Marc Brys n’a pas dérogé à sa tradition. Il a (presque) pris les mêmes pour recommencer. 25 joueurs convoqués pour les deux dernières rencontres des éliminatoires de la Coupe du monde 2026. Dans les buts, André Onana et ses deux compagnons Simon Omossola et Devys Epassy. En défense, Ngadeu Ngadjui, Jean Charles Castelleto, Nouhou Tolo, Jackson Tchatchoua, auxquels se sont Junior Tchamadeu, Malcom Bokele, Nagida Mahamadou. Tout comme la même ossature en milieu où Zambie Anguissa, Martin Hongla et Baleba. L’attaque sera l’affaire de Vincent Aboubakary, Choupo Moting, Nkoudou, Étranger Eyong.
Parmi les titulaires de titres fonciers, seul Christopher Wooh manque à l’appel. Mais Marc Brys peut compter sur une jeune garde qui se montre prête à relever le défi. C’est donc à cette équipe remaniée que repose le destin du Cameroun sur la route de la Coupe du monde 2026. En raison d’une défaite concédée au Cap Vert (1-0) lors de la 8ème journée, les Lions indomptables sont classés 2ème derrière leur bourreau capverdien qui les devancent de quatre points. Les Lions indomptables sont condamnés à ne plus perdre, pour espérer une seconde place qui pourrait être qualificative pour le tournoi de repêchage. Ile Maurice et Angola attendent le Cameroun respectivement le 8 et le 13 octobre prochain.
ACHILLE BASSILEKIN III, Ministre des Petites et Moyennes Entreprises, de l’Économie Sociale et de l’Artisanat
Défis Actuels : Monsieur le Ministre, dans le contexte de mise en œuvre de la politique d’import substitution, quelles sont les mesures prises par votre département ministériel en soutien à cette dynamique ?
ACHILLE BASSILEKIN III : De prime abord, il convient d’indiquer que le Gouvernement a fait de la politique d’import-substitution et de promotion des exportations, un axe majeur de la Stratégie Nationale de Développement 2020-2030. Bien plus, au cours de son adresse à la Nation le 31 décembre 2022, le Président de la République S.E Paul BIYA a réitéré avec emphase cette vision quand il déclare, je cite : « Nous devons nous atteler à réduire nos importations et à accroître le volume de nos exportations en augmentant la production locale, si nous voulons relever le défi de la croissance ». A l’écoute de cet extrait, le département ministériel dont j’ai la charge a été davantage conforté dans les initiatives opérées au cours de l’année 2022, dont les objectifs étaient en droit fil de cette prescription présidentielle. En effet, le MINPMEESA a réalisé des études dans les secteurs sanctuaires de l’Agro-industrie, des Forêts-Bois ainsi que du Coton-Textile-Confection-Cuir, qui ont permis de comprendre les difficultés rencontrées par les PME, les Unités de l’Économie Sociale et les artisans (PMEESA) opérant dans lesdits secteurs.
Au terme des études conduites, les actions ci-après ont été entreprises : Pour ce qui est du secteur de l’Agro-industrie, il a été mis en place un Programme. Il s’agit du PAD-PME qui est une mutation de l’ancien PACD-PME. L’objectif de ce Programme est de contribuer au développement d’un tissu compétitif de PME de transformation et de conservation des produits locaux, à travers un appui technique visant à rendre bancables leurs projets et à leur apporter un accompagnement pour l’accès au financement, en vue de l’acquisition des équipements et des outils de production modernes.
En ce qui concerne le secteur Forêt-bois, le MINPMEESA a entrepris d’accompagner les Communes d’Edéa, Lomié et Sangmélima à la mise en place des parcs industriels spécialisés bois (PIS-bois), afin de favoriser la transformation poussée des grumes et de rendre disponible les produits comme les meubles, les panneaux et les portes. S’agissant du Coton-Textile-Confection-Cuir, le département ministériel s’est engagé dans un vaste chantier pour sa structuration autour de certaines CTD, à l’effet d’accompagner nos cibles dans l’installation des Zones Économiques Spécialisées. De façon générale, en termes d’accroissement de l’offre des produits manufacturiers Made in Cameroon, un peu plus de 3.384 PMEESA ont été mis en réseau, dans un écosystème de production plus structuré et dynamique à travers le renforcement des capacités techniques de leurs interprofessions.
Enfin, il convient d’ajouter que plus de 500 PME et artisans ont été accompagnés à la normalisation et à la certification des procédés de production, d’étiquetage et d’emballage avec pour objectif, d’accroître la visibilité de leurs produits ainsi que leur compétitivité sur les marchés locaux et internationaux.
Défis Actuels : L’entrepreneuriat jeune est une de vos priorités. Comment promouvoir la vocation et l’élan entrepreneurial chez les jeunes ? Quelles sont les mesures mises en œuvre dans ce sens par le MINPMEESA ? Et quels en sont les premiers acquis ?
ACHILLE BASSILEKIN III : Au MINPMEESA, nous avons fait de l’entrepreneuriat jeune l’une de nos priorités stratégiques, en adoptant une approche multidimensionnelle pour promouvoir les jeunes entrepreneurs. Ainsi, nous avons accéléré :
Le Renforcement des capacités/formation-accompagnement sur mesure avec le déploiement des programmes comme EMPRETEC, PE2MJ, PMTIC, etc., qui offrent des modules de formation certifiant en esprit d’entreprise ciblant les jeunes.
L’accès aux financements innovants, d’une part avec des dispositifs de fonds d’amorçage comme le Fonds-Proto, les subventions aux structures d’incubation, ou des programmes de cofinancement qui réduisent les risques pour les investisseurs et les banques, permettant ainsi aux jeunes entrepreneurs de réaliser leur projet entrepreneurial.
Le Renforcement de la culture entrepreneuriale et de l’esprit d’entreprises dont les actions reposent essentiellement sur la formulation des réformes sur les politiques entrepreneuriales (le Programme National d’Incubation –PNI-, le Programme de Promotion de l’Entrepreneuriat chez les Femmes et les Jeunes au Cameroun -PPEFJC-, la formulation du Plan National de Développement de l’Entrepreneuriat au Cameroun -PNaDEC-). Mais aussi, l’accompagnement à la mise en place des structures d’incubation publiques et privées, à l’effet de soutenir la transformation des idées de projets des jeunes en entreprises viables et bancables, la dynamisation des « Clubs entrepreneuriat » dans les lycées et collèges et Centres de formation professionnelle, ainsi que l’organisation de campagnes de sensibilisation, de concours/appels à projets, pour stimuler la créativité des jeunes et le réseautage avec d’autres acteurs. Enfin, l’organisation régulière des évènements scientifiques dédiés tels que le Colloque International sur la diffusion de culture entrepreneuriale organisé en octobre 2024, dont les objectifs étaient entre autres de structurer et de diffuser la culture entrepreneuriale dans tous les segments de la société, de renforcer l’écosystème éducatif pour intégrer l’entrepreneuriat dès les premiers niveaux d’enseignement et enfin de créer une masse critique de jeunes créateurs de richesses pour soutenir les ambitions d’émergence du Cameroun. Cette rencontre internationale a eu le mérite de i) mobiliser les jeunes autour de l’entrepreneuriat comme levier d’insertion socio-économique, ii) de renforcer les synergies entre les universités, les incubateurs et les entreprises, iii) d’encourager les jeunes à adopter une posture proactive et créative dans la création d’entreprise.
Partenariats stratégiques et synergies d’actions avec le Ministère chargé de la jeunesse (MINJEC) où plusieurs leviers de collaboration ont été mis en place à l’instar de la collaboration avec des organismes de formation comme l’AUF, la PNPE d’Edéa pour renforcer les compétences entrepreneuriales des jeunes, la participation conjointe à des programmes gouvernementaux à l’instar de la mise en place du Fonds de Garantie aux Jeunes Entrepreneurs prescrit par S.E.M. le Président de la République, pour faciliter l’accès au crédit bancaire, l’accompagnement des jeunes dans les incubateurs spécialisés en vue de la maturation de leur projet entrepreneurial, sans oublier la valorisation des success-stories pour inspirer les jeunes et renforcer leur engagement à l’esprit d’entreprise. En définitive, je dois dire à date, que ces mesures combinées ont permis d’enregistrer des acquis significatifs et encourageants avec entre autres, une meilleure structuration des cibles et instruments qui promeuvent l’entrepreneuriat (mise en place d’un cadre réglementaire sur l’incubation d’entreprise au Cameroun et cartographie de 91 structures d’incubation (22 publiques, 69 privées), un accroissement du nombre de projets de jeunes financés, un renforcement des compétences techniques et managériales (plus de 42000 jeunes bénéficiaires), ainsi qu’une croissance tangible du nombre de création d’entreprises et d’emplois générés par les jeunes entreprises (21132 entreprises créées en 2024 contre 19651 en 2023, dont 9488 par des jeunes). Ce modèle intégré de politique, qui combine financement, formation, incubation et partenariats, doit permettre de consolider ces initiatives sur le moyen terme pour positionner le Cameroun parmi les pays les plus innovants et compétitifs en matière d’entrepreneuriat jeune. Ceci, grâce à la présence d’un véritable écosystème entrepreneurial, capable de rivaliser avec les standards internationaux tout en répondant aux réalités locales.
Défis Actuels : Quelles solutions mettez-vous en place pour lever les obstacles au financement des PME, TPE, artisans ?
ACHILLE BASSILEKIN III : Le MINPMEESA met en œuvre plusieurs solutions innovantes et structurantes pour lever les obstacles au financement des PME, TPE et artisans au Cameroun. Celles-ci visent entre autres à réduire les délais de paiement, améliorer la solvabilité des PMEESA, et stimuler leur croissance dans un environnement financier souvent contraignant. C’est ainsi que dans le cadre de la mise en place des mécanismes de financement innovants en faveur de nos cibles, une plateforme numérique nommée BLUPASS a été lancée par le MINPMEESA en 2023, en partenariat avec la Société Camerounaise d’Equipement ciblant principalement les PME opérant dans divers secteurs tels que le commerce, la distribution, la fabrication, les brasseries, le transport maritime et l’industrie métallurgique.
