Le 15 octobre 2024, l’entreprise australienