Au moment où l’on annonce l’ouverture du contentieux post-électoral pour le scrutin présidentiel du 12 octobre dernier, le candidat Issa Tchiroma Bakary qui a déjà reconnu sa victoire, rend publics les procès-verbaux de 18 départements, qui fondent sa déclaration de victoire. Ces procès-verbaux sont issus des compilations des (PV) sortis des bureaux de vote et des antennes communales. Il s’agit du Wouri (Littoral), du Mfoundi (Centre), de la Bénoué (Nord), du Diamaré (Extrême-Nord), du Mayo-Danay, du Mayo-Tsanaga, de la Vina (Adamaoua), du Logone-et-Chari, du Mungo, du Noun, du Mayo-Louti, du Mayo-Kani, du Mayo-Sava, de la Menoua, de la Mifi, du Mayo-Rey, du Lom-et-Djérem et de la Lékié.
On en apprend que le candidat du Front pour le Salut national du Cameroun (Fsnc) a remporté l’élection dans le Wouri avec 78,31% des suffrages ; 59,56% dans la Vina ; et 61,05% dans le Mungo. Globalement, ces 18 départements clé qui, selon le communiqué accompagnant la publication desdits PV, totalisent près de 80% des 8 millions d’électeurs. « En remportant ces 18 départements, la victoire nationale est garantie, car leur poids électoral détermine l’issue du scrutin », explique le communiqué.
Alors même que les opérations de vote se déroulaient encore en terre camerounaise, la diaspora avait commencé à livrer les résultats des urnes. Et dans l’ensemble, selon les informations reçues et concordantes, Issa Tchiroma se comporte mieux à l’étranger. Aux Emirats-Arabes unis, le candidat du Fsnc a damé le pion à Paul Biya avec 174 voix contre 21, et Cabral Libii arrive en 3ème position avec 13 voix. En Arabie saoudite, c’est encore Issa Tchiroma qui arrive en tête avec 33 voix, contre 17 pour Paul Biya. Pareil en Chine où l’ancien membre du gouvernement dame le pion au président sortant, par 21 voix contre 12. A Naïrobi pour vote au Kenya, le même opposant coiffe les autres avec 92 voix contre 70 pour Paul Biya. C’est aux Pays-Bas que Cabral Libii force un passage mais juste pour occuper la seconde place (13 voix), derrière Issa Tchiroma (25 voix), et Paul Biya 3ème avec 11 voix.
En revanche, en Russie, le président Paul Biya arrive en tête avec 56 voix, suivi d’Issa Tchiroma avec 43 voix.
Vague jaune
Sur le plan national, Yaoundé a vu une vague jaune jaillir des urnes. En témoigne les explosions de joie de militants se réclamant de l’ancien membre du gouvernement, dans la plupart des bureaux de vote de Yaoundé 2, Yaoundé 3 et Yaoundé 6. A Maroua, capitale de la région de l’Extrême-Nord, c’était une liesse populaire. Les partisans d’Issa Tchiroma ont envahi les rues pour crier la victoire de leur champion. Ici, le résultat le plus illustratif est celui des Services du gouverneur. Dans ces locaux abritant les bureaux du représentant du président de la République, deux bureaux avaient accueilli les votes des électeurs. Dans l’un, le « candidat du peuple » a récolté 117 voix contre 72 pour Paul Biya, 7 pour Cabral Libii et 3 pour Bello Bouba. Le PAL et le FDC se contentent chacun d’une voix. Dans l’autre bureau, le même opposant arrive en tête avec 18 voix contre 12 voix pour le « propriétaire » des lieux, et une seule voix pour le candidat de l’Undp.
Au lamidat de Maroua, un autre centre de vote installé dans le domaine d’un affidé du régime, les deux bureaux de vote ont donné la même tendance. Dans le bureau A, Issa Tchiroma obtient 78 voix, contre 39 pour Paul Biya et 4 pour Bello Bouba. Les autres n’ont aucune voix. Dans le bureau B, c’est la même razzia jaune avec 80 voix pour Tchiroma et 27 pour Paul Biya, 02 pour Cabral Libii et une seule pour Bello Bouba.
Le contentieux électoral s’ouvre mercredi 22 octobre. Une journée marathon qui débouchera sur la proclamation des résultats officiels du scrutin. Mais Issa Tchiroma, lui, a déjà pris la peau de l’élu. Son représentant à la commission nationale de recensement général des votes ayant déserté la salle des travaux en dénonçant de grandes disparités entre les chiffres issus des départements, et ceux présentés devant la commission. De quoi susciter des contestations dans plusieurs villes dont Garoua, Dschang, Douala, Bafoussam. L’homme retranché dans sa résidence de Garoua, a appelé les forces de défense et de sécurité à se ranger du côté du peuple et non d’un clan ou d’un individu.
EMMANUEL NOUBISSIE NGANKAM, Analyste Economique Ancien haut fonctionnaire
de la Banque mondiale
Alors que la parenthèse de l’élection présidentielle se referme avec son lot d’émotions et d’incertitudes non encore totalement contenues, la réflexion sur les enjeux du développement économique devrait reprendre ses droits afin de sortir le Cameroun de l’abîme dans lequel il s’enlise doucement et peut être même inexorablement si rien n’est fait pour changer de trajectoire. Dans un tel contexte, la relation avec les Partenaires Techniques et Financiers (PTF) prend toute sa place et particulièrement avec le Fonds Monétaire International (FMI) dont la seule évocation suscite de la controverse voire de l’appréhension. Une controverse qui confine à certains égards, à l’irrationnel et parfois teintée de dogmatisme et d’idéologie.
L’appréhension quant à elle pourrait se résumer à l’effroi d’un grand malade qui face à son médecin traitant, redoute à la fois le diagnostic et la thérapie de choc qui s’y prête. Et pourtant le Cameroun a mal à son économie et la présence entre autres, du FMI à son chevet, n’est certes pas une panacée, mais un accompagnement rendu indispensable du fait de la conjonction de plusieurs facteurs que sont, (i) l’état de l’économie et les contreperformances des politiques publiques, (ii) la pusillanimité des institutions publiques peu enclines à mettre en œuvre de manière courageuse et cohérente les réformes parfois audacieuses qu’impose la quête de performance et le respect de la trajectoire fixée, et (iii) la valeur ajoutée réelle qu’apporte le FMI.
