Pénurie de carburant : l’inévitable hausse des prix

Alors que les cours mondiaux du pétrole ne cessent de grimper et que la facture devient insoutenable pour le trésor public, le gouvernement songe à réduire voire supprimer la subvention des prix du carburant à la pompe

carburant
station service

Le gouvernement va –t-il se résoudre à augmenter les prix du carburant à la pompe ? Au fil des jours, plusieurs indices laissent croire que cette hypothèse est beaucoup plus probante. Que ce soit le discours officiel, les interpellations du Fond Monétaire International ou encore le cout élevé de la subvention des prix du carburant à la pompe. Selon les données révélées il y a quelques semaines par le ministre de l’Eau et de l’Énergie (Minee), Gaston Eloundou Essomba, la facture de la subvention des prix du carburant à la pompe est devenue insupportable pour les caisses de l’Etat. Pour le seul premier semestre 2022, l’État du Cameroun a dépensé 317 milliards de francs CFA pour garantir la subvention à la consommation des produits pétroliers à la pompe. Toujours selon le ministre de l’Eau et de l’Énergie, pour le mois de juin 2022, l’enveloppe des subventions supportées par l’Etat s’élève à 80 milliards de francs CFA. Sur la foi des chiffres officielles, l’on se rend à l’évidence que l’enveloppe destinée à subventionner les prix à la pompe en 2022 dépassera largement les 480 milliards de francs CFA prévus dans la loi de finances rectificative validée en juin dernier par le parlement. L’enveloppe réelle se rapproche plutôt des 672 milliards de francs CFA annoncés par le ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana, au cours d’une conférence de presse organisée le 30 mars 2022 à Yaoundé.


Face à cette situation qui met en mal les caisses de l’Etat, le ministre des Finances Louis Paul Motaze n’écarte plus l’hypothèse d’une hausse des prix du carburant à la pompe. « (…) Lorsque nous regardons les recettes supplémentaires que nous avons engrangées grâce à l’envolée du prix du baril, nous sommes en gros entre 244 et 246 milliards de francs CFA (…) Vous engrangez 246 milliards de francs CFA, mais les dépenses pour soutenir les prix à la pompe tournent autour de 500 à 600 milliards de francs CFA. Donc, il faut chercher la différence. Et c’est ce que nous sommes en train de faire. La question qui se pose est celle de savoir si cela peut durer longtemps. Personnellement, je pense que non. Il faut être réaliste. Ce n’est pas soutenable à long terme. Il y a donc une réflexion à mener», avait déclaré le ministre Motazé, le 7 juillet 2022 à Douala, au cours de l’Africa Banking Forum.

« (…) Lorsque nous regardons les recettes supplémentaires que nous avons engrangées grâce à l’envolée du prix du baril, nous sommes en gros entre 244 et 246 milliards de francs CFA (…) Vous engrangez 246 milliards de francs CFA, mais les dépenses pour soutenir les prix à la pompe tournent autour de 500 à 600 milliards de francs CFA. Donc, il faut chercher la différence. Et c’est ce que nous sommes en train de faire. La question qui se pose est celle de savoir si cela peut durer longtemps. Personnellement, je pense que non. Il faut être réaliste. Ce n’est pas soutenable à long terme. Il y a donc une réflexion à mener»

Louis Paul Motaze, Minfi


A son tour, la directrice générale de la Société Camerounaise des Dépôts Pétroliers (Scdp) Véronique Moanpea est également revenue sur l’importance de cette enveloppe destinée aux subventions des produits pétroliers. Interrogée sur la question d’une éventuelle hausse des prix du carburant à la pompe, Véronique Moanpea a expliqué qu’il « s’agit d’une décision souveraine du président de la République. Pour le moment, le gouvernement est en train de supporter la facture…et il saura prendre des décisions importantes le moment venu », a-t-elle indiqué lundi dernier lors d’une interview accordée dans Les Matinales de la Crtv.


La pression du FMI


L’hypothèse d’une hausse des prix du carburant est désormais plus envisageable ce d’autant plus que depuis plusieurs mois, le Fond Monétaire International ne « s’embarrasse plus de diplomatie » pour exiger une augmentation des prix du carburant. L’Institution de Breton Wood a d’ailleurs exigé que d’ici janvier 2021, les autorités camerounaises affichent les prix réels du carburant à la pompe. «Le FMI ne s’embarrasse pas de diplomatie pour faire savoir au gouvernement que les subventions actuelles plombent la réalisation et l’atteinte des objectifs qu’il se fixe et surtout l’évolution sereine du programme économique et financier qu’il a conclu en juillet 2021 et qui va lui permettre de capter d’importants appuis budgétaires. Si la courbe que l’on observe actuellement évolue à la vitesse des quatre derniers mois, la facture pourrait être plus insoutenable en fin d’année », avait indiqué un responsable du FMI lors d’un séjour au Cameroun dans le cadre de la revue des accords au titre de la facilité élargie de crédit et du mécanisme élargi de crédit.


Si le gouvernement venait à consentir une hausse des prix du carburant à la pompe. Calculette en main, le litre de super vendu à 650 francs CFA, pourrait se situer à 1293 francs CFA. Le litre de gasoil qui coute 572 francs CFA pourrait grimper à 1153 francs CFA et le litre de pétrole lampant qui s’achète à 350 francs CFA pourrait désormais s’obtenir à 908 francs CFA.

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