Son objectif est de faciliter l’accès au financement, d’aider à l’externalisation de la gestion des créances et la protection contre les impayés, mais aussi d’améliorer le recouvrement des créances pour les TPE et PME camerounaises. Le mécanisme principal utilisé par Blupass est l’affacturage, un procédé financier encadré par la loi n°2014-6 du 23 avril 2014 au Cameroun.
Par ailleurs, il faut noter que le Président de la République, soucieux des difficultés que rencontrent les PMEESA en matière d’accès aux financements, a initié en 2013 la mise en place la Banque Camerounaise des Petites et Moyennes Entreprises (BC-PME). Depuis sa création, la BCPME a réalisé en termes de production de crédit environ 75 Milliards de Fcfa et dispose de près de 4000 PME dans son portefeuille. En outre depuis 2021, un guichet agricole pour le financement des PME agricoles est opérationnel dans cette institution bancaire. Dans la perspective de faire de la BC-PME un acteur central du financement des Petites et Moyennes Entreprises, une stratégie de repositionnement est actuellement en cours, visant à renforcer son rôle en tant que véritable banque de développement dédiée aux PME.
Journée patrimoniale de la Région de l’Est au Musée National à Yaoundé
Cette démarche s’inscrit dans une volonté de consolidation de ses missions, afin d’élargir son champ d’intervention, de diversifier ses produits financiers et de mieux répondre aux besoins spécifiques des entreprises en croissance. Il convient également de faire mention des lignes de financement en faveur des PME négociées auprès de certains Partenaires Techniques et Financiers (BEI, BADEA-PNUD, BID), à hauteur de 50,9 Milliards de FCFA et qui sont aujourd’hui placées dans certaines Banques locales. Enfin, les start-ups ne sont pas en reste. En effet, ces derniers au regard de leur faible capacité à apporter des garanties auprès des banques qui contraste sans doute avec leur potentiel exceptionnel de croissance sont accompagnés à travers des fonds de prototypage et des fonds d’amorçage avec pas moins de 2,124 milliards FCFA de subvention accordée aux centres d’incubation.
Défis Actuels ; Les petits entrepreneurs camerounais font également face aux problèmes d’accès aux marchés, d’arrimage aux normes, de packaging, etc. Quels soutiens leur apporte le Gouvernement dans ce registre ?
ACHILLE BASSILEKIN III : Dans le cadre des réponses plurielles du Gouvernement visant l’accompagnement optimal des entrepreneurs, plusieurs actions ont été engagées à travers un processus global qui intègre les questions liées à l’amélioration de la qualité de leurs produits en termes d’accès aux normes, aux packagings et à la certification, aux fins de garantir leur compétitivité dans les marchés locaux et internationaux. Outre les initiatives conjointes que le MINPMEESA mène de concert avec l’ANOR, pour intégrer dans l’esprit de nos acteurs la culture de la qualité et l’accompagnement à la certification et à la démarche qualité de leurs produits, mon département ministériel a signé en 2020, une convention de partenariat avec le Laboratoire National de Contrôle de Qualité des Médicaments et d’Expertise (LANACOME), en vue de garantir l’innocuité des produits en vente destinés à la consommation au Cameroun. Cette convention s’articule autour de plusieurs piliers essentiels à savoir, le contrôle de la qualité, à travers un système national d’évaluation de la conformité des produits de nos entrepreneurs ; le renforcement des capacités institutionnelles nationales de management en la matière ; le développement des compétences locales susceptibles d’accompagner efficacement nos entreprises dans la démarche qualité. S’agissant des aspects liés à l’amélioration du packaging et du conditionnement des produits, l’Agence de Promotion des PME a adressé cette problématique dans le cadre du programme Cameroon Food Packaging and Quality (CAPMACK-Q).
En outre, dans le cadre de la mise en œuvre du Plan Intégré d’Import-Substitution Agropastoral et Halieutique (PIISAH) en 2025, le MINPMEESA est à pied d’œuvre pour accompagner plus d’une centaine d’entrepreneurs des filières par ledit programme. Cet accompagnement se traduit par des appuis multiformes notamment l’encouragement d’installation d’unités de transformation dans les bassins de production désenclavés, la promotion des zones agro-industrielles pour la valorisation locale des matières premières (maïs, manioc, riz, sorgho, mil, soja, huiles raffinées, lait, produits halieutiques), l’encadrement de nos cibles pour la mise aux normes de leurs produits (hygiène, sécurité alimentaire, certification), l’octroi des subventions en vue de l’acquisition d’équipements de transformation pour les produits locaux (presses à huile, broyeurs, séchoirs, etc.) ainsi que la structuration des interprofessions pour améliorer la gouvernance des filières et la mutualisation des ressources. En termes de perspectives, en ce qui concerne l’appui à la certification et à la normalisation des produits des PMEESA, des réflexions sont en cours pour la mise en place par le Gouvernement, d’un Fond d’appui spécial dédié à la certification des produits des petits entrepreneurs.
Défis Actuels : Où en est la structuration du secteur de l’artisanat et la formalisation des artisans ?
ACHILLE BASSILEKIN III : La politique de structuration de l’artisanat et de formalisation des artisans prend ancrage dans la Loi N° 2007/004 du 03 juillet 2007 régissant l’artisanat au Cameroun. Cette loi définit l’artisanat, l’artisan, l’entreprise artisanale et les métiers des trois secteurs de l’artisanat que sont l’artisanat d’art, l’artisanat de production et l’artisanat de service. Elle précise également les différents services et avantages déterminés par la réglementation en vigueur auxquels les artisans et les entreprises artisanales peuvent prétendre. En outre, le Décret N°2010/2996/PM du 03 novembre 2010 fixe les modalités d’application de la loi précitée, en mettant une emphase sur la structuration du secteur et la formalisation des acteurs. Dans le cadre de la mise en œuvre de toutes ces dispositions, le MINPMEESA de concert avec toutes les parties prenantes a engagé des réflexions qui ont abouti à l’élaboration d’un Plan de structuration des filières dont le processus est en cours de validation dans les Services du Premier Ministre.
En outre, des actions allant toujours dans le sens de la structuration se poursuivent actuellement dans les communes avec le regroupement des artisans dans les différents métiers dédiés, aux fins d’induire le développement de leurs chaînes de valeur, d’améliorer les conditions de travail de cette cible et in fine de mieux capter leur contribution dans le PIB. Les travaux d’élaboration des listes des métiers artisanaux ont abouti à la formulation de la nomenclature des métiers artisanaux qui est également disponible au sein du Département pour appuyer cette dynamique de structuration. S’agissant de la formalisation des artisans, le Département après avoir doté les communes du matériel informatique pour l’enregistrement des artisans par filières et par métiers dans les registres dédiés, a bénéficié de l’appui technique du BIT pour la formulation d’une feuille de route arrimée aux standards internationaux en vue de la formalisation des entreprises artisanales, des artisans et de leurs travailleurs. Par la suite aux fins de réduire l’ampleur du secteur informel chez cette catégorie d’acteurs, le bulletin de formalisation pour les entreprises artisanales a été produit dans les Centres de Formalités de Création des Entreprises (CFCE) et dans les Bureaux Communaux des Artisans (BCA) en ce qui concerne les artisans.
ACHILLE BASSILEKIN III, Ministre des Petites et Moyennes Entreprises, de l’Économie Sociale et de l’Artisanat et CELESTIN TAWAMBA, président du Groupement des entreprises du Cameroun (Gecam)
En outre, en vue d’optimiser les résultats de cette démarche, le MINPMEESA a doté les Mairies de 850 guides pratiques de l’agent communal chargé de l’enregistrement des artisans dans les BCA. Par ailleurs, un manuel d’accompagnement des artisans à la tenue de la comptabilité simplifiée, conformément à l’une des recommandations de la loi OHADA, relative au processus de formalisation a été produit pour une gestion harmonisée et transparente de l’activité de ces derniers. Enfin, une étude sur la mise du plan « train MyGeneration » a été réalisée et des démarches sont en cours auprès des partenaires au développement pour la certification technique des travailleurs du secteur informel en vue de garantir une migration réussie de ces acteurs dans le circuit formel.
Défis Actuels : Quelle politique de promotion de la sous-traitance au bénéfice des PME camerounaises ? Et quels sont les premiers résultats ?
ACHILLE BASSILEKIN III : Avec la promulgation récente de la Loi n°2025/010 du 15 juillet 2025 portant régime de la sous-traitance au Cameroun, l’activité de la sous traitance a connu un tournant décisif pour le développement et la protection des PME camerounaises. En effet, cette loi s’inscrit dans une logique de souveraineté économique, en cohérence avec le PIISAH et la politique d’import-substitution, visant à renforcer les capacités locales et à réduire la dépendance aux multinationales. Sur le plan de la protection juridique et contractuelle des PME, elle assure un encadrement strict des contrats de sous-traitance en définissant clairement les obligations des parties, les modalités de rémunération et les sanctions en cas de non-respect.
Un point d’honneur est également mis sur la préférence nationale obligatoire où désormais tous les projets structurants doivent prioriser les PME locales (au moins 51 % de capital détenu par des nationaux). En outre, cette loi assure la sécurisation financière des PME avec notamment l’exigence de l’avance obligatoire de 30 % avant démarrage des travaux, versée par l’entreprise principale à la PME sous-traitante, un délai de paiement plafonné à 60 jours ouvrables, avec un maximum légal de 90 jours, les sanctions financières en cas de retard de paiement : pénalités administratives et intérêts moratoires. Il faut noter également le renforcement de la compétitivité des PME à travers le transfert de compétences technologiques des grandes entreprises vers les PME, l’accès facilité aux marchés publics et privés, avec obligation de publication annuelle des montants versés aux sous-traitants, sans oublier les incitations fiscales et douanières pour les PME engagées dans la sous-traitance. Les premiers résultats de la mise en œuvre de cette loi pourront s’observer à travers l’amélioration du climat des affaires relativement aux aspects liés à la transparence dans les marchés de sous traitance où désormais les entreprises publiques et privées sont tenues de publier la liste de leurs sous-traitants et les montants versés, renforçant la traçabilité et la confiance.