UNE CROISSANCE POSITIVE MAIS MOLLE, QUI, RAPPORTÉE AUX PARAMÈTRES SOCIAUX, EST APPAUVRISSANTE
S’agissant de l’état de l’économie camerounaise, c’est devenu une rengaine que de rappeler que les performances des politiques publiques sont sous-optimales à plusieurs égards et les principaux indicateurs macroéconomiques sont suffisamment édifiants. D’après les comptes nationaux publiés par l’Institut National de la Statistique (INS), le taux de croissance du PIB est resté atone voire fragile au regard d’une part des potentialités du pays et d’autre part des objectifs fixés par les autorités.
Le pic de 5,3% réalisé en 2014 n’a plus jamais été atteint et en 2020 il a même été presque négatif (0.7%), certes du fait de la crise planétaire induite par la pandémie du Covid-19. Depuis lors, le taux de croissance oscille autour de 3% (il a été de 3,5% en 2024) et la projection relativement optimiste pour 2025 est d’environ 4%, c’est-à-dire loin, très loin de la moyenne annuelle de 8,1% prévue dans la Stratégie Nationale de Développement SND30. C’est donc une croissance molle qui, rapportée à l’évolution démographique et à d’autres paramètres économiques et sociaux, pourrait s’apparenter à une croissance appauvrissante.
D’après le dernier baromètre de la CEMAC publié par la Banque mondiale en juin 2025, sur une population camerounaise estimée à 29,6 millions d’habitants, 12,6 millions soit environ 42,5% seraient pauvres et vivraient avec moins de 3,65 dollars (2200 F CFA) par jour. Cet appauvrissement est amplifié par l’inflation qui, d’après toujours l’INS, a atteint un pic de 7,4% en 2023 avant de redescendre à 4,5% en 2024, au-dessus de la norme communautaire de 3%. Cette hausse généralisée des prix considérée comme l’impôt des pauvres, érode le pouvoir d’achat particulièrement celui des couches les plus vulnérables.
UNE CRISE DE TRÉSORERIE QUI INDUIT LE RECOURS QUASI HEBDOMADAIRE AUX BONS DE TRÉSOR ASSIMILABLES
Pour ce qui est des comptes publics, la situation du Cameroun est essentiellement caractérisée par un déficit budgétaire couplé à un déficit du compte courant, les fameux déficits jumeaux fortement préjudiciables à l’ensemble de l’économie. En 2024, le solde du compte courant était de – 3,4% du PIB et le solde budgétaire de -1,5%. Ces chiffres traduisent un déséquilibre des comptes extérieurs et un déficit public financé soit par de l’endettement, soit par l’accumulation des arriérés, soit par les deux à la fois. Au-delà du solde budgétaire global, la situation des finances publiques est marquée entre autres, par une persistante tension de trésorerie de l’état dont l’une des manifestations est le recours quasi hebdomadaire au marché régional des titres publics par l’émission des Bons de Trésor Assimilables à 13 semaines (3 mois), 26 semaines (6 mois) ou 52 semaines (un an) pour lever 10 à 15 milliards de F CFA au taux d’intérêt allant jusqu’à 7%.
Pour faire simple, cette pratique est assimilable à un chef de famille qui chaque semaine, va à la tontine emprunter de l’argent pour faire face à ses engagements courants. Après chaque remboursement, il réemprunte immédiatement et ainsi de suite. Une cavalerie financière couteuse. Pour ce qui est de la torpeur à mettre en œuvre les réformes hardies y compris l’application de certaines législations, le cas le plus patent est la gestion des entreprises publiques dont certaines dans des secteurs stratégiques, sont devenues de véritables boulets, obérant la productivité et partant, la compétitivité de l’ensemble de l’économie. Le retard pris dans le secteur du numérique, la qualité et le coût des prestations dans ce secteur en est une parfaite illustration. Que dire de la mise entre parenthèses de l’application de la loi de 2017/011 du 12 juillet 2027 portant statut général des entreprises publiques et particulièrement les dispositions relatives à la limitation des mandats des dirigeants sociaux de ces entreprises ? Une situation de fait, fortement décriée avec persistance par l’universitaire Viviane Ondoua Biwole. Des cris dans le désert. Des exemples des réformes contenues ou différées sont légion et relèvent soit d’un manque de volonté politique, soit de la protection des privilèges, ou tout simplement de l’incompétence. Quelles qu’en soient les raisons, la procrastination et la lenteur dans le processus de prise de décision sont des maux aux conséquences incommensurables.
La réhabilitation de la SONARA ou la construction d’une nouvelle raffinerie devenue un véritable serpent de mer est à mettre dans ce registre. Il en est de même de la SNI dont la décision de réorganisation par décret du 10 juillet 2024 a charrié d’énormes attentes au regard des missions stratégiques de cette entreprise. Plus d’un an après, il y a à craindre que la montagne n’ait accouché d’une sourie car depuis lors, en dehors de la nomination du Président du Conseil d’Administration (PCA), aucune transformation majeure annoncée dans le décret ne semble s’être matérialisée. Dans le secteur de l’énergie électrique ô combien névralgique, la réalisation du barrage de Nachtigal avec ses 420 MW constitue incontestablement une avancée majeure.
