs institutionnels (publics et privés) qui en assurent l’encadrement au quotidien en cette période difficile. Sur le plan pratique, les autorités en charge de la Protection Civile sont à pied d’œuvre, et l’ONACC (pour sa part) n’est là que pour continuer de mettre à leur disposition les informations climatiques à caractère prévisionnel utiles pour éclairer le processus de prise de décision dans les différentes interventions.

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