Avec cette loi, on pourra également observer la hausse des opportunités d’affaires pour les PME locales dans les projets d’infrastructures, grâce à l’obligation de réserver 40 % en valeur des prestations de ces projets à la sous-traitance locale. On pourra également observer la diminution des préfinancements forcé par les sous-traitants, évitant ainsi des faillites liées aux retards de paiement.
Défis Actuels : Quels sont les buts et contenus de la convention de partenariat entre votre département ministériel et le réseau des Maires du Cameroun pour l’Economie Sociale et Solidaire ? Avons-nous déjà quelques retombées ?
ACHILLE BASSILEKIN III : La transformation structurelle de l’économie est au cœur de la SND30 où il est question pour le Gouvernement d’actionner tous les leviers qui concourent à l’atteinte de la vision d’émergence du Cameroun. Le secteur de l’économie sociale et solidaire n’est pas en reste. A cet effet, le MINPMEESA s’emploie à structurer les acteurs par le biais de leur mise en réseau et des accompagnements divers, afin de booster la création de plus de richesses et d’emplois porteurs de croissance. C’est donc dans cette perspective et au regard de l’ancrage territorial des organisations de ce secteur que nous avons signé le 22 juin 2023, une convention de collaboration avec le Réseau des Maires du Cameroun pour l’Economie Sociale et Solidaire (REMCESS).
Ladite convention fixe les modalités de collaboration entre le département ministériel dont j’ai la charge et le REMCESS en matière d’encadrement des acteurs, de promotion et de développement de l’économie sociale. Les domaines de collaboration couverts par ladite convention sont entre autre, l’appui à l’enregistrement, à la structuration, à la professionnalisation et au renforcement des capacités des Unités de l’Economie Sociale (UES) ; le soutien au développement des structures d’accompagnement et des dispositifs territoriaux d’appui à l’innovation et aux entreprises sociales ; l’encadrement et la promotion des activités des réseaux locaux d’économie sociale et l’échange d’informations et renseignements utiles à la mise en œuvre conjointe et satisfaisante des activités prévues par la convention. En ce qui concerne les retombées, elles sont nombreuses. Nous pouvons citer entre autres, la Co-organisation entre mon département ministériel, le REMECESS et d’autres acteurs de l’économie sociale du Tout premier Forum Africain de l’Economie Sociale et Solidaire (FORA’ESS), du 28 au 30 mai 2024 au palais des congrès.
Forum qui nous a permis de mettre en lumière le modèle Camerounais de structuration auprès des 2000 participants venus de 32 pays d’Afrique et d’ailleurs. Cette dynamique de structuration en elle-même constitue également un résultat positif à mettre au crédit de cette convention, dans ce sens qu’à travers nos efforts conjoints, nous avons pu mettre en place 316 Réseaux Locaux d’Economie Sociale (RELES) au niveau des communes, 54 Réseaux Départementaux (REDES) et 09 Réseau Régionaux (RERES). Nous pouvons également souligner comme résultat positif de cette convention, une appropriation par les maires du concept de l’économie à travers des sessions de formations que nous organisons de manière conjointe à leur endroit chaque année. Il est également à souligner l’organisation des marchés dont la prise en charge des acteurs est assurée par les CTD.
Défis Actuels : Une de vos missions consiste en la constitution d’une banque de données et de projets à l’intention des investisseurs dans le secteur des Petites et Moyennes Entreprises et de l’artisanat. Quelles sont vos réalisations dans ce domaine ?
ACHILLE BASSILEKIN III : Il faut souligner que le MINPMEESA a mis en place en 2021 une plateforme en ligne de gestion de la banque des projets. Cet outil centralise les besoins en financement exprimés par les PMEESA à travers des projets. Les projets inscrits dans cette plateforme font l’objet d’un accompagnement à la maturation à travers les services internes du MINPMEESA et ceux de l’Agence des Petites et Moyennes Entreprises pour qu’à terme, nous disposions d’un portefeuille de projets crédibles et bancables. Il convient de noter que le MINPMEESA ambitionne à travers la banque de projet de mettre à la disposition des banquiers et des bailleurs de fonds, un outil efficace permettant de réduire l’asymétrie d’information et de connaissance avec les promoteurs des projets, facilitant par conséquence leur accès aux crédits. C’est d’ailleurs dans la perspective d’organiser un écosystème incitatif autour de ladite banque de projet que le MINPMEESA a signé récemment une convention avec la BANGE Bank et d’autres conventions dans ce sens sont à venir dans les prochains mois.
Défis Actuels : Monsieur le Ministre quels sont les principaux indicateurs qui témoignent de la dynamique en cours dans les secteurs des Petites et Moyennes Entreprises, de l’Economie Sociale et de l’Artisanat ?
ACHILLE BASSILEKIN III : Trois principaux déterminants témoignent de la dynamique en cours au MINPMEESA pour renforcer la création des richesses et des emplois au Cameroun :
La promotion de l’entrepreneuriat innovant et social avec en perspectives l’organisation dans les prochaines semaines de plusieurs activités promotionnelles (Journées Nationales de la PME (JNPME) ; Journée des Micros, Petites et Moyennes Entreprises (JMPME) ; Journées de la Coopération et du Partenariat (JCP) ; Journées Nationales de l’Economie Sociale (JNES) ; Caravanes de sensibilisation des PME en vue de leur adhésion aux CGA ; la Semaine Mondiale de l’Entrepreneuriat au Cameroun (SMEC) ; ainsi que les Salons Régionaux et Départementaux de l’Artisanat. A l’issue de toutes ces activités, il est attendu en termes de densification du nombre des PME, des entreprises artisanales et des Organisations de l’Economie sociale, de porter le stock des PMEESA à 1 000 000 d’unités de production formelles, susceptibles de générer près de 560 000 nouveaux emplois directs. En matière d’incubation, notre ambition est d’inscrire l’activité d’incubation sur la voie de la spécialisation, à travers l’appui à la mise en place de 100 structures d’incubation spécialisées dans les secteurs prioritaires définis dans la SND30. L’objectif ici est de favoriser l’éclosion des PME innovantes du secteur de la transformation afin d’accroître substantiellement la valeur ajoutée manufacturière. S’agissant de la structuration des filières artisanales, il est envisagé la formalisation de plus de 10 filières, 45 corps de métiers et 301 métiers autour d’une Chambre des Métiers de l’Artisanat en vue de mieux valoriser le savoir-faire des artisans et renforcer leur contribution au PIB. En matière d’entrepreneuriat social, le processus de structuration des acteurs en cours sera consolidé, afin de faire des réseaux de l’Economie Sociale de véritables unités de production locales ; l’objectif étant d’aboutir à la mise en place de 360 unités de production collectives dans les Communes.
La mise en œuvre de la politique d’import-substitution, il est envisagé la mise en place de 03 Unités de Transformation Collective et de 10 petites unités individuelles de transformation agroalimentaire dans les Collectivités Territoriales Décentralisées, afin d’accroître la production des farines locales, d’huiles végétales, de riz et de lait. Les attentes portent sur 8611 tonnes de farine locale, 6965 tonnes d’huiles, 5400 tonnes de riz et 1440 tonnes de lait par an. Le Ministère entend également consolider le dispositif de soutien à la normalisation et à la certification des produits transformés par les PMEESA, et accompagner leur arrimage aux normes dans des filières clés telles que le maïs, le riz, l’huile de palme, le blé, le mil, le soja, le lait et les produits halieutiques. L’objectif étant d’accompagner 200 PMEESA au processus de certification de leurs produits. En outre, le MINPMEESA apportera son appui à l’implémentation d’une Zone Économique Spécialisée au niveau communal dans la Région de l’Adamaoua, dédiée à la transformation du coton. Plus de 3500 emplois sont envisagés ainsi que la production du textile et du fil pour le marché local. De même, la mise en place de Parcs Industriels Spécialisés dans la transformation du bois dans les Communes de Lomié, d’Edéa et de Sangmélima, permettra d’envisager la création de près de 16 000 emplois ainsi que le développement de chaines de valeur de la filière bois pour créer de la Valeur Ajoutée Manufacturière.
L’amélioration de l’accès au financement, il sera principalement question d’intensifier le plaidoyer auprès des institutions et partenaires financiers en vue de la mise à disposition des banques commerciales de lignes de financement au profit des PME ; d’œuvrer à l’opérationnalisation rapide du Fonds de promotion des PME et à la mise en place du Fonds spécial d’appui à la certification des produits locaux transformés par les PME ; de favoriser la mise en place des dispositifs légaux pour l’opérationnalisation des mécanismes des financements innovants et verts ; et d’accompagner la création et l’opérationnalisation de la Société de gestion des Fonds de garanties des crédits en faveur des PME.
Yaounde, Défis Actuels – Érigé sur une superficie de plus de 2 000 m², l’Hôtel des Finances d’Abong-Mbang, inauguré ce 2 octobre 2025 par le ministre des Finances Louis Paul Motaze. s’impose comme un véritable outil de proximité et un joyau architectural dans le département du Haut-Nyong. L’édifice abrite des installations de pointe, incluant 33 bureaux modernes, deux salles de réunion, et des équipements informatiques performants. Il regroupe désormais sous un même toit plusieurs services essentiels : le Contrôle financier départemental ; la recette des Finances, la Brigade mobile des douanes et le Centre de fiscalité locale et des particuliers.
Comme l’a souligné Joseph LE, Ministre de la Fonction publique et de la Réforme Administrative, ce bâtiment est « le symbole vivant de la volonté du Chef de l’État de rapprocher l’administration des citoyens » et de bâtir une gouvernance moderne au service du développement local. En offrant un cadre de travail rénové et fonctionnel aux agents publics, cette infrastructure assure une amélioration tangible de la qualité du service rendu et une efficacité accrue des services fiscaux et douaniers.
Un puissant levier de croissance régionale
Au-delà de l’aspect administratif, l’Hôtel des Finances d’Abong-Mbang est conçu comme un puissant levier économique. Il est destiné à stimuler l’économie locale en injectant des capitaux et en formalisant les échanges ; accroître la mobilisation des recettes par une meilleure organisation des services d’assiette ; accompagner les projets structurants de la Région de l’Est, souvent surnommée le « Soleil Levant».