Cependant, les difficultés à mettre en œuvre certaines clauses contractuelles liées à l’exploitation de ce barrage, la persistance du déséquilibre financier de l’ensemble du secteur, pourraient retarder voire compromettre les perspectives de développement de ce secteur, situation fortement préjudiciable à l’ensemble de l’économie. Quid des atermoiements dans la réalisation des infrastructures de transport (routes, autoroutes) ou encore des contrats mal négociés et qui conduisent à des contentieux aux conséquences financières désastreuses (péages routiers, contrats miniers etc). La parfaite illustration est l’affaire Sundance relative à l’exploitation du gisement de fer de Mbalam, affaire encore pendante depuis 2022 devant la Cour d’Arbitrage de la Chambre de Commerce Internationale (CCI) alors que la compagnie australienne réclame au Cameroun 5,5 milliards de dollars de dommages, soit environ 3300 milliards de F CFA (près de 45% du budget annuel de l’Etat).
UN NOUVEAU PROGRAMME AVEC LE FMI PERMETTRAIT D’ACTIONNER AU MOINS TROIS LEVIERS AUX RETOMBÉES POSITIVES
Dans un tel contexte, quelle serait la valeur ajoutée d’un programme avec le FMI ? Il convient de rappeler que c’est le pays qui, en fonction de l’état de son économie et de ses besoins, sollicite l’assistance du FMI dans le cadre d’un programme. Le faire n’est pas (de manière absolue) une perte de souveraineté encore moins une mise sous tutelle même si elle s’accompagne de contraintes et de conditionnalités.
Il s’agit avant tout de l’exercice d’un droit que confère le statut de membre de cette institution qui s’apparente à une caisse de crédit mutuel pour les pays. Chaque membre peut y faire des placements ou solliciter des prêts. Cela dit, en ce qui concerne le Cameroun, un nouveau programme avec le FMI permettrait d’actionner au moins trois leviers aux retombées positives notamment, (i) des ressources financières, (ii) la mise en œuvre des réformes qui vont avec les conditionnalités et le rétablissement de la confiance des partenaires, et (iii) l’assistance technique et le renforcement des capacités dans des secteurs spécifiques. S’agissant des financements, les prêts du FMI sont essentiellement à taux d’intérêt raisonnable voire concessionnel.
Ceci est indéniablement un précieux avantage dans un environnement mondiale caractérisé par, d’une part la raréfaction des ressources et d’autre part le renchérissement des conditions des prêts sur le marché des capitaux. Ces prêts ne sont pas destinés au financement de projets spécifiques comme le font les banques de développement, mais constituent en quelque sorte des appuis budgétaires permettant au pays de faire face à des problèmes de liquidité ou au paiement des engagements internationaux (financement des importations, remboursement de dette etc.).
Au regard du solde courant et du déficit budgétaire persistants mentionnés plus haut, un financement du FMI serait une bouée de sauvetage pour le Cameroun qui par ailleurs pourrait pâtir des contreperformances des autres pays de la CEMAC. Rappelons que le dernier programme qui s’est achevé en juin 2025 et appuyé par trois accords de financement a permis au Cameroun de bénéficier d’une assistance financière globale de 956,1 millions de dollars soit environ 590 milliards de F CFA.
COMME SI ELLES AVAIENT ABDIQUÉ DE LEURS RESPONSABILITÉS, CES AUTORITÉS SE DÉFAUSSENT SUR FMI QUI LES ENJOINT À METTRE DE L’ORDRE DANS LEURS PROPRES AFFAIRES
Pour ce qui est de la mise en œuvre des réformes, cette composante du programme constitue ce qui pourrait s’assimiler à une assistance vertueuse qui traduit à certains égards les difficultés (pour ne pas en dire plus) des autorités à s’approprier lesdites réformes et de les mettre en œuvre de manière autonome, volontariste et courageuse. Comme si elles avaient abdiqué de leurs responsabilités, ces autorités se défaussent sur FMI qui les enjoint à mettre de l’ordre dans leurs propres affaires par le biais des conditionnalités (repères structurels ou quantitatifs).
A titre d’illustration, alors que l’on se serait attendu à une action volontariste de l’Etat, c’est le FMI qui, en 2022, enjoint le Gouvernement à procéder à : (i) un audit par la Chambre des Comptes de la Cour Suprême et sa soumission aux services du FMI, au Premier Ministre, au Sénat et à l’Assemblée Nationale ; (ii) la publication des informations sur les marchés en rapport avec la COVID-19 et, (iii) la publication du rapport d’exécution du Compte d’Affectation Spécial COVID-19 ».
C’est encore le FMI qui dans le cadre des conditionnalités du programme triennal appuyé par la Facilité Elargie de Crédit (FEC) et le Mécanisme Elargi de Crédit (MEDC), exige de l’Etat du Cameroun « La finalisation et la publication des textes d’application de la loi 2016/017 du 14 décembre 2016 portant code minier ». Fallait-il attendre que ce soit le FMI qui exige « la finalisation de l’étude diagnostique de CAMTEL, du PAD (Port Autonome de Douala) et de CAMWATER » ? Si ce n’est pas de la pusillanimité, ça y ressemble. Dans un éditorial mémorable de Cameroon Tribune du 22 septembre 1987 (déjà), Henri Bandolo, de regrettée mémoire, s’alarmait : « Evacués les facteurs exogènes dont l’origine, le contrôle et la maîtrise nous échappent, on n’a pas dit grand-chose sur nos propres responsabilités dans cette crise et, notamment, sur la médiocrité de nos élites intellectuelles, cadres supérieurs de la Nation, en charge des affaires de la République ». C’était il y a 38 ans…
Enfin, pour ce qui est de l’assistance technique et des conseils, c’est l’une des missions statutaires du FMI et le Cameroun en a déjà tiré avantage notamment en ce qui concerne la réforme du système de l’administration fiscal ou encore plus récemment le renforcement des capacités de la chambre des comptes de la cour suprême en vue d’un meilleur accomplissement de ses missions de contrôle des comptes publics et juge des comptables et gestionnaires publics.
En somme, si le FMI s’apparente à une caisse de crédit mutuelle pour ses états membres, solliciter opportunément son assistance constitue une bouée de sauvetage macroéconomique pour les pays en développement et émergents qui savent tirer avantage de cette institution qui souffre encore, hélas, d’une réputation écornée du fait, entre autres, des ajustements structurels des années 90 dont la brutalité, à certains égards, a laissé des cicatrices.
