« … Ici vous n’avez pas parole. Quand je viens au ministère, je vous respecte. Ici je suis le seul patron. C’est la dernière fois. D’ailleurs appelez-moi la sécurité pour le mettre dehors !» Dans une vidéo tournée ce matin au siège de la Fédération camerounaise de football (Fécafoot), Samuel Eto’o a haussé le ton ce matin face au Dr Cyrille Tollo, conseiller technique au ministère des Sports et de l’éducation physique (Minsep). Essayant d’empêcher l’homme de prendre part à la séance de travail qu’il a convoquée avec le staff des Lions indomptables, mais réduite à Marc Brys, Joachim Mununga son assistant, et Giannis Xilouris l’analyste vidéo. Les autres collaborateurs devant être ceux qu’il a nommés et qui attendent déjà en salle des travaux. Se serrant les poignets, les deux hommes ne se lâchent pas, et pourtant ils sont en désaccord et ne se cachent pas pour le faire savoir aux usagers et employés de la Fécafoot qui entrent et sortent.
Tenace, Cyrille Tollo campera : A un « représentant » du ministre Narcisse Mouelle Kombi qui tenait à assister à la séance de travail que comptait avoir avec le Marc Brys et ses collaborateurs. « Merci. Maintenant, je dois parler avec mes collaborateurs», tente-t-il de se libérer. «Non ! Vous ne parlerez pas avec vos collaborateurs. J’ai une instruction du ministre… ».
Sur ce, Samuel Eto’o prend congé de son interlocuteur et regagne la salle des conférences. L’autre l’y suit. Le patron des lieux engage avec Marc Brys : « Bienvenue chez vous !», lui lance-t-il. Et serre la main à tous les autres. Entre temps, l’«intrus » interfère. « C’est la dernière fois monsieur Tollo ». Réaction : « je vous interdis…». Courroucé, Samuel Eto’o menace de l’expulser : « Appelez-moi la sécurité, qu’on le mette dehors !», ordonne-t-il une nouvelle fois. Et Etienne Claude Tamo le chef du protocole, de se presser vers l’extérieur. « C’est ce qu’on va voir », riposte l’autre. Les deux hommes sont presque sur le point d’en venir aux mains.
Puis le patron des lieux se retourne vers Marc Brys qui visiblement n’entend pas se laisser abandonner par le protecteur envoyé par le ministre. « Je vous prie monsieur le sélectionneur : soit vous restez, soit vous le suivez ». Le Belge essaie de lui expliquer quelque chose : « Vous êtes entraîneur parce que je vous ai nommé ; vous n’êtes pas entraîneur parce que quelqu’un d’autre vous a nommé ; et je vous prie de respecter mes instructions, parce que j’observe beaucoup de manquements de votre part». L’homme ne veut pas céder : « Vous ne faites pas la politique au Cameroun. La politique au Cameroun, c’est le président Biya…», lui explique Samuel Eto’o. Lui rappelant que « ce que vous faites au Cameroun, c’est moi qui l’assume». Mieux, « dans votre pays vous ne parlerez pas comme ça. En tant que footballeur, vous ne pouvez jamais me parler. Je suis le président, vous ne me parlez pas comme ça. Arrêtez ça monsieur !» Le ton monte : « vous pensez que je peux faire ça en Belgique ? Mais comment vous pouvez faire ça au Cameroun ?» Non sans lui rappeler que « j’ai été entraîneur et j’ai été un très grand joueur». Sur ce, l’autre prend congé. « Si vous traversez, vous ne reviendrez plus», menaça son employeur. Pas de quoi ramener l’employé. Là Samuel Eto’o demanda à ses collaborateurs de convoquer le Comité exécutif.
La Fécafoot convoquait ainsi un homme qu’elle a évincé en indiquant que la décision de la Chambre de conciliation et d’arbitrage annulait de fait l’acte de nomination. La guerre est relancée. De nouveaux développements sont attendus dans les prochaines heures.
Des instructions avaient déjà été données pour que seules les personnes convoquées aient accès à l’enceinte de la Fecafoot. Malgré toutes les explications, Cyrille Tollo sera rabroué par les hommes de Tsinga. Il aura fallu une instruction de Samuel Eto’o arrivé sur ces entrefaites pour que l’émissaire du ministre puisse franchir les portes de la tour de Tsinga