Les employés d’Eneo Cameroun se montrent préoccupés par les parts qui leur reviennent dans le capital social de l’entreprise. Cette inquiétude tient des informations relayées depuis au moins un mois par certains média au sujet d’un deal en négociation entre l’Etat du Cameroun et le fonds d’investissement britannique Actis. D’après ces informations, l’Etat qui contrôle 44% du capital d’Eneo souhaiterait reprendre les 51% détenus par Actis.
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Le collectif des organisations syndicales présentes au sein d’Eneo s’interroge sur l’avenir de leurs placements. Leur représentant a adressé leurs préoccupations au Directeur Général d’Eneo à l’occasion de la célébration de la fête du Travail il y a quelques jours à Douala. « Monsieur le Directeur Général, les travailleurs et travailleuses de notre entreprise voudraient être informés de l’avenir de l’entreprise à la suite des informations relatives aux négociations qui seraient en cours entre l’état du Cameroun et l’actionnaire stratégique et majoritaire qui est ACTIS, et ceci en vue d’un rachat des parts qu’il détient dans le capital de l’entreprise ENEO », a indiqué Alexis Makembe.
Cette préoccupation est importante aux yeux de ces travailleurs surtout qu’ils ont par le passé bataillé pour obtenir cette part qui leur avait été attribuée dans le contrat de concession du service public de l’électricité au Cameroun de 2001. AES, le concessionnaire de l’époque n’avait jamais rétrocédé au personnel 5% de ses 56% jusqu’à l’arrivée d’Actis. Ce n’est qu’en 2017, quatre ans après la reprise des actifs d’AES par Actis que le personnel d’Eneo a pris le contrôle de 5% du capital de l’entreprise.
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Les travailleurs du secteur de l’électricité, tout en questionnant la nouvelle géographie du capital annoncée, appellent à la prise en compte de leurs intérêts. « On aimerait comprendre les motivations de ce revirement à 190° soit par l’Etat du Cameroun ou de l’actionnaire majoritaire. Ce changement de paradigme n’est-il pas le résultat du non- respect des engagements pris par l’un des acteurs ? Ou alors s’agit-il des contre-performances de l’entreprise ? Dans tous les cas, les travailleurs souhaitent vivement que leur représentant soit pleinement impliqué dans ce processus tout en espérant que leurs intérêts seront préservés et que lesdites négociations trouveront un dénouement rapide et heureux ».
Le représentant des employés a également interpellé le management sur le fait qu’ils n’ont jamais perçu les dividendes de leurs actions portés par GIC-P ENEO. Il a en outre évoqué les difficultés liées à l’application de la nouvelle convention collective adoptée fin 2022. Des doléances ont également été faites entre autres sur le contrat d’assurance, la prime de risque, la prise en compte du contexte inflationniste dans la revalorisation des salaires.
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Source : Defis Actuels no 765 du 4 au 7 mai 2023