Emmanuel NOUBISSIE NGANKAM, Analyste Economique Ancien haut fonctionnaire de la Banque mondiale enoubissie7897@gmail.com
A domicile le 13 octobre dernier, les Lions indomptables ont été accrochés par les Palancas negras (0-0). Un nul au goût de défaite. Et d’ailleurs, les visiteurs ont manqué trois fois de trouver le chemin des filets : deux fois la transversale, et un tir de Banza (41ème) capté par André Onana. Côté Cameroun, seul une tête peu appuyée de Nouhou Tolo a pu être enregistrée. La sélection locale a souffert dans une rencontre peu engagée sur le plan offensif.
Il aura fallu attendre les dix dernières minutes pour voir ce flanc se réveiller. Avec les entrées de Vincent Aboubakar, Choupo-Moting et Christian Bassogog. Mais les trois occasions franches obtenues, notamment cette double frappe de Bryan Mbeumo, ont trouvé un impérial portier angolais. Les Palancas negras qui n’avaient plus rien à gagner dans ce tournoi éliminatoire, n’ont accordé aucun répit aux Lions indomptables, qui devront compter sur le destin des autres pour sauver le leur. Alors que le Cabo verde se qualifie directement, et pour la première fois pour la Coupe du monde, le Cameroun, lui, rêve de l’y retrouver, par le mécanisme des barrages intercontinentaux. Il faut déjà s’affirmer lors des barrages africains.
Le tournoi des barrages africains se jouera au Maroc. Ce sera du 13 au 16 novembre 2025. Les quatre pays admis à ce rattrape sont respectivement le Gabon, le Cameroun, la Rdc et le Nigéria. Le règlement prévoit que le premier joue contre le 4ème et le 2ème affronte le 3ème. Ainsi, le Cameroun aura pour adversaire la Rdc, pendant que Gabon et Nigéria s’expliqueront. Les deux vainqueurs s’affronteront dans une finale continentale qui livrera le nom du représentant africain pour la confrontation intercontinentale.
L’opération en cours concerne tous les ménages, commerces et petites industries raccordés au réseau basse tension d’Eneo, soit plus de 600000 clients de l’entreprise.
Du 16 octobre au 31 décembre 2025, les clients d’Eneo dans sa région dite de Douala, recevront des équipes techniques dans leurs domiciles ou lieux d’activités. L’entreprise chargée de la distribution de l’énergie électrique au Cameroun vient de lancer une campagne d’inspection de tous les compteurs du parc de la ville de Douala et environs.
L’opération qui concerne à la fois des compteurs post payés communicants et non communicants va se dérouler dans la capitale économique, mais également dans une partie de certains départements du Littoral. Il s’agit notamment du Moungou avec la zone allant de Bekoko à Maleke en passant par Souza et Dibombari ; du Nkam, soit de Pk30 à PK45 et Bonepoupa. Dans la Sanaga maritime, la zone de Dibamba à Missole est aussi concernée. Tous les foyers, commerces et petites industries basse tension d’Eneo dans la région Eneo de Douala seront visités. Cette région compte environ 622 600 clients basse tension, dont près de 400 000 en prépaiement et plus de 220 000 en post paiement.
Sur le terrain, les équipes techniques d’Eneo procèdent chez chaque client à la vérification et la géolocalisation du compteur, la mise à jour des informations du client (coordonnées, activité, téléphone, etc.) et un contrôle visuel des installations. Ceci en vue de contrôler le bon fonctionnement des appareils de comptage et d’assurer la fiabilité de leurs données.
Cette campagne qui répond à une exigence règlementaire, vise la mise à jour des informations dans les systèmes techniques et commerciaux de la compagnie. « Initialement ponctuelle, cette campagne s’inscrit désormais dans une démarche pérenne de fiabilisation du fichier clientèle et de modernisation des outils d’exploitation, notamment par la géolocalisation. Elle s’emploie à une mise à jour régulière des données clients et un meilleur suivi des équipements sur le terrain. Cette activité contribue également à réduire les risques d’erreurs de facturation susceptibles de générer des litiges, et à améliorer la transparence dans la relation avec les clients », renseigne la direction régionale d’Eneo Douala.
Les clients sont appelés à identifier les agents déployés sur le terrain. Ils seront munis d’un badge, d’une carte professionnelle Eneo (ou partenaire) et d’un ordre de mission authentifiable via un QR code. Cette opération gratuite intervient deux années après une campagne de mise à jour des compteurs prépayés sur l’ensemble du territoire national.
Une enquête menée par une organisation de la société civile révèle des irrégularités dans l’attribution de certaines concessions foncières à la Socapalm mais celle-ci soutient que les reproches reposent sur des interprétations erronées.
La Société Camerounaise de Palmeraies (Socapalm) est de nouveau indexée dans une affaire foncière. Une enquête menée par Green Development Advocate ( GDA), met en évidence des irrégularités dans l’attribution de certaines concessions foncières à cette agro-industrie à Édéa, dans la région du Littoral. Cette organisation de la société civile indique qu’on assite à des affrontements récurrents entre les communautés d’Apouh A Ngog, Koukouhè, Onguè et Déhanè et la Socapalm, depuis que l’entreprise a lancé les campagnes de renouvellement des plantations de palmiers à huile en 2023.
Selon l’enquête, près de 1 000 hectares seraient concernés par les revendications des populations qui dénoncent l’accaparement de leurs terres ancestrales. Au centre de la controverse, un arrêté préfectoral de mars 2021 attribuant 874 hectares de terres d’Apouh à la Socapalm. Cette « surface exploitée de 874 ha a été attribuée par arrêté préfectoral N°066/AP/C18/SAAJP du 3 mars 2021 au lieu-dit Apouh, pendant que la concession provisoire demeure en cours de transmission. Ce qui traduit l’illégale antériorité de l’exploitation agricole avant l’attribution de l’espace », indique le rapport d’enquête qui souligne aussi d’importants écarts entre les superficies concédées et les superficies exploitées.