Cette sollicitude du Grand argentier envers le département du Haut-Nyong est notamment justifiée par les résultats encourageants des services locaux. Les recettes fiscales ont atteint 160 millions de FCFA durant les neuf premiers mois de l’année, tandis que le recouvrement des taxes douanières affiche un taux impressionnant de 59,26 %. De même, les postes de péages et de pesage de la zone (Mbama, Djaglassi, Doume, Atok) ont totalisé 519 millions de FCFA en 2024. Pour le Ministre Louis Paul Motaze, « Ces chiffres démontrent à suffisance qu’il y a un grand potentiel ici à Abong Mbang qui nécessite que nos personnels bénéficient d’un confort plus affirmé. »
Une vague de modernisation à l’échelle nationale
L’inauguration d’Abong-Mbang s’inscrit dans un vaste programme de modernisation des infrastructures du ministère des Finances à travers tout le Cameroun. Louis Paul Motaze a annoncé que ce bâtiment est le premier d’une longue série d’ouvrages destinés à transformer l’environnement de travail des fonctionnaires de la Région de l’Est.
Parmi les réalisations déjà concrétisées, on compte l’inauguration, en mars dernier, du nouvel immeuble siège futuriste de la Trésorerie Générale de Douala. De nombreux chantiers sont également en cours sur l’ensemble du territoire. L’achèvement imminent des Secteurs des Douanes de Garoua et du Sud 2 à Kribi affichent des taux d’exécution avoisinant respectivement 70 % et 72 %.
La construction en cours des Services du Secteur des Douanes du Nord-Ouest à Bamenda (première pierre posée en janvier 2024) affiche déjà un taux de réalisation de 40 %. Dans les zones difficiles d’accès, l’on compte des postes comptables qui verra le jour dans des localités reculées de l’Extrême-Nord comme Doukoula, Mogode, Datcheka et Yagoua.
De nouvelles étapes sont déjà planifiées pour l’année prochaine notamment le lancement de la construction d’un Hôtel des Finances à Yokadouma dans la Boumba et Ngoko, ainsi que l’ouverture des perceptions dans les localités d’Atok et de Dimako dans le département du Haut-Nyong.
L’Hôtel des Finances d’Abong-Mbang marque donc un tournant symbolique et concret. Il consolide la présence de l’État auprès des populations et ouvre une nouvelle ère où la gouvernance fiscale moderne et décentralisée est mise au service d’une croissance et d’une fierté régionales renouvelées.
Ambiance de campagne électorale
Cet évènement très couru a vu une intense mobilisation des militantes et militants du Rassemblement démocratique du peuple camerounais. En cette période de campagne électorale, ces derniers venus en masse, ont pris d’assaut l’esplanade de l’hôtel des finances ainsi que celle de la mairie d’Abong Mbang, scandant des messages à l’endroit du candidat du RDPC à la présidentielle du 12 octobre. Ils n’ont d’ailleurs pas manqué d’offrir un présent au ministre des Finances pour ce joyau architectural.
Une ambiance de propagande électorale qui a transformé la cérémonie d’inauguration de ce jour en meeting géant où les réalisations du chef de l’Etat, Paul Biya, dans la Région de l’Est ont été égrenées les unes après les autres dans moult domaines par le ministre de la Fonction publique et de la réforme administrative : adductions d’eau potable, électricité, réhabilitation du réseau routier, construction de nouveaux axes routiers, réhabilitation, rénovation d’infrastructures hospitalières, construction d’écoles, appuis multiformes et divers aux populations vulnérables, etc.
Les chiffres publiés par MTN Cameroun révèlent que près de 90% des cas de tentatives de fraudes proviennent de l’ingénierie sociale et 12% des cyber attaques.
La fraude sur les comptes mobile money est une menace permanente au Cameroun. Elle reflète aussi une situation globale avec une hausse de plus de 20% des cas au niveau mondial ces dernières années selon la fondation IFRAP. Pour ce qui est de l’opérateur télécoms MTN Cameroun, les chiffres font état de plus de 10000 plaintes relatives à la fraude par an, soit au moins 1000 par mois.
Au cours de l’année en cours, les tendances chez MTN Cameroun révèlent plus de 4000 cas de fraudes et tentatives avérées. D’après ces données dévoilées par l’opérateur à la presse il y a quelques jours à Douala, la plus grande part de ces cas, soit 87% provient de l’ingénierie sociale. C’est-à-dire des personnes véreuses qui usent des stratégies pour manipuler la psychologie des abonnés afin qu’ils divulguent des informations sensibles ou effectuent des actions leur permettant d’avoir accès à leurs comptes. Derrière ce mode d’emploi, vient la cyber fraude qui occupe 12% tandis que moins de 5% est initiée par des agents de MTN Cameroun. Ils procèdent également par des sim swap, via la reconduction frauduleuse des cartes sim 1, le phishing par message frauduleux ou arnaques aux transferts et retraits.
En gros, les responsables de cet opérateur disent être bien connaître les menaces. Diverses actions sont prises pour réduire l’impact de cette activité sur les clients et l’économie en général, disent -ils. 500 agents MTN ont été suspendus. Plus de 2000 comptes bloqués pour activités suspectes ; un renforcement de la sécurisation de ses plateformes de transfert et de retrait d’argent etc. De même, environ 90 000 clients sont sensibilisés tous les mois sur les risques de fraude depuis le début de cette année. Car, les pertes déclarées par les clients du fait de la fraude s’élèvent à 3,5 millions de FCFA.
En 2024, MTN Cameroun a enregistré un chiffre d’affaires de 367 milliards de FCFA, tirés par les services Internet et fintech. Ces derniers, notamment le mobile money, ont contribué à hauteur de 35 milliards de FCFA, soit 19,3% des revenus.
C’est un partenaire majeur du Port de Douala-Bonabéri. En tant qu’acteur incontournable dans les opérations du commerce extérieur, tout comme le Port de Douala-Bonabéri, le Guichet unique du commerce extérieur (GUCE) est fortement impliqué dans la célébration des 150 ans d’existence du Port de Douala-Bonabéri. Outre sa participation aux cérémonies d’ouverture et de clôture, à la marche sportive, le GUCE se distingue à travers son stand d’exposition au Club PAD où la structure accueille les visiteurs. Une occasion de raconter son parcours depuis 25 ans, et surtout, présenter ses services innovants.
Et, parmi ces services innovants présentés au public, il y a e-FORCE, le formulaire unique des opérations du commerce extérieur. Cet outil dont on qualifie de révolutionnaire, qui permet aux opérateurs économiques (importateurs ou exportateurs) ou leurs représentants, de saisir des informations en un point unique en ligne. Le système se chargeant du déclenchement automatique des procédures du commerce extérieur auprès des divers intervenants de la chaine de traitement. Et à ce jour, ce service fait déjà intervenir plus 5000 importateurs ; plus de 1000 exportateurs ; plus de 10 administrations publiques ; plus de 20 banques ; plus 11 interconnexions, pour plus de 35 procédures dématérialisées.
Il y a également e-Business, l’ensemble des services dédiés aux partenaires privés, notamment les banques ; les compagnies d’assurances et les sociétés de traitement phytosanitaire et qui offre des fonctionnalités à ces partenaires privés de la chaine logistique, pour leur permettre de mettre à disposition des documents électroniques nécessaires à la réalisation de leurs opérations du commerce extérieur.
Pour sa part, e-Government ou encore Système d’Information des Administrations Techniques (SIAT), il déploie un ensemble de systèmes informatisés interconnectés au service e-Force, qui permet aux administrations techniques d’interagir en ligne avec les opérateurs économiques et/ou leurs mandataires pour émettre les autorisations préalables (indispensables pour des marchandises spécifiques) et autres documents administratifs nécessaires à leurs opérations d’importation, d’exportation ou de transit.
Le e-Payment, quant à lui, la plateforme de paiement électronique du GUCE, elle permet aux opérateurs économiques d’effectuer des paiements électroniques de manière sécurisée et transparente des droits, taxes et divers frais liquidés par la Direction Générale des Douanes (DGD), la Direction Générale des Impôts (DGI), et les administrations techniques concernées par les opérations du commerce extérieur.
Il y a enfin le simulateur de paiements (SIMPA), un outil de facilitation qui permet aux opérateurs économiques de disposer en amont d’une visibilité sur le coût global de leurs opérations d’import-export et transit, facilitant ainsi leur prise de décision. Il participe aussi, dit-on au GUCE, à renforcer la transparence dans le cadre de la simplification des échanges commerciaux internationaux. Grâce à une interface simple et intuitive, l’utilisateur renseigne les informations clés concernant sa cargaison (pays d’origine, quantité, valeur FOB…), ainsi que le type d’opération envisagée (importation, exportation, transit). En quelques clics, le simulateur calcule alors le détail des droits, taxes et autres redevances, tels que prévus par la législation en vigueur. Outre ces services dits principaux, le GUCE offre également d’autres services dits supports, c’est le cas des services Hotline ; assistance et formation.
Le lancement de la campagne électorale ce 27 septembre 2025 a été marqué à Touboro par des affrontements sanglants entre militants du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Undp) et de l’Union nationale pour la démocratie et le progrès (Undp). Selon le quotidien L’œil du Sahel dans son édition du 29 septembre 2025, « les militants de l’Undp, en plein défilé pour le lancement de la campagne présidentielle du 12 octobre 2025, sont attaqués à coups de pierres, de gourdins, de machettes et de couteaux par des militants du Rdpc ». Alim Koumaï, 2ème adjoint au maire de Touboro, et chargé des affaires électorales de l’Undp du Mayo-Rey, « nous avons tout fait pour éviter ces affrontements, mais ils ont usé de tous les moyens pour nous atteindre. Ils savaient que, pour le lancement, nous devions défiler dans les artères de la ville. Ils s’étaient donc préparés pour perturber notre mobilisation. Dès l’entame de notre défilé, Ousmanou, un responsable des jeunes du Rdpc dans l’arrondissement de Touboro, a fait des va-et-vient à bord de son véhicule sur l’itinéraire que nous empruntions. Il entrait dans nos rangs et en ressortait, disloquant notre organisation. Il a fallu que je hausse le ton pour qu’il cesse de nous provoquer. À quelques mètres de là, nous nous sommes retrouvés face à un groupe de moto-taximen. Ils nous ont perturbés, mais nous avons dû nous maîtriser pour ne pas tomber dans leur piège. Nous étions plus de 3 000 personnes. Nous aurions pu les affronter, mais nous avons privilégié l’apaisement ».
