Le Cameroun va mobiliser 46 milliards FCFA sur ressources propres pour finaliser le rachat des parts détenues par le groupe français Geocoton dans le capital de la Société de développement du coton (Sodecoton). L’information est consignée dans le Document de programmation économique et budgétaire à moyen terme (2026-2028). Ce document officiel indique que « Cette augmentation [des dépenses d’investissement sur ressources propres] prend en compte l’achat des actions de la Sodecoton détenues par le groupe Geocoton pour 46 milliards FCFA. »
Cette provision de 46 milliards FCFA figure désormais parmi les dépenses nouvelles introduites dans la loi de finances rectificative 2025, en instance de soumission au Parlement. Elle porte les dépenses d’investissement financées sur ressources propres, y compris les opérations de réhabilitation des infrastructures, à 980,5 milliards FCFA, contre 891 milliards dans la loi de finances initiale, soit une hausse de 6,1%.
Dès mars 2024, le média Africa Business + évoquait une première estimation des parts de Geocoton à 32,7 milliards FCFA, soit environ 50 millions d’euros. Cette valorisation avait été présentée comme base de négociation, mais elle fut vivement contestée par les dirigeants de Geocoton. Abbas Jaber, PDG du groupe Advens (maison mère de Geocoton), déclarait en mai 2024 que « L’origine de ce chiffre avancé par certains journalistes reste inconnue », rejetant ainsi cette évaluation qu’il jugeait sous-estimée.
En janvier 2025, des sources proches de la direction de Geocoton confirmaient que les deux parties étaient convenues d’un montant avoisinant les 40 milliards FCFA. L’introduction d’une enveloppe de 46 milliards dans la loi de finances rectificative suggère que l’État a non seulement validé l’opération, mais qu’il a également provisionné une marge additionnelle pour sécuriser la transaction ou couvrir d’éventuelles dépenses connexes.
Au-delà de la simple opération financière, cette prise de contrôle s’inscrit dans un mouvement plus large de reconfiguration de l’actionnariat de la Sodecoton. En parallèle du désengagement de Geocoton, Yaoundé a ouvert le capital de l’entreprise à des acteurs locaux. L’État voit ainsi sa participation passer de 59 à environ 73 %, tandis que la Confédération nationale des producteurs de coton du Cameroun (CNPC-C), qui fédère plus de 200 000 producteurs, détient désormais 12 % des parts. Le personnel de l’entreprise entre également au capital avec une participation de 2,5 %, et la Société mobilière d’investissement du Cameroun (Smic), propriété de l’homme d’affaires Baba Danpullo, conserve ses 11 %.