Dans un communiqué, la Socapalm réfute les conclusions du rapport et affirme que les griefs ont pour base « des interprétations erronées ». Au sujet de l’arrêté préfectoral de 2021, l’entreprise soutient que « le préfet concerné a confirmé quele village d’Apouh n’existait pas à l’époque de la signature des titres contestés ». Bien plus, comme pour démontrer sa bonne foi, la Socapalm fait savoir qu’en 2017, avec l’appui du ministère des Domaines, du Cadastre et des Affaires foncières (Mindcaf), elle a engagé une expertise foncière impliquant les autorités locales et les représentants des communautés riveraines pour une clarification définitive des droits fonciers. Ce qui a abouti à la régularisation des concessions, avec la délivrance de titres fonciers définitifs en mars 2025. La superficie de la concession d’Édéa a été ramenée à 1 086 hectares et les parcelles retranchées devant être restituées à l’État du Cameroun, précise l’entreprise.
Les conflits fonciers autour des plantations de la Socapalm sont récurrents. En 2024, les riverains de la Socapalm ont obtenu de la justice le paiement de plus de 90 millions de FCFA. Un montant versé par Socfin, la maison mère de cette agro-industrie, dans le cadre d’une affaire judiciaire au sujet des plaintes pour accaparement des terres et violation de certains droits. L’affaire concernait 145 riverains régions du Sud, du Littoral et du Sud-Ouest, où la Socapalm est implantée. Ils dénonçaient l’accaparement de leurs terrains et lieux de sépulture, la pollution des cours d’eau par les produits chimiques, des mauvaises conditions de travail dans les plantations, l’absence d’actions de développement etc.
Les lendemains de la présidentielle du 12 octobre 2025 sont agités dans les états-majors du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC). Donné largement favori avant le scrutin, le parti affichait même une certaine arrogance, une suffisance qui l’a conduit à mener une campagne électorale minimaliste, sans directeur de campagne, et avec une seule sortie publique du Candidat Paul Biya. Pourtant, à l’issue du scrutin, le parti au pouvoir a vu ses bastions historiques notamment du grand nord et de l’ouest et même du centre vaciller, et pour certains tomber dans l’escarcelle d’une opposition largement portée par une dynamique de rupture au sein de la population qui n’en peut plus des mille frustrations quotidiennes dans tous les domaines. Des figures locales du RDPC, des maires sortants et même certains parlementaires qui ont battu campagne pour le candidat Biya et qui ont perdu par des scores parfois humiliants, admettent en privé un “revers inattendu” qui rebat les cartes politiques à l’échelle nationale. Car les législatives et municipales prévues en février mars 2025 pourraient être fatales au parti présidentiel qui s’enorgueillit de sa majorité obèse au parlement et d’un contrôle d’une grande majorité de communes.
Dans ce contexte, la perspective des élections législatives et municipales prévues pour début 2026 suscite des remous internes. Selon plusieurs sources concordantes, des voix s’élèvent parmi les militants et cadres du parti pour plaider un report technique et politique du double scrutin. Ils arguent que ce report permettrait de “garantir une meilleure organisation” du parti, considérablement affaibli dans certaines circonscriptions à l’issue de cette présidentielle. À l’Ouest du pays, dans les régions septentrionales et dans le littoral, trois zones où l’opposition réalise ses meilleurs scores, des élections locales aujourd’hui seraient perdues par le parti au pouvoir, affirme un analyste.
Reconquérir une base électorale démobilisée
En réalité, en reportant les élections, confient certains cadres, il s’agirait surtout de gagner du temps : le parti doit analyser les causes de la défaite présidentielle, reconstituer ses équipes locales et reconquérir une base électorale démobilisée.
Le scénario d’un report n’est pas inédit. Le Cameroun y a déjà eu recours à plusieurs reprises, sous couvert de « calendrier institutionnel ». D’ailleurs le mandat encours des députés et conseillers municipaux devrait être achevé depuis février 2025, mais ils ont bénéficié d’une rallonge d’un an, un report qui selon le gouvernement visant à alléger le calendrier électoral 2025 déjà engorgé avec une présidentielle et les régionales prévues en décembre 2025.
Mais cette fois, les motivations du report souhaité par les cadres au RDPC paraissent plus tactiques au bénéfice du parti au pouvoir. Des responsables régionaux redoutent une nouvelle débâcle lors des scrutins locaux si le RDPC s’y engage sans introspection préalable. Dans certaines circonscriptions du Centre, du Littoral ou de l’Ouest, les instances et dignitaires du parti sont divisées et se rejettent la responsabilité de l’échec, et plusieurs élus en poste pourraient même jeter l’éponge pour éviter une nouvelle humiliation. D’autres responsables du pays, plus opportunistes, pourraient rejoindre les partis d’opposition les plus en vue pour tenter de garder leurs mandats. Des tendances qui menacent de fissurer davantage l’édifice RDPC.
RDPC : vers le rajeunisse ment de ses candidats
Par ailleurs, les résultats de la présidentielle ont mis en lumière une fatigue du corps électoral vis-à-vis du parti au pouvoir, accentuée par la crise économique et la défiance envers les institutions. Reporter les élections pourrait permettre au RDPC d’orchestrer une restructuration en profondeur, voire de procéder à un rajeunissement de ses candidats pour tenter de reconquérir la jeunesse urbaine et rurale.
Cependant, une telle option n’est pas sans risques. Elle sera sans conteste perçue comme une manœuvre dilatoire, destinée à préserver l’emprise du pouvoir plutôt qu’à renforcer la démocratie. L’opposition, déjà vent debout, y verrait une atteinte au calendrier républicain. Toutes choses qui pourraient irriter davantage une population déjà suffisamment en rupture avec le RDPC. Des observateurs redoutent que ce glissement électoral – s’il venait à se concrétiser – accentue la défiance politique et nourris davantage les tensions dans un contexte post-électoral déjà fragile.
