Négociations : Guerre de leadership chez les sécessionnistes

Alors que le gouvernement a décidé de recourir aux négociations avec les leaders sécessionnistes, la guerre pour le contrôle des opérations fait rage.

Ayuk Tabe et Samuel Sako se discutent le leadership dans le NOSO

Le débat sur la tenue de négociations entre le gouvernement et des leaders séparatistes a révélé des luttes de positionnement au sein des milieux séparatistes. En dehors du Southern Cameroons Civil Society Consortium (Consortium), ex Cameroon Anglophone civil society, qui ne focalise pas l’attention sur des personnes, le refrain repris par divers sécessionnistes et partisans, est : « Les prisonniers ne négocient pas pour des gens libres». Mieux, « dans aucune guerre au monde les prisonniers ne peuvent négocier pour des gens libres. C’est aux hommes libres de négocier la libération des prisonniers », précise Chris Anu, secrétaire à la communication du gouvernement provisoire de la république fantôme d’Ambazonie, proche de Samuel Sako. Déniant à Julius Sisiku Ayuk Tabe la légitimité du leadership des négociations pour un cessez-le-feu dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest. Au-delà, c’est la légitimité même du leader autoproclamé à la tête de l’Etat virtuel d’Ambazonie qui est contestée. « Sisiku ne contrôle rien sur le terrain. Le pouvoir l’a choisi parce qu’il est faible d’esprit», informe Michel Biem Tong, journaliste en exil et défenseur de la cause séparatiste. D’ailleurs « il a trahi ses camarades en créant un gouvernement en prison », dénonce celui qui a passé quelques mois en détention pour ses relations avec les leaders sécessionnistes, avant d’être libéré à la faveur de l’arrêt des poursuites décidé par le président de la République en décembre 2018.

Et pourtant, tous les mouvements séparatistes émettent les mêmes conditions préalables aux négociations de sortie de crise : la libération des prisonniers arrêtés dans le cadre de cette crise, des négociations en terrain neutre facilitées par un médiateur mutuellement accepté et la démilitarisation des régions en conflit. Y compris la faction contrôlée par Ayuk Tabe. Ce n’est pas tant la personne de celui qui eut le courage de prendre la tête de la contestation politique, qui dérange. Le choix est stratégique : Raoul Sumo comprend le choix du gouvernement en faveur de l’ex cadre de la Sonel : « Sisuku est accessible. Il jouit d’une certaine légitimité et surtout le gouvernement croit avoir de l’emprise sur lui et croit pouvoir négocier en position de force», analyse l’expert des questions de défense et de sécurité. Toujours est-il que « le vrai interlocuteur est celui qui réussira à mettre un terme au lock down», assure Raoul Sumo. Une énigme que ne pourra pas facilement résoudre le régime de Yaoundé. « On aurait pu engager ces négociations au moment où Ayuk Tabe jouissait de toute sa légitimité », soutient l’expert.

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