Pour sa part, Elias Noudjiguemen, sous-préfet de Touboro, interviewé par le quotidienL’œil du Sahel, « selon les informations que j’ai reçues, le député [l’honorable Bouba Moussa, Ndlr] voulait traverser la route pour rejoindre son meeting, qui se tenait également à 14h à la Fada de Touboro, lorsqu’un groupe de jeunes de l’Undp, de passage, l’en a empêché. Le lieu n’était pas loin de l’endroit où le Rdpc tenait aussi son meeting. En voyant leur député empêché de passer, les jeunes du Rdpc se sont rués sur les lieux pour forcer le passage. Il y a donc eu des altercations, avec des jets de pierres et autres». Faux, réagit Alim Koumaï : « l’honorable Bouba Moussa lui-même a bloqué notre passage en garant son véhicule sur la chaussée, tout en nous refusant le passage. Je suis allé vers lui, croyant qu’il allait me comprendre, mais en réalité, il n’attendait qu’un faux geste pour déclencher les hostilités. Nous lui avons exigé de déplacer sa voiture afin que nous poursuivions notre défilé. C’est alors qu’il a fait appel à ses éléments, qui ont surgi de nulle part et se sont jetés sur nous avec des gourdins, des machettes, des couteaux, tout en nous lançant des pierres. J’ai failli être poignardé ; n’eût été l’intervention de nos milices, je ne serais plus de ce monde ».
De toutes les façons, l’affrontement a finalement eu lieu : « dans les tensions, il peut arriver que, malgré le dispositif sécuritaire mis en place, des individus dissimulent des objets dangereux dans leurs vêtements ou ailleurs. Rien ne laissait présager un tel événement. Mais comme l’être humain est ondoyant et divers, je crois que même les places réservées aux meetings étaient séparées. Les partis politiques devaient chacun fournir un programme détaillé de leur événement. Il n’était même pas prévu d’organiser des marches quelconques», rapporte le sous-préfet de Touboro. Sur les réseaux sociaux, a circulé une photo d’un responsable du parti au pouvoir assistant au meeting de son parti, avec une armée de guerre posé sur ses cuisses. L’on apprend que l’homme est allé chercher son arme « pour sa propre sécurité ».
Au bilan, aucune perte en vies humaines, mais le sous-préfet parle de six blessés dont trois cas graves.
Après avoir réussi à calmer les tensions, l’autorité administrative a interdit le port et l’usage des armes de toute nature, ainsi que des milices, par les militants et sympathisants des partis politiques en course pour l’élection présidentielle du 12 octobre prochain, sur toute l’étendue de l’arrondissement de Touboro, durant la période de campagne électorale.
Le paysage camerounais des services financiers mobiles, longtemps dominé par les opérateurs privés MTN et Orange, s’apprête à accueillir un acteur institutionnel. La Cameroon Telecommunications (Camtel) a constitué en septembre 2025 la société Blue Mobile Money SA, matérialisant ainsi son projet d’entrer sur le marché du mobile money.
Le cadre juridique de cette nouvelle entité est désormais établi. Blue Mobile Money SA a été formellement créée par acte notarié les 18 août et 15 septembre 2025, avec un capital social de 500 millions de francs CFA. La société, immatriculée au Registre du Commerce de Douala, dispose d’une structure de gouvernance incluant un conseil d’administration présidé par Ottou Jean Marie Aimé et deux commissaires aux comptes.
L’objet social de Blue Mobile Money SA couvre « l’émission, la mise à disposition ou la gestion d’instruments ou moyens de paiement », conformément à la réglementation de la CEMAC. Cette base juridique permet à Camtel d’opérer dans le secteur des services financiers numériques.
Le timing de cette entrée intervient dans un marché déjà bien établi. Selon les données de la GSMA, le mobile money contribue à hauteur de 5% au PIB camerounais, une performance qui place le pays parmi les leaders du secteur en Afrique. Cette importance économique s’est construite autour de deux acteurs majeurs, Orange Money et MTN Mobile Money.
Les chiffres disponibles illustrent cette domination. Orange Money Cameroun revendique plus de 11 millions d’utilisateurs locaux, tandis que les services financiers de MTN ont généré 35 milliards de FCFA de revenus en 2024. La Banque des États de l’Afrique Centrale (BEAC) souligne par ailleurs que le Cameroun concentre 71% des transactions mobile money de la sous-région CEMAC.
L’entrée de Camtel sur le marché du mobile money représente un développement significatif dans la stratégie de diversification de l’opérateur public. Toutefois, cette initiative se heurte à plusieurs défis structurels, dont la faible pénétration de Camtel sur le marché mobile comparée à ses concurrents et la fidélité des utilisateurs aux plateformes existantes.
Si le cadre juridique et stratégique est désormais en place, le déploiement physique de Blue Mobile Money n’est pas encore visible sur le terrain. Aucune annonce concrète n’a été faite concernant le calendrier de déploiement des points de service ou le démarrage effectif des opérations. Les observateurs du secteur attendent toujours la matérialisation de cette offre, que la directrice générale avait qualifiée d' »imminente » lors de son annonce du 1er mai 2025.
Le commerce extérieur du Cameroun a connu en 2024 une amélioration notable, malgré un contexte international marqué par la volatilité des matières premières et la réorganisation des flux mondiaux. Selon le dernier rapport sur le commerce extérieur publié par l’Institut national de la statistique (INS), le déficit de la balance commerciale s’est établi à 1 747,3 milliards de FCFA, en baisse de 12,8 % par rapport à 2023 où il atteignait 2 004,0 milliards de FCFA. En valeur absolue, cette réduction correspond à un allègement de 256,8 milliards de FCFA.
Cette amélioration du solde commercial résulte principalement de la hausse des recettes d’exportation, qui progressent de 8,8 % (soit +263,5 milliards de FCFA) pour atteindre 3 252,2 milliards de FCFA. Dans le même temps, les dépenses d’importation n’ont enregistré qu’une légère augmentation de 0,1 %, soit +6,8 milliards de FCFA, pour s’établir à 4 999,4 milliards de FCFA.
Hors pétrole brut, un déficit plus lourd
Si l’amélioration est indéniable, le tableau reste nuancé lorsque l’on isole les hydrocarbures. Hors pétrole brut, le déficit commercial camerounais s’est creusé à 2 749,9 milliards de FCFA, malgré une réduction de 381,2 milliards de FCFA (soit -12,2 % par rapport à 2023). En excluant à la fois le pétrole brut et le gaz naturel, le déficit atteint même 3 071,4 milliards de FCFA, mais enregistre néanmoins une amélioration de 441,4 milliards de FCFA (-12,6 %).
Le taux de couverture – rapport entre exportations et importations – témoigne toutefois d’un progrès notable : il est passé de 59,9 % en 2023 à 65,1 % en 2024, soit une amélioration de 5,2 points.
Exportations : le cacao en moteur, les hydrocarbures en retrait
Du côté des exportations, la progression de 8,8 % est principalement due à l’envolée des ventes de cacao brut en fèves, dont les recettes ont bondi de 90 % pour atteindre 682,5 milliards de FCFA. Cette embellie tient essentiellement à l’évolution des prix mondiaux, passés de 1 994 FCFA/kg en 2023 à 3 830 FCFA/kg en 2024. Les volumes exportés, en revanche, reculent légèrement (-1 %).
Le cacao et ses dérivés s’imposent comme le moteur des exportations nationales, représentant désormais 30,7 % du volume total. En tête, le cacao en fèves concentre à lui seul 21 % des expéditions, suivi par la pâte de cacao qui génère 6,5 % des exportations, soit l’équivalent de 210 milliards de FCFA. Le beurre de cacao complète ce trio stratégique avec 3,1 %, pour une valeur estimée à 99,2 milliards de FCFA. Ce dynamisme confirme le rôle central de la filière cacao dans l’économie du pays.
À l’inverse, les hydrocarbures connaissent un net repli. Les recettes des huiles brutes de pétrole chutent de 11 %, à 1 002,7 milliards de FCFA, avec des volumes en baisse de 1,8 %. Le gaz naturel liquéfié, qui avait connu un essor fulgurant en 2022, poursuit sa décrue avec -14,1 % en 2024, après -33,3 % en 2023. Ses recettes passent de 421,4 milliards de FCFA en 2023 à 362,1 milliards.
En 2024, plusieurs filières d’exportation secondaires du Cameroun ont connu un repli marqué, notamment le bois et ses ouvrages dont les recettes se chiffrent à 249,7 milliards de FCFA en baisse de 13,4 %, ainsi que le coton brut qui recule de 19,8 % pour s’établir à 177,2 milliards de FCFA.
Importations : stabilité globale mais dépendance persistante
En 2024, les importations ont atteint près de 5 000 milliards de FCFA. Elles restent dominées par les produits minéraux, qui pèsent 23,5 % des dépenses totales, dont 19,5 % pour les carburants et lubrifiants. Malgré leur poids, les importations de cette catégorie sont en recul de 11,1 %.
Les machines et appareils mécaniques ou électriques occupent une place croissante, avec 786,4 milliards de FCFA d’importations, soit 15,7 % du total, en progression de 19,9 % par rapport à 2023. Ce dynamisme reflète la volonté du pays de renforcer ses capacités technologiques et industrielles.
Les produits du règne végétal affichent une hausse spectaculaire : la facture s’élève à 624,2 milliards de FCFA (+31,9 %). Les céréales constituent la part la plus importante (543,7 milliards de FCFA), en augmentation de 40,3 %. Le riz progresse de 58,6 %, atteignant 318,6 milliards de FCFA et représentant 6,4 % des importations totales. Le froment de blé, évalué à 214,1 milliards de FCFA, est en hausse de 20,1 % et équivaut à 4,3 % des importations. Ces chiffres soulignent la dépendance alimentaire persistante du Cameroun, en décalage avec la politique d’import-substitution prônée par la Stratégie nationale de développement 2020-2030 (SND30).