Les Douanes, le ministère des Mines et la Sonamines ont tenu, le 14 octobre 2025 à Yaoundé, une concertation technique en vue d’harmoniser leurs outils de suivi et de contrôle des exportations minières. L’enjeu est d’améliorer les recettes publiques, renforcer la traçabilité des flux de minerai et stimuler la transformation locale des ressources.
Réunis dans la salle de conférences de la Direction générale des Douanes (DGD), les participants ont examiné les mécanismes de mutualisation des ressources administratives et techniques en vue d’un meilleur encadrement fiscal et douanier des exportations de minerai de fer et de bauxite. Cette concertation s’inscrit dans la perspective d’une optimisation des recettes publiques, d’une traçabilité accrue des flux miniers et d’une promotion de la transformation locale des matières premières extractives. Les échanges ont mobilisé les responsables des divisions spécialisées de la DGD— ainsi que les cadres techniques du Minmidt et de la Sonamines.
Au terme de deux heures de discussions, les participants ont convenu de renforcer la synergie opérationnelle entre les trois institutions dans le suivi des opérations d’exportation. Cette approche conjointe doit permettre à l’État de mieux capter les recettes issues des exportations de minerais, d’élargir l’assiette fiscale — c’est-à-dire la base sur laquelle sont calculés les impôts et taxes —, et d’instaurer un système de contrôle intégré couvrant la chaîne d’exploitation, du site minier au port d’embarquement. Selon les services de la Douane, cette collaboration interinstitutionnelle vise également à garantir la prévisibilité des recettes et à sécuriser les données de production et d’exportation.
Des propositions de taux d’encadrement fiscal ont été évoquées, notamment pour les quote-parts de l’État dans la production de minerai de fer, de bauxite et de pétrole brut. Ces propositions feront l’objet d’un examen approfondi avant intégration dans la programmation budgétaire de l’exercice 2026.
POTENTIEL MINIER ET ENJEUX ÉCONOMIQUES
Le Cameroun dispose d’un potentiel minier considérable. Pour le minerai de fer, les principaux sites identifiés sont Mbalam-Nabeba, Kribi-Lobé et Bipindi-Grand Zambi. Le projet Mbalam-Nabeba, transfrontalier entre le Cameroun et le Congo, vise à devenir un pôle majeur de production de fer en Afrique centrale. À Kribi-Lobé, la réserve est estimée à 630 millions de tonnes, tandis que la mine de Bipindi-Grand Zambi, inaugurée en septembre 2025 en partenariat avec le groupe chinois Sinosteel, s’inscrit dans une dynamique de production soutenue. Le potentiel cumulé des gisements de fer du pays est évalué à plus de 3 milliards de tonnes.
Parallèlement, le Cameroun a engagé des projets d’exportation à partir du site de Lobé, sur la côte sud. Concernant la bauxite, utilisée notamment dans la fabrication de l’aluminium, les réserves identifiées dépassent 99 millions de tonnes exploitables sur une période d’environ vingt ans. Les gisements à haute teneur, tels que celui de Minim-Martap, affichent une concentration en alumine (oxyde d’aluminium) de 51 %, pour un potentiel global supérieur à 100 millions de tonnes. À cela s’ajoutent environ 600 millions de tonnes de bauxite ordinaire. Un projet ferroviaire reliant Minim-Martap au port de Douala est en cours de construction pour faciliter le transport de ce minerai vers les installations portuaires.
VERS UNE TRANSFORMATION LOCALE DES RESSOURCES EXTRACTIVES
Au-delà de la fiscalisation des exportations, la concertation du 14 octobre a mis en avant la nécessité d’une transformation locale des minerais, en cohérence avec la Stratégie nationale de développement 2020-2030 (SND30). Cette stratégie, qui place la transformation industrielle au cœur de la croissance, prévoit que les matières premières camerounaises soient davantage valorisées sur le territoire national avant exportation. L’enjeu, selon les responsables présents, est de créer de la valeur ajoutée, de renforcer la compétitivité du secteur minier et de stimuler l’emploi local. Les participants ont formulé plusieurs recommandations opérationnelles en vue d’une collaboration plus structurée entre les Douanes, le Minmidt et la Sonamines pour le prochain exercice budgétaire.
Parmi les principales mesures envisagées figurent la création d’une base de données commune destinée à améliorer le suivi des exportations minières, l’harmonisation des procédures de déclaration, de taxation et de certification, ainsi que l’instauration de taux d’imposition spécifiques pour les minerais stratégiques. À cela s’ajoute un volet crucial de renforcement des capacités techniques des agents chargés du contrôle des exportations, dans le but de garantir une meilleure traçabilité et une régulation plus efficace du secteur. Ces mesures, attendues dès 2026, devraient consolider la gouvernance du secteur extractif et permettre à l’État de mieux capter les revenus miniers, tout en encourageant une industrialisation fondée sur la transformation des ressources locales.
Les recommandations de Honoré MONDOMOBE, consultant en commerce international portent sur la digitalisation, le partenariat public privé, l’intégration des corridors et l’intermodalité si le port de Douala Bonabéri veut rester compétitif.
Le Port de Douala-Bonabéri, avec ses 150 ans d’histoire devrait se réinventer s’il souhaite être le moteur de la croissance du Cameroun et au-delà. C’est le postulat de l’économiste Honoré Mondomobe. Avec ses 22 ans de pratique du commerce international maritime dans plus de 40 pays africains, l’expert pense que les autorités du port de Douala devraient s’inspirer d’autres ports à l’instar de Lomé, Luanda, Durban et Mombasa qui connaissent un franc succès du fait de diverses réformes engagées.
Au port de Lomé au Togo en l’occurrence, il rapporte que la digitalisation et la dématérialisation ont donné des résultats positifs. Une réduction des temps de passage des conteneurs de 10 à 15 jours à 5 jours. La réforme dans la gouvernance et le partenariat a aussi induit une augmentation exponentielle de transbordement (plus de 70% du trafic total) faisant de Lomé le principal hub de la côte ouest africaine. A Durban, Honoré Mondomobe relate comment l’intégration ferroviaire à travers le transfert du trafic des marchandises de la route vers le rail a réduit « significativement la congestion routière et les émissions de carbone ».
