Les mandats des députés et des conseillers municipaux seront prorogés dans les prochains jours. Le président de la République vient d’en décider ainsi. Paul Biya vient de saisir le Parlement dans deux lettres préparant cette prorogation. Ecrivant au président de l’Assemblée nationale ce 17 juin 2019, avec pour objet « consultation », Paul Biya lui demande de réunir le bureau de l’Assemblée nationale, « afin de le consulter sur la prorogation du mandat des députés, pour une nouvelle période de deux mois, à compte du 29 octobre 2019 ». Une prérogative que lui donne l’article 15, al.4 de la Constitution. Paul Biya indique qu’à l’issue de cette consultation, il fera parvenir à l’Assemblée nationale le projet de loi y relatif. Lequel sera adopté au cours de la session en cours. Le patron de l’exécutif dit vouloir « harmoniser les délais nécessaires à la tenue d’un double scrutin législatif et municipal ».
Et justement, dans un autre courrier, le président de la République informe le président de l’Assemblée nationale de ce qu’il a saisi le président du Sénat et le Premier ministre, « afin de les consulter sur la prorogation du mandat des conseillers municipaux jusqu’au 29 février 2020 ». Et ce « en vue d’harmoniser les délais nécessaires à la tenue d’un double scrutin législatif et municipal ». Une prérogative que lui accorde l’article 170 de la loi N°2012/01 du 19 avril, modifiée et complétée par la Loi N°2012/017 du 21 décembre 2012 portant Code électoral.
Les signaux annonçaient déjà cet acte du patron de l’exécutif. La sécurité sur le territoire ne garantissant pas toujours le bon déroulement des élections. Entre temps, le chef de l’Etat s’est plus que jamais dit engagé dans la recherche de la pacification du territoire, avec au passage de premiers combattants « déposant les armes ». Puis le front ouvert par Boko Haram s’est réveillé. Les combattants du Nord-ouest et du Sud-ouest restés braqués sur l’option militaire, n’ont pas encore officiellement accepté la main tendue du Chef des Armées. Mais en décidant de proroger le mandat des députés, Paul Biya n’a plus évoquée la raison sécuritaire. En revanche, le souci du patron du gouvernail Cameroun réside en le couplage des deux élections déjà prorogées une première fois, de six mois.