Les produits des industries chimiques enregistrent une baisse de 2,1 %, pour un total de 521,8 milliards de FCFA. Les produits pharmaceutiques en représentent près d’un tiers (32,6 %), avec une facture de 169,9 milliards de FCFA, en légère hausse de 2 %.
Un commerce extérieur sous tension mais résilient
Le rapport de l’INS illustre une double réalité : d’un côté, la capacité du Cameroun à tirer profit de la hausse des cours mondiaux du cacao, véritable bouée de sauvetage pour la balance commerciale ; de l’autre, une dépendance persistante aux importations de produits alimentaires et énergétiques, qui fragilise la souveraineté économique du pays.
ALAMINE OUSMANE MEY, Ministre de l’Économie, de la Planification, et de l’Aménagement du Territoire
Défis Actuels : Monsieur le Ministre, la conférence annuelle de vos services en février dernier portait sur le thème : « accélération de la diversification de l’économie et amélioration de la position extérieure du Cameroun ». Quelles sont les mesures retenues pour atteindre ces objectifs ?
ALAMINE OUSMANE MEY : Il faut relever au préalable, que cette thématique a été choisie en relation avec son importance pour le renforcement de la résilience de l’économie camerounaise, au regard d’un environnement économique international caractérisé par une grande incertitude sur les fondamentaux économiques et une fragmentation géopolitique de plus en plus importante, et d’un contexte national empreint de préoccupations sur le rythme de la croissance économique, le financement des investissements et la viabilité de la dette. Il s’agit également d’un engagement du Chef de l’Etat dans le cadre des résolutions du dernier Sommet extraordinaire de la CEMAC en décembre 2024.
Ainsi, l’objectif de la conférence annuelle était de favoriser l’appropriation des mesures permettant de relever les défis qu’imposent les chocs de toute nature, économique ou non, internationaux ou nationaux. Des réflexions issues des travaux, les orientations retenues à cet égard sont principalement :
La poursuite et l’intensification des travaux d’accompagnement des entreprises championnes d’une part, et celles engagées à substituer, dans leur processus de production, les intrants importés par ceux produits localement d’autre part ;
L’intensification de la coopération avec les Partenaires Techniques et Financiers dans le cadre du Programme Économique et Financier en général, et les réformes structurelles en particulier ;
L’identification des mesures d’abaissement des coûts des facteurs ainsi que des réformes engagées pour l’amélioration du climat des affaires, dans le cadre du renforcement de la compétitivité des entreprises ;
La mobilisation en priorité des financements concessionnels, et lorsque cela n’est pas possible, le recours aux financements non concessionnels pour la réalisation des projets présentant un potentiel de rentabilité financière et socioéconomique avéré ;
L’accélération de la mise en œuvre, en liaison avec les administrations et acteurs impliqués, du Plan Intégré d’Import-Substitution Agropastoral et Halieutique (PIISAH) ;
L’élaboration périodique d’un rapport sur l’implémentation du PIISAH en mettant en exergue les contraintes éventuelles ;
Le déploiement du Programme d’Impulsion Initiale (P2I), ainsi que des Programmes Spéciaux de Reconstruction et de Développement des régions de l’Extrême-Nord, du Nord-Ouest et du Sud-Ouest ;
L’optimisation de la structuration des filières porteuses de croissance (à savoir le cacao, le café, l’hévéa, le coton, la banane, le bois, la métallurgie (aluminium), les produits chimiques (savons de ménage et autres), les hydrocarbures, la sidérurgie, les services touristiques, le poivre et la noix de cajou) et élaborer un plan d’actions pour l’opérationnalisation des mesures identifiées pour le développement desdites filières as sorties des coûts de mise en œuvre.
ALAMINE OUSMANE MEY : « Pour ce qui concerne le programme des entreprises championnes, cinq structures nationales ont été identifiées dans les secteurs de l’agro-industrie, des transports et de l’électronique au regard de plusieurs critères ».
Défis Actuels : Vous avez à cette occasion prescrit la poursuite et l’intensification des travaux d’accompagnement des entreprises championnes et celles substituant les intrants importés par des produits locaux. Quelles sont les actions précédemment menées dans ce sens, et quel impact ?
ALAMINE OUSMANE MEY : A ce propos, il faut dire que cette orientation est en droite ligne avec les orientations clés de la SND30 visant transformation structurelle de l’économie et la réduction de la dépendance aux importations.
En ce qui concerne les entreprises substituant les intrants importés par les produits locaux, les résultats des études que nous avons menées ont orientés notre action sur les branches de la fabrication des produits à base de céréales, et de l’industrie du lait, fruits et légumes. A cet effet, les produits prioritaires retenus sont le maïs, le Soja et les Fruits. Ainsi, la première phase de notre accompagnement a abouti à la sélection de 06 entreprises exerçant précisément dans la boulangerie, la fabrication des aliments pour bébé et la production des jus naturels, lesquels entreprises ont bénéficié en 2024 d’un appui en investissement à hauteur de Fcfa 215 000 000, destinée à la réhabilitation de l’outil de production et l’acquisition d’équipements plus performants. Les entreprises bénéficiares sont FRUITSCAM Sarl et NT FOODS Sarl dans la ville de Yaoundé, PROXIMA Sarl, LAMANA Sarl, et Bonne Chair Sarl dans la ville de Douala, et PAIX PLUS dans la ville de Bafoussam.
Pour ce qui concerne le programme des entreprises championnes, cinq structures nationales ont été identifiées dans les secteurs de l’agro-industrie, des transports et de l’électronique au regard de plusieurs critères. Ces critères sont en lien notamment avec le potentiel en termes de renforcement du tissu industriel local, de résorption du déficit de la balance courante, d’impulsion de l’innovation, de couverture du marché sous régional et international, et finalement, de développement de l’entrepreneuriat local et de l’activité de sous-traitance. Ces entreprises ont bénéficié d’accompagnements spécifiques en fonction des besoins exprimés, qui incluent des subventions d’appoint, estimées à un peu plus de FCFA 500 millions, et des appuis techniques sur le plan institutionnel, à l’instar des facilitations pour l’attribution des contrats de concessions pour le développement de leurs activités.
Par ailleurs, le MINEPAT organise les journées des entreprises Championnes Nationales, en réponse à la sollicitation de ces dernières qui manifestent le besoin d’exposer leur produit et leur savoir-faire afin d’élargir leurs débouchés. Enfin, des études portant notamment sur le mode de financement des entreprises Championnes Nationales, ainsi que l’élaboration d’un guide d’accompagnement des entreprises Championnes Nationales sont en cours de finalisation. Les entreprises retenues comme championnes sont les suivantes : SOPROICAM (société agroindustrielle de production de tourteaux de soja pour l’alimentation animale) ; SOTRABUS (entreprise de montage de bus à usage de transport en commun) ; ZNG SMART CARDS FACTORY (entreprise industrielle de production des cartes magnétiques et des terminaux électroniques) ; SCPR (entreprise de production de riz paddy à grande échelle et de fabrication d’emballages en polypropylène tissés) ; et AGROCAM (production de poussins et de fabrication d’alvéoles). Ces multiples initiatives ont permis de renforcer la production et la productivité des entreprises accompagnées, de réduire les importations de certaines spéculations et de créer plusieurs emplois. Des résultats encore plus importants sont attendus de la poursuite de la mise en œuvre des dites actions.
Défis Actuels : Les indicateurs de la balance commerciale continuent de montrer une forte dépendance aux importations et la faible diversité des produits exportés, malgré des mesures annoncées depuis quelques années. Comment l’expliquer ?
ALAMINE OUSMANE MEY : Les statistiques du commerce extérieur produites par la Direction Générale des Douanes du MINFI, en 2023 et 2024, indiquent tout de même des évolutions encourageantes dans la réduction de la dépendance aux importations et la diversification des produits exportés. S’agissant des importations totales en valeur, elles ont augmenté faiblement en 2023 (1,7%), et stagnées en 2024 (0,1%). Cette évolution est portée par une réduction sensible des achats à l’étranger de certains produits pour lesquels des actions importantes ont été entreprises pour renforcer la production locale, aussi bien dans le secteur agricole que manufacturier. C’est le cas notamment des poissons de mer congelés, dont la facture d’importations a baissé en valeur de 10% en 2023, puis de 8,3% en 2024. Cette baisse a été accompagnée d’une réduction des quantités achetées de 3% et 11,7% respectivement pour ces deux années. Cette dynamique est également observée sur d’autres produits comme le vin, les papiers et cartons (matières premières), et les produits céramiques. Pour ce qui est des exportations, elles se sont inscrites en hausse de 8,2% en 2024 par rapport à l’année d’avant. Cet accroissement est entre autres soutenu par la hausse des ventes des produits transformés. C’est le cas par exemple de la pâte de cacao, dont les exportations ont enregistré une hausse de 115,5% en valeur et 25,5% en volume en 2024, tandis que les exportations de fèves ont reculé de 1% en volume. Les exportations de chocolat s’inscrivent également en hausse depuis 2023. Cette tendance sur la transformation de caco est aussi observable sur les savons de ménages, les sacs et sachets en polymères de l’éthylène, le bois contre-plaqué et les constructions en aluminium. Néanmoins, il est vrai que ces constats ne reflètent pas encore la dynamique d’ensemble recherchée en matière de diversification des exportations et de substitution des importations. C’est pourquoi nos efforts s’intensifient graduellement afin d’atteindre des performances compatibles avec nos ambitions en termes de résilience et de stabilité extérieure.
Défis Actuels : Quelles sont les principales articulations du Plan Intégré d’Import-Substitution Agropastoral et Halieutique (PIISAH) et du programme d’impulsion initiale, et où en est leur mise en œuvre ?
ALAMINE OUSMANE MEY : « Au titre de l’exercice 2025, la budgétisation des crédits destinés au PIISAH a été effectuée sous forme de dotation aux administrations concernées, d’un montant total de près de 53 milliards de FCFA ».