Selon cet expert s’exprimant lors de la commémoration des 150 ans du port de Douala, ce dernier doit accélérer la digitalisation pour atteindre une dématérialisation totale des procédures ; renforcer la gouvernance pour garantir la transparence et l’efficience des opérations. En troisième lieu, il pense qu’il faudrait optimiser l’intermodalité et faire du Port la porte d’entrée fluide vers les pays enclavés. Il recommande ainsi d’investir fortement dans la digitalisation pour devenir un smart port ; renforcer les partenariats public-privé pour des projets d’infrastructure durables. Tout ceci, en s’alignant sur les ambitions de la SND30 pour faire du Port un vecteur de développement inclusif et durable. Pour Honoré Mondomobe, le port de Douala devra développer une stratégie proactive de responsabilité sociétale pour ancrer l’entreprise citoyenne qui respecte l’environnement et les communautés. La croissance du port doit selon lui tenir compte des impacts environnementaux tels que la gestion des déchets, les émissions de carbone et solutions possibles à l’instar de l’électrification, l’énergie solaire, la gestion de l’eau
Interview
Honoré MONDOMOBE, économiste
« Si le port ne se positionne pas il va disparaître »
Consultant en commerce international depuis 1991, l’expert analyse les défis et les perspectives du port de Douala Bonabéri dans un contexte de la Zlecaf et de diverses dynamiques mondiales de compétitivité et de développement durable.
A travers trois piliers, vous recommandez une transformation de la place portuaire de Douala Bonabéri. Pourquoi ce port devrait-il se réinventer aujourd’hui ?
Tous les ports sont en concurrence. C’est-à-dire que si un service n’est pas obtenu de façon optimale dans un port, l’usager, l’exportateur ou l’importateur va se retourner vers un autre port. Ce qui fait que le véritable défi, c’est la compétitivité des ports, c’est-à-dire l’amélioration du délai de passage des marchandises et l’amélioration du service. Un port comme celui de Douala est déjà bien engagé, mais il faut qu’il améliore sa vitesse pour être digitalisé. On ne doit pas se déplacer vers le port pour faire des opérations. On peut les faire sur le téléphone, on peut désormais les faire de loin. Donc il faut aller vers cette modernisation-là. Et c’est ça le défi, pas seulement du port de Douala, mais de tous les ports, à devenir digitaliser complètement. Les ports doivent être interconnectés en temps réel avec les sociétés de logistique et de transport pour que les marchandises soient attendues au port, au lieu que les commerçants et les logisticiens viennent faire la queue devant les ports. Les ports ne doivent pas perdre de temps aux exportateurs ou aux importateurs.
Quels sont les risques que le PAD court s’il ne suit pas cette dynamique ?
Si le port ne se positionne pas il va disparaître, parce qu’il y a un nombre de marchandises qui maintiennent le port de Douala en fonctionnement. Et si toutes ces marchandises sont plutôt exportées vers les ports des pays voisins, la baisse de l’activité du port peut amener le port à fermer. Et les gens, au lieu d’aller au port de Douala, iraient au port de Kribi, ou bien iraient au Gabon, ou bien au Nigeria. Donc il faut que les ports se modernisent pour continuer à attirer les exportateurs et les importateurs, et pour survivre. Parce que la compétition au niveau digital, au niveau de la fluidité, au niveau de la compétitivité, oblige les ports à s’arrimer. Si les ports ne s’arriment pas, ils vont disparaître. Il y a la concurrence des drones. Les drones vont prochainement porter des marchandises qu’on le veuille ou pas, les drones vont porter des containers. Il y a des études qui le démontrent. Ça veut dire que les ports vont avoir des concurrents en termes de logistique. Mais le port de Douala a beaucoup évolué. Le port de Douala a investi. Le port de Douala s’est arrimé. Mais c’est un cycle infernal dont il ne faut pas baisser la garde. Parce que de plus en plus, le port va être sollicité. Parce que les autres concurrents investissent aussi. Les autres concurrents se modernisent. Donc c’est une compétition acharnée. Donc le port de Douala est bien parti. Mais il ne doit pas laisser passer le cap. L’apport du secteur privé est également indispensable.
Vous proposez justement que le partenariat public privé soit davantage renforcé pour accompagner les projets d’infrastructures. Quel regard jetez-vous aujourd’hui sur le transport multimodal dans le pays ?
Le transport multimodal au Cameroun a du plomb dans l’air. Parce qu’il n’y a pas une bonne intégration fluide entre le rail, la route et le port. Normalement, tout devrait être combiné. Donc il faut que sur la place portuaire, qu’on retrouve le rail qui vient prendre la marchandise au port. On ne doit plus transporter la marchandise pour l’amener ailleurs. Le rail doit l’amener vers le port. Et le port doit exporter une marchandise qui est dans une chaîne de logistique mondiale. Et tout en évitant des pertes de temps. Donc le transport multimodal est encore un défi pour le port autonome de Douala. Mais ce n’est pas le port le seul acteur du transport multimodal. C’est tous les intervenants à la chaîne d’importation ou d’exportation.
Dans le tumulte post-électoral où circulent communiqués contradictoires et fausses déclarations, un ton singulier s’est élevé, celui de la tempérance. Depuis le 13 octobre, plusieurs candidats à la présidentielle ont appelé leurs partisans à la patience et au respect du cadre légal. Cabral Libii, candidat du Parti camerounais pour la réconciliation nationale (PCRN), a ouvert la voie.
Dans un communiqué, il a exhorté ses sympathisants à « la patience » et à « ne pas céder à la manipulation qui infeste les réseaux sociaux ». Insistant sur la fiabilité des procès-verbaux officiels, le député a rappelé que seuls les organes légaux de supervision détiennent la vérité des urnes. Une posture méthodique, presque académique, face à la cacophonie ambiante. Joshua Osih, du Social Democratic Front (SDF), a emboîté le pas. Reconnaissant que les chiffres internes de son parti ne lui sont « pas favorables », il a salué « le verdict clair du peuple », tout en promettant de respecter la décision du Conseil constitutionnel.
