Depuis plusieurs années, la rareté des pièces de monnaie dans les économies de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) est un frein aux transactions courantes. Au Cameroun, comme dans d’autres pays de cette zone, les petites coupures de 25, 50 et 100 francs CFA sont indispensables pour les échanges quotidiens, notamment dans les secteurs du commerce de détail. En réponse à cette situation critique, la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac) vient de trouver une solution pour faciliter la réinjection de pièces de monnaie dans le circuit économique.
À Douala, le chef de l’agence locale de la Beac, Armand Lengué Koum, a récemment invité dans un communiqué, les grands commerces à échanger leurs billets contre des pièces de monnaie. Cette opération, programmée tous les lundis, mardis et mercredis de 7 h à 10 h, cible en priorité les pharmacies, supermarchés, boulangeries et autres établissements de vente au détail.
L’objectif de cette démarche, selon les autorités bancaires, est de lutter contre la pénurie persistante de pièces de monnaie qui affecte particulièrement la capitale économique du Cameroun. Cette initiative s’inscrit dans le cadre d’une directive émise par Yvon Sana Bangui, gouverneur de la BEAC, en août 2024. Dans la circulaire publiée au cours du même mois, le gouverneur déplorait la faible dissémination des pièces de monnaie, malgré un approvisionnement important en pièces de la gamme 2006, soit 150 millions de pièces de monnaie.
LES RAISONS DE LA PÉNURIE
La pénurie de pièces de monnaie trouve en partie son origine dans des réseaux d’exportation clandestins. Des circuits informels, notamment les salles de jeux, sont utilisées pour collecter ces pièces avant de les exporter vers des pays asiatiques, où le métal entrant dans leur composition est utilisé dans la bijouterie. Pour contrer ce phénomène, la Beac prévoit de lancer une nouvelle gamme de pièces de monnaie, fabriquées à partir d’un matériau moins attractif pour les usages non monétaires. Ce projet, qui s’étendra sur une période de cinq ans, nécessitera un investissement considérable, du fait du coût élevé des matières premières.