ALAMINE OUSMANE MEY : Il faut rappeler ici que dans l’optique de réduire le déficit de la balance commerciale et de garantir la souveraineté alimentaire, le Gouvernement a adopté en 2024, un Plan Intégré d’Import-Substitution Agropastoral et Halieutique (PIISAH) pour le triennat 2024-2026. Le PIISAH a pour objectifs de : (i) faciliter le développement des actions du secteur privé dans le domaine agropastoral, sur des espaces sécurisés et aménagés ; (ii) contribuer à l’augmentation significative de la production et de la disponibilité des produits locaux de grande consommation et ; (iii) créer un environnement propice au développement des activités agropastorales.
Il s’articule autour de trois axes, avec un accent important sur l’implication du secteur privé :
Axe 1 : Sécurisation et aménagement des périmètres hydroagricoles, pastoraux et halieutiques Il s’agit d’aménager des périmètres hydroagricoles, construire des barrages de retenue pour l’agriculture et l’élevage et poursuivre le désenclavement des bassins agricoles. Sont également envisagés les travaux d’aménagement des périmètres fourragers dans la Région de l’Adamaoua.
Axe 2 : Amélioration de la production, la transformation et la commercialisation Cet axe porte sur la mise à niveau de l’appareil de production, de transformation et de commercialisation des produits agropastoraux des spéculations identifiées, pour améliorer la production et la disponibilité des produits locaux de grande consommation. En 2026, les mesures du Plan devraient permettre de réduire les importations de riz de 70%, avec une projection de la production de riz estimée à 464,5 milliers de tonnes. La production de maïs devrait passer de 2,7 millions de tonnes à 4,3 millions de tonnes, et la production projetée cumulée des farines panifiables est estimée à 303,6 milliers de tonnes en 2026. S’agissant du mil et du sorgho, il est envisagé le développement de la production de l’ordre de 1 195,6 milliers de tonnes en 2026 contre 1 010,9 milliers de tonnes en 2022. Par ailleurs, il est projeté l’amélioration de la disponibilité des semences certifiées produites localement, pour accroitre la production de soja qui se chiffrerait à 58,1 milliers de tonnes en 2026 contre 35,5 milliers de tonnes en 2022. L’amélioration de l’appareil de transformation des noix de palme en huile de palme permettrait d’envisager une production d’huile de palme supplémentaire de l’ordre de 60 mille tonnes en 2026. Pour ce qui est du poisson, l’objectif visé par le Plan est l’accroissement de la production de 224 900 tonnes en 2022 à 602 500 tonnes en 2026. Enfin, pour la filière lait, il est question d’augmenter la production de l’ordre de 351,9 milliers de tonnes en 2026 contre 343,9 milliers de tonnes en 2022, et d’accroître sa disponibilité sur le marché local de 15%.
Axe 3 : Amélioration de l’accès à la recherche, à la formation et aux financements Il est question ici de renforcer les moyens alloués à la recherche et la vulgarisation des résultats de recherche, de renforcer les capacités des chercheurs et des producteurs, et de garantir l’accès à des financements adaptés pour booster la production et la transformation par le secteur privé dans les filières retenues. Au titre de l’exercice 2025, la budgétisation des crédits destinés au PIISAH a été effectuée sous forme de dotation aux administrations concernées, d’un montant total de près de 53 milliards de FCFA. Ces ressources seront principalement mises à disposition des opérateurs du secteur privé exerçant dans les filières identifiées, à travers la Banque des Petites et Moyennes Entreprises, afin de faciliter l’obtention des crédits à des taux préférentiels. Des subventions de fonctionnement aux EPA seront également accordées sous la forme de fonds revolving. Les conférences de décaissement desdites ressources se sont déroulées au MINEPAT les 06, et 07 janvier 2025, afin de constituer les provisions budgétaires pour le financement des opérations retenues dans le cadre du PIISAH, et assurer une mise en œuvre efficace et un suivi harmonisé du plan.
Défis Actuels : En plus de produire Camerounais, la problématique de consommer Camerounais se pose également. Qu’est ce qui est fait pour inculquer l’habitude de consommer Camerounais à la population ?
ALAMINE OUSMANE MEY : Relativement à cette préoccupation, nous pensons que la problématique est double. Tout d’abord, beaucoup de Camerounais n’ont pas l’information en ce qui concerne l’existence et les points de vente de certains produits locaux qui sont souvent de très bons substituts à ce qu’ils consomment. Ces produits sont habituellement fabriqués par des PME qui ne disposent pas de fonds importants pour développer et exécuter des stratégies marketing viables. C’est dans le but de régler ce problème que le Gouvernement a entrepris, entre autres :
La réalisation de plusieurs évènements et supports de vulgarisation des produits Made in Cameroon (catalogues des produits, foires, mission économiques étrangères, etc.) ; – la sensibilisation sur l’importance économique de la consommation locale (emplois, réduction des prix sur les marchés, croissance, etc…), à travers le patriotisme économique ;
L’accroissement de certaines taxes et droits d’accise sur les produits importés qui disposent des substituts locaux en quantité, en vue de réorienter la demande vers la production locale ;
La hausse progressive de la commande publique adressée aux entreprises locales ;
La mise en place de partenariats et règlements pour assurer des espaces dédiés à l’exposition des produits Made in Cameroon dans les grandes surfaces. Par ailleurs, les produits locaux sont souvent plus chers et donc moins compétitifs que les produits importés. De ce point de vue, les mesures d’offre, qui visent à renforcer la production sont essentielles. En outre, la politique en cours sur le développement des infrastructures énergétiques, routières et technologiques devrait renforcer la productivité, la compétitivité et la résilience de nos entreprises.
Défis Actuels : Plusieurs grands projets entamés depuis de longues années sont encore en cours. Ces retards dans la réalisation des infrastructures auront-ils un impact sur l’atteinte des objectifs de la SND30, notamment sur le lancement des projets de seconde génération ?
ALAMINE OUSMANE MEY : Au cours des dernières années, dans le contexte du programme économique et financier avec le FMI, le règlement de la dette publique tant intérieure qu’extérieure a occupé une place prépondérante, limitant la marge de manœuvre disponible pour l’investissement. Toutefois, l’engagement du Gouvernement est resté constant en ce qui concerne la poursuite de la mise en œuvre des grands projets. L’allègement du portefeuille relatif auxdits projets se poursuit avec la finalisation progressive des projets entamés avant l’adoption de la Stratégie Nationale de Développement (SND30). En ce début d’exercice 2025, nous pouvons dire que la considération clé de la SND30 sur l’achèvement des grands projets de première génération (lancé entre 2010 et 2018) est respectée, sauf quelques exceptions dont l’autoroute Yaoundé—Douala, dont la seconde phase vient d’être lancée. De façon générale, la modification structurelle visée par le Gouvernement commence à être perceptible. Avec plus de 3000 Km de routes bitumées, près de 20000km de fibre optique posés et plus de 1000 Mw de capacités additionnelles de production d’électricité installées, la structure de l’économie camerounaise de 2009 est indubitablement modifiée.
ALAMINE OUSMANE MEY : « L’objectif de transformation structurelle de notre économie passe par la mise en œuvre de plusieurs projets d’investissement d’ici à 2035, dont le coût total est estimé à plusieurs milliards de FCFA ».
Toutefois, les efforts se poursuivent pour améliorer l’accès et l’utilisation productive de ces infrastructures par les populations et les entreprises. En ce qui concerne les grands projets de seconde génération, il me plait d’indiquer ici que plusieurs projets de cette seconde vague d’investisse ment ont déjà été lancés, et certains s’achèvent d’ailleurs progressivement. Afin de tenir les objectifs que nous nous sommes fixés, un Plan d’Impulsion Initiale (P2I) est mis en œuvre par le MINEPAT, avec des projets prioritaires dont l’exécution s’est accélérée pour renforcer les bénéfices économiques auprès des entreprises et des populations, et faciliter l’exécution des autres projets. Nous gardons donc le cap des objectifs de la SND30 malgré les contraintes exogènes auxquelles l’économie nationale continue d’être confrontée.
Défis Actuels : Le COVID-19 et les tensions internationales ont durement affecté les entreprises nationales. Quels soutiens le MINEPAT a-t-il apporté aux opérateurs économiques ?
ALAMINE OUSMANE MEY : En dehors de la COVID-19, la fragmentation persistante de l’environnement géopolitique international a induit plusieurs autres contraintes pour l’économie Camerounaise. C’est le cas notamment de la crise en Ukraine et ses implications sensibles sur l’inflation locale. Pour ces différentes contraintes, le MINEPAT, avec l’appui de l’Institut National de la Statistique (INS), a régulièrement mené des enquêtes auprès des entreprises afin d’apprécier l’ampleur des conséquences sur leurs comptes d’exploitation. Quelques-uns des résultats les plus saisissants issus des travaux récents indiquent que : (i) ces entreprises affirmaient continuer de subir les effets de la pandémie en 2023, même si l’ampleur s’était atténuée. En effet, près de 6 entreprises sur 10 indiquaient qu’elles subissaient toujours lesdits effets, contre 9/10 en 2020. Cette persistance était essentiellement marquée chez les TPE et les PE ; (ii) près de 8 PME sur 10 indiquaient avoir été affectées par les conséquences de la crise russo-ukrainienne. Les plus touchées étaient les entreprises formelles de taille relativement grande, opérant dans la filière agro-alimentaire et qui s’approvisionnaient majoritairement à l’étranger. Sur la base des résultats de ces enquêtes, le MINEPAT a déployé son expertise pour apporter des solutions concrètes et intégrées depuis 2020, à travers notamment :
L’élaboration de la Stratégie globale de riposte contre la COVID-19 (Stratégie globale de Riposte et de Résilience Economique et Sociale), ainsi que du plan de relance post COVID19, afin de mieux orienter et coordonner les interventions du Gouvernement ;
La participation à la recherche de financements pour l’approvisionnement du Compte d’Affectation Spéciale (CAS COVID-19) ayant pris en charge les interventions de riposte et de relance ;
La mise en place d’instruments de protection sociale en faveur des populations les plus vulnérables, notamment le programme de transferts monétaires d’urgence du Projet Filets Sociaux, pour un montant global de 16 milliards de FCFA ;
L’accompagnement de plusieurs structures à l’identification de débouchés, en particulier à travers l’exposition-vente de leurs produits dans les grandes surfaces commerciales et lors de plusieurs foires et foras nationaux et internationaux ;
La conception et le déploiement, avec les autres administrations et structures impliquées, de plusieurs projets visant le renforcement de la disponibilité locale de produits de première nécessité, l’amélioration de la compétitivité des entreprises et le renforcement de l’accès aux services financiers adaptés. A ce titre, nous citons le Programme d’Appui au Renforcement de la Production Agricole du Cameroun (PARPAC), financé à hauteur de 41,3 milliards de FCFA par la BAD ; le Dispositif d’Appui à la Compétitivité du Cameroun (DACC), ayant bénéficié de 6,6 milliards de l’UE ; l’Opération de Soutien au Secteur privé Camerounais (OSSP-CMR), soutenu à hauteur de 12 milliards environ par la BADEA, et le Projet Sécurité Alimentaire dans les Territoires Ruraux du Cameroun (SECAL), appuyé par l’AFD avec 10,5 milliards environ. Ces actions, dont la liste est non exhaustive, se poursuivent dans le cadre plus général de l’atteinte de l’objectif de transformation structurelle prescrit par la SND30
Défis Actuels : Comment limiter à l’avenir l’impact des chocs exogènes sur l’économie nationale ?