En insistant sur la paix et la légitimité du processus, Osih confirme son attachement à une opposition républicaine, fidèle à la voie institutionnelle plutôt qu’à la contestation systématique. Vétéran du jeu politique, Bello Bouba Maïgari a, lui aussi, choisi la modération. Dans un communiqué signé par son porte-parole Pierre Flambeau Ngayap, le leader de l’Union nationale pour la démocratie et le progrès (UNDP) a invité ses partisans à « faire preuve de calme et de maturité ». Soulignant la présence de ses représentants dans toutes les commissions de supervision, il a écarté toute interprétation hâtive des tendances. Une sagesse forgée par des décennies d’expérience politique.
Autre figure discrète mais cohérente, le Dr Jacques Bougha Hagbe a remercié ses électeurs tout en appelant à « demeurer calmes et confiants ». Sa prudence, à contre-courant de la surenchère verbale, illustre une conception apaisée de la compétition politique : celle qui attend que la parole institutionnelle soit rendue avant tout jugement. En retrait du scrutin, Akere Muna a également livré un message fort. Dans un texte intitulé Une nouvelle aurore, l’ancien bâtonnier appelle les institutions à « honorer leur devoir sacré » et exhorte le président sortant à « écouter la voix du peuple ».
Sans revendiquer ni contester, il place la morale et la dignité au cœur de l’après-vote. Plus ambigu, Ateki Seta Caxton, du Parti de l’Alliance libérale (PAL), a brièvement félicité Issa Tchiroma Bakary « pour sa performance », avant que son parti ne clarifie sa position. Le PAL a rappelé que cette déclaration relevait d’une « initiative personnelle » et qu’il convenait d’attendre les résultats crédibles issus des commissions départementales. Qu’ils soient jeunes ou vétérans, ces candidats forment, le temps d’un scrutin, un groupe de sages prônant la discipline républicaine.
Quand tout beignait encore dans l'huile entre Hiram et Atangana
Dans une mise au point rendue publique ce 15 octobre 2025, Denis Emilien Atangana, président du Front des Démocrates camerounais (FDC), écrit que « c’est bel et bien monsieur Bruce Tabeh, agissant en tant que secrétaire exécutif du parti politique MP3 et représentant de Sieur Hiram Samuel Iyodi (candidat investi par le FDC à l’élection présidentielle du 12 octobre 2025) qui avait déchargé cette somme de 15 000 000 Fcfa pour le financement public de la campagne électorale». Et d’ajouter que « bien qu’ayant investi le candidat Hiram Samuel Iyodi, le Front des démocrates camerounais n’a pas été associé de quelque manière que ce soit, à la gestion des fonds publics de campagne ». L’homme justifie cette sortie par le fait que « les militants et cadres du FDC sont régulièrement interpellés de manière directe ou indirecte, sur une sordide affaire de 15 000 000Fcfa », somme versée par les pouvoirs publics, au titre de financement de la campagne électorale. Au-delà du « désir de transparence » du président du FDC, il y a une crise de confiance entre les deux partenaires politiques. En effet, durant la campagne électorale, il a semblé se dessiner une fissure entre Denis Atangana et Samuel Hiram Iyodi. On apprendra dans les coulisses que le leader du parti reproche au candidat qu’il a investi, d’avoir écarté ses militants, pour ne travailler qu’avec les siens. Le président du parti MP3 n’avait déjà pas fait de Denis Atangana son directeur de campagne.
Et au lendemain du scrutin, le conducteur du « yango » (nom populaire donné aux partis ayant sous-traité l’investiture avec des personnes non membres de leurs partis, Ndlr) qui a transporté Samuel Hiram pour la présidentielle, a convoqué la presse, pour dénoncer sa frustration. « Nous avons été abusés dans notre bonne foi. Nous avons cru en un jeune candidat, mais nous avons été trahis », a-t-il déclaré. Accusant le passager de « violations graves des engagements pris, le non-respect de la direction de campagne, la mise à l’écart des cadres du FDC, la mauvaise organisation et l’absence de programme électoral ». En outre, à en croire Denis Atangana, «Samuel Hiram asaboté le FDC de l’intérieur » et collaboré avec d’autres formations politiques sans concertation. Prenant ainsi ses distances avec son « partenaire d’affaire » d’hier.
Aussitôt, l’homme a répondu à l’attaque : « Nous n’avons jamais trahi le FDC », réagit Samuel Hiram Iyodi dans un communiqué. Alors que Denis Atangana vient de féliciter Paul Biya pour sa « victoire » qu’il proclame, son candidat indique que « nos équipes poursuivent le décompte des voix, et nous nous tiendrons sans équivoque du côté de la volonté du peuple ». Son combat, souligne Samuel Hiram, est celui du changement démocratique, de la vérité électorale et de la refondation démocratique du Cameroun. Non sans promettre de « protéger la souveraineté du vote ».
Caxton Ateki-Bedzigui
De son côté, Caxton Ateki a depuis quitté le taxi qu’il avait emprunté pour la présidentielle 2025. Si le candidat et Célestin Bedzigui se sont accordés sur le choix de se rallier à Bello Bouba, les deux n’ont pas tenu longtemps une fois l’élection passée. Alors que le candidat soutient Issa Tchiroma dans sa déclaration annonçant sa victoire, le conducteur du taxi qui le transportait depuis quelques semaines, reste dans la prudence. L’homme a appelé ses militants à garder leur calme et à attendre les résultats officiels qui seront proclamés par les instances habilitées pour cela. « Afin d’éviter toute confusion et amalgame, nous tenons à préciser ici que la position d’Ateki Caxton relève d’une initiative personnelle tenant à l’exercice de sa liberté individuelle », écrit Célestin Bedzigui. Le président du PAL préfère attendre au moins la fin des compilations des procès-verbaux au niveau des commissions départementales de recensement des votes, avant de se déterminer.