Le Directeur Général de la Régie du terminal à conteneurs du Port de Douala (RTC) nous livre le bilan et les perspectives de cette structure créée il y a 5 ans .
En décembre 2019, par une résolution du conseil d’administration, la RTC a été créée pour reprendre la gestion et l’exploitation du terminal à conteneurs du port de Douala après la fin de la concession de Douala international terminal (DIT), détenue par le consortium Bolloré-APMT. Quel bilan en faites-vous 5 ans plus tard ?
5 ans après que nous ayons repris le terminal à conteneurs, il y a beaucoup de choses qui ont changé. Déjà au niveau des investissements, nous avons suivi le programme d’investissement que l’Etat nous a prescrit. On nous avait demandé de rééquiper le terminal, de le réaménager, de réparer tout ce que nous avons trouvé en panne…Tout cela nous l’avons fait. Le nombre de portiques est resté à trois, mais nous avons ajouté deux quais. Les portiques de parcs sont passés à 12, les autres équipements de manutention ont été ajoutés, les infrastructures ont été complètement refaites, ceux qui sont passés ici ce fameux 31 décembre 2019 savent comment le terminal était. Aujourd’hui je crois que si on dégage les conteneurs, un avion peut atterrir et décoller d’ici (rires). Au niveau du personnel, nous avons été les premiers à envoyer notre personnel en mission de formation… Depuis 17 ans, personne n’était sorti du terminal pour aller se faire former. Nous avons ouvert cette piste là, tout comme on a ouvert la piste des soins à 100% du personnel. On refait la formation du personnel en ce qui concerne la qualification pour travailler sur un certain nombre d’engins etc.
Au niveau des TIC, il y a beaucoup d’acquisitions pour gérer l’informatique dans le terminal. Tous les systèmes de communication entre les équipements centraux et de communication ont été acquis, les systèmes de positionnement en GPS ont été acquis, tout comme tout ce qui est système de gestion de personnel, comptabilité, facturation, etc.
Comment évaluez-vous l’impact de ces aménagements sur les usagers de la place portuaire ?
Au niveau de nos relations avec nos clients, les choses ont changé. Nous avons refait complètement la division commerciale qui est devenue aujourd’hui un outil de fierté pour le port. Nos clients ont la possibilité de demander leur facture à distance, de la recevoir et de payer à distance… Et nous avons mis en place un suivi personnalisé de nos clients cargo et pour reconnaître tout l’apport de nos clients, nous avons changé le mode de rétribution et reconnaissance de nos clients. Avant, on ne reconnaissait que les lignes maritimes, aujourd’hui on reconnaît les chargeurs, parce que ce sont eux qui nous font plus de 70% de notre chiffre d’affaires et puis nous avons instauré des ristournes qui sont données aux chargeurs chaque année.
Quant à notre relation avec notre concierge c’est-à-dire le PAD, les exigences avec le PAD ont été triplées. Là où les uns donnaient 4,5 millions comme redevance, nous sommes montés. Cette année nous allons atteindre les 20 milliards de redevances. Au niveau fiscal, c’est pareil, donc toutes ces choses-là ont évolué, et aujourd’hui le tissu économique national tire de son terminal toute la valeur nécessaire qui aurait dû être tirée dans les 15 ans qui ont précédé notre arrivée.
Quelle est l’évolution des performances de la RTC ?
Au plan financier, nous sommes passés d’un chiffre d’affaires de 49 milliards et nous tutoyons aujourd’hui 61 milliards de FCFA. Le trafic est passé de 320 000 boîtes et nous allons frôler les 380 000 boîtes à la fin de cette année. Voilà les grands agrégats cette année. Comme je l’ai dit, nous sommes passés d’une redevance de 4,5 milliards versés au PAD à pratiquement 20 milliards cette année. Sur la cadence navire, nous sommes aujourd’hui à 27 mouvements par navire, nous avons ce que nous appelons ici le temps de livraison au Cameroun, parce que ça c’était une grosse plainte. Aujourd’hui, quand un camion arrive ici, il fait à peine 1 heure, il prend son conteneur et peut sortir. Il faut toujours se rappeler que le terminal est une zone sous Douane, donc nous ne pouvons pas sortir les marchandises ici sans qu’elles aient été vérifiées par la Douane. On a installé tout un nouveau système de télécommunications. On a fait une LTE comme ils appellent ce qui fait qu’aujourd’hui la communication est fluide.
Juste préciser que le temps de passage d’un conteneur ne relève pas seulement de la responsabilité du terminal à conteneur. Donc je préférais que de plus en plus on qualifie le terminal par rapport à sa réactivité, c’est-à-dire quand vous êtes prêts, je dispose de combien de temps pour vous donner votre marchandise, là cela devient ma responsabilité. Mais tant que vous trainez en Douane, la BEAC, au Guichet Unique, la SGS, tout ce monde-là qui intervient avant moi, pendant tout ce temps votre conteneur est ici.
Quels sont les objectifs déjà réalisés?
On a dépassé tous nos objectifs. Je me souviens quand on m’a nommé ici. On m’a donné des objectifs en ce qui concerne la gestion du personnel, la réhabilitation, les équipements, la transformation du terminal… Je suis ingénieure des structures et chaussée, donc on a consulté nos anciennes entreprises Labogenie et autres pour changer un peu la manière de construire les structures au niveau du terminal et même au plan des coûts, on a utilisé tout cela pour accélérer, c’est ce qui nous a permis d’aller un peu plus vite.
Sur le plan financier on a dépassé les objectifs… le PAD s’attendait à 4 milliard, voir 16 et on est monté à 20 milliards de redevances, ça aussi c’est grâce à nos clients. C’est pour cela que nous avons entre autres innovations qui n’étaient pas prévues dans notre cahier de charges, proposé la ristourne et je remercie la hiérarchie d’avoir accepté ces mesures d’incitations et je dis à nos clients que nous sommes ensemble et nous allons continuer à aller main dans la main à évoluer, à faire progresser le trafic au port de Douala et déjà nous essayons de faire tout ce qu’il faut pour leur donner les conditions d’accueil et traitement qui sont dignes de nos clients.
Dans cette mutation, quels sont vos perspectives et les défis majeurs à relever ?
Si le bail a été prorogé, le mérite revient au personnel. C’est lui qui a permis que la très haute hiérarchie se rende compte que les Camerounais peuvent le faire. Maintenant pour l’avenir, toujours en suivant les prescriptions de l’Etat, nous ambitionnons de prolonger le terminal au niveau de ce que nous appelons le poste 17 de 250 mètres linéaire et de faire 6 hectares de terres pleines additionnels à l’arrière. Une fois qu’on a fait ce prolongement, là il va être accompagné de l’acquisition d’au moins deux portiques de quai et de quatre autres portiques de parcs que nous appelons les RTG pour couvrir cette zone. Nous avons aussi pour ambition de voir si à terme, on ne peut pas transformer le mode de fonctionnement de nos portiques qu’ils soient des quais ou des parcs en portiques électriques, parce qu’aujourd’hui nous sommes au gasoil avec tout ce qu’il y a comme problème de pollution. La prolongation du terminal au poste 17 si tout se passe bien, devrait commencer l’année prochaine. Cette prolongation est prévue pour 26 mois.