ALAMINE OUSMANE MEY : Limiter l’impact des chocs exogènes sur l’économie nationale revient à améliorer la résilience de notre économie. De manière succincte, le concept de résilience renvoi à la capacité d’une économie à anticiper un choc avant sa survenue afin de mieux s’y préparer, à limiter les effets néfastes du choc une fois qu’il s’est manifesté, et à se promouvoir un relèvement rapide après le choc. Les chocs récents nous ont permis d’apprécier, d’une certaine manière, le niveau de résilience de l’économie camerounaise. Que ce soit pour la COVID-19 ou la crise en Ukraine, nos performances macroéconomiques ont été affecté relativement moins qu’ailleurs, avec des niveaux de croissance qui sont restés positifs, des déficits budgétaires maitrisés et une dette dont le service a continué d’être assuré régulièrement. A contrario, certaines économie africaines ont connu de profondes récessions, comme ça a été le cas en Afrique du Sud, en Lybie et au Gabon en 2020, et d’autres se sont déclarés en défaut de paiement comme c’est le cas de la Zambie. Pour renforcer cette résilience, les actions prioritaires se structurent autour de (i) la poursuite de la diversification de notre économie, dont les leviers ont déjà été évoqués ; (ii) la promotion de l’économie numérique, dont les activités sont moins impactées en cas de crise et qui soutiennent le développement d’autres secteurs ; (iii) le renforcement de l’inclusion financière, ce qui permet aux entreprises et aux PME notamment de faire face à leur difficultés de trésorerie en périodes difficiles ; (iv) l’amélioration de la gouvernance, notamment au niveau du dialogue avec le secteur privé, de la coordination des politiques économiques au niveau central et décentralisé, et de la mise en œuvre des réformes structurelles avec nos principaux partenaires techniques et financiers.
Défis Actuels : Alors que les besoins de financement sont de plus en plus importants pour soutenir les efforts de transformation structurelle de l’économie, certaines institutions financières internationales semblent préoccupées par le rythme d’endettement extérieur. Comment mobiliser les financements tout en évitant les risques de surendettement ?
ALAMINE OUSMANE MEY : En effet, l’objectif de transformation structurelle de notre économie passe par la mise en œuvre de plusieurs projets d’investissement d’ici à 2035, dont le coût total est estimé à plusieurs milliards de FCFA. Ceci implique une stratégie de financement cohérente, nécessairement orientée partiellement vers l’extérieur, au regard de l’ampleur des besoins et de l’étroitesse du marché local des capitaux. La mise en œuvre des projets démarrée depuis 2010, a contribué à conduire à un stock d’endettement équivalent à environ 45% du PIB, dont la dynamique a été soutenue par quelques crises récentes, notamment celle liée au COVID-19. Il convient de relever que la politique de gestion prudente de la dette observée au Cameroun, a permis à notre économie de conserver la viabilité de son endettement alors même que plusieurs pays africains ont dû se déclarer insolvables.
Cette politique prudente continue d’être mise en œuvre, avec pour objectif notamment de favoriser les engagements concessionnels, donc de longues maturités et à taux d’intérêt réduits, mais aussi de réduire l’exposition de notre dette aux fluctuations des taux de change et taux d’intérêt internationaux. Par ailleurs, il est question d’accroitre et d’accélérer le retour sur investissement des projets financés par endettement, à travers la réduction des délais d’exécution, l’optimisation des coûts et le renforcement de l’utilisation des intrants et entreprises locales. Ceci permettra, à côté des autres initiatives en cours, d’améliorer la mobilisation des recettes intérieures pour favoriser notre capacité de remboursement.
A côté de ces actions, les initiatives visant le renforcement et la diversification des exportations, que nous avons déjà énoncées, devraient se traduire par des recettes d’exportations plus importantes et plus résiliente aux caprices du contexte international. Toute chose qui contribuerait aussi à nous éloigner davantage du risque de surendettement.
Entre 2021 et 2023, un dialogue sectoriel baptisé Cocoa Talks a permis de définir treize actions prioritaires. Parmi elles, la Cocoa Action 8, présentée à Yaoundé, vise à doter les coopératives de plans de formation et d’investissement afin de se conformer au règlement européen sur la déforestation.
L’accès au marché européen en jeu
L’Union européenne, premier importateur du cacao camerounais, impose désormais des exigences strictes : traçabilité, durabilité et preuve que la production est « zéro déforestation ». Pour Antonio Querido, représentant de la FAO, l’objectif était de « présenter les besoins des coopératives pour leur mise en conformité ». Une cartographie des vergers et zones à risque est annoncée, tandis qu’une évaluation de terrain a déjà été menée dans les cinq grands bassins de production (Centre, Sud, Littoral, Est et Sud-Ouest).
Ces données serviront de base à des programmes de renforcement de capacités, d’accompagnement technique et d’investissements ciblés. Selon le ministère de l’Agriculture et du Développement rural (Minader), la vigilance est cruciale. « Restons vigilants et notre cacao sera de plus en plus exporté vers l’Union Européenne et même vers d’autres nouveaux marchés », a déclaré Colince Nguelo, représentant du ministère.
Des opportunités au-delà de l’Europe
Si l’Union européenne reste la destination prioritaire, les normes internationales ouvrent aussi la voie à de nouveaux marchés premium en Asie et en Amérique du Nord. Dans ces zones, la traçabilité et la durabilité sont devenues incontournables. Pour les producteurs camerounais, longtemps pénalisés par la faiblesse des prix, l’adaptation aux standards européens représente une perspective de revenus plus stables et d’attractivité accrue auprès des investisseurs privés.
Investissements structurants et rôle du secteur privé
Lors de l’atelier du 25 septembre dernier à Yaoundé, un consensus s’est dégagé, sans investissements majeurs, la filière cacao risque de s’essouffler. Les priorités sont désormais connues – cartographie numérique des vergers, certification des parcelles, systèmes de traçabilité, formation des producteurs, équipements modernes et infrastructures de stockage ou de transformation. Grâce à cette cartographie du produit de la filière cacao, il sera possible de suivre l’origine de chaque fève, de la plantation au marché international. Cette traçabilité renforcera en outre la crédibilité des exportations camerounaises et facilitera leur commercialisation sur le marché européen. Mais concrétiser ces exigences, nécessite des financements lourds.
Les participants ont insisté sur la responsabilité du secteur privé, en particulier des exportateurs et chocolatiers, appelés à investir aux côtés de l’État et des bailleurs de fonds internationaux. Leur engagement est indispensable pour sécuriser les approvisionnements et assurer l’avenir du cacao camerounais.
Traçabilité, lutte contre le travail des enfants et durabilité
Au-delà des enjeux environnementaux, l’Initiative Cacao Durable de l’Union européenne intègre la lutte contre le travail des enfants, encore présent dans certaines zones cacaoyères. L’association entre respect des droits sociaux et durabilité environnementale est stratégique : un cacao certifié « éthique » bénéficie d’une meilleure valorisation et fidélise les consommateurs.
L’expérience de mise en conformité des coopératives camerounaises pourrait d’ailleurs servir de modèle pour d’autres filières agricoles comme l’anacarde, le café ou encore le bois, également exposés à des normes internationales de plus en plus strictes.
Pour le Cameroun, près de 78 % du cacao et 68 % du café produits dans le pays sont exportés vers l’Union européenne. Ce chiffre illustre la dépendance des filières agricoles aux débouchés extérieurs. « Avec le niveau actuel des cours, que je situerais autour de 5.000 FCFA/kg de cacao, soit 5.000.000 de FCFA/tonne, et pour une production exportée de l’ordre de 300.000 tonnes, cela représente une rémunération versée directement au producteur, sur une seule campagne, de l’ordre de 1.500 milliards de FCFA », avait souligné Luc Magloire Mbarga Atangana, en juillet 2024.
Une filière sous surveillance internationale
Avec près d’une cinquantaine de participants – administration publique, organisations de producteurs, société civile, bailleurs de fonds et organismes de certification –, l’atelier de Yaoundé a confirmé que la filière cacao du Cameroun évolue désormais sous le regard attentif de Bruxelles, de la FAO et d’acteurs financiers internationaux.
Le cacao, un produit clé pour le Cameroun, représente 1,2 % du PIB et constitue le deuxième produit d’exportation après le pétrole. Si certains producteurs perçoivent ces nouvelles règles comme une contrainte supplémentaire, d’autres y voient une opportunité de modernisation et d’ouverture vers des marchés plus rémunérateurs. Entre obligations réglementaires et perspectives de revenus accrus, la filière cacao camerounaise est face à un choix stratégique : transformer ses pratiques pour prouver que son cacao peut être durable et compétitif.