«Quelle élection crédible et transparente peut-on attendre avec une élimination programmée de l’opposition? », s’est demandé Cabral Libii ce jour face à la presse. Pour le président du Parti camerounais pour la réconciliation nationale (Pcrn), « c’est une crise pré-électorale qui s’annonce et je ne saurais garantir la patience de mes militants face à autant d’injustices ». Une menace à peine voilée adressée au régime de Yaoundé qu’il accuse d’avoir verrouillé les conditions de constitution des dossiers de candidatures. « Après la convocation du corps électoral, des maires majoritairement élus du RDPC, des sous-préfets, des chefs de centre des impôts, des responsables du trésor, tous signataires des pièces des dossiers des candidats, ont mis en marche ce qui pourrait à juste titre être qualifié de processus de fraude pré-électorale, visant tout simplement à faire éliminer des candidats de l’opposition», rapporte-t-il. Avant de relever les deux principales de fraude enregistrées par les siens sur le terrain : « Le refus de signer les pièces du dossier de candidatures par les élus municipaux (Extraits de naissance, certificat de domicile, cautions), et l’absence prolongée des maires pour cause d’investiture au sein du RDPC pendant toute une semaine».
Pour le premier type, Cabral Libii cite notamment le sous-préfet de Yaoundé 4, les sous-préfets, responsables du trésor et maires des régions du Centre, du Sud et du Septentrion. En ce qui concerne le second type de fraude, l’absence prolongée des autorités « a réduit de 4 jours le délai de 15 Jours prévu pour la préparation et le dépôt des dossiers des candidats aux élections. Non seulement ils ont pour la plus part refusé de signer les pièces des dossiers,mais en plus, ils ont consacré une semaine aux activités de leurs partis notamment les investitures auxquelles les sous-préfets assistaient», dénonce-t-il. Pendant le même temps, « les militants du RDPC allait signer les pièces de leurs dossiers dans les domiciles des sous-préfets et des maires tandis que les candidats de l’opposition n’étaient pas servis ». Précisant que « le même scénario était observé dans certains parquets pour les pièces délivrées par la justice».
Sur les pas de Kamto
Alors, « j’ai invité le conseil électoral à prendre des mesures urgentes. Je lui ai notamment demandé de convoquer une session d’urgence afin de rouvrir les dépôts des pièces des dossiers pour traiter cette injustice », annonce-t-il. Il semble que l’organe en charge des élections s’est montré sourd à cette doléance, depuis la clôture des dépôts de dossiers. « Je réitère au conseil électoral d’accorder un délai supplémentaire de 15 jours aux candidats pour compléter leurs dossiers, et de veiller personnellement à un meilleur déroulé », insiste l’homme arrivé 3ème à la dernière élection présidentielle. « En l’absence d’une telle mesure visant à rééquilibrer le jeu politique, le Parti camerounais pour la réconciliation pourrait se résoudre à ne plus participer aux élections du 09 Février 2020», menace-t-il.
Rejoignant ainsi Maurice Kamto dans la dénonciation des crocs-en-jambe organisés par les agents de l’Etat pour empêcher l’opposition de pouvoir constituer des dossiers dans toutes les circonscriptions. Ce qui a amené le leader du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc) à désengager son parti de la course pour les législatives et municipales du 9 février prochain, en s’appuyant également sur la persistance de la crise dans le Nord-ouest et le Sud-ouest. De quoi susciter un débat qui n’en finit pas de ravir la vedette à tous les autres sujets d’actualité nationale. Mais surtout, persécutés tant par le régime en place que par certains opposants qui voyaient en de Maurice Kamto un nain politique. Trois jours après, le patron du Mrc est en passe d’être vu comme le plus clairvoyant des opposants. Le Sdf s’annonçant sur la même voie, selon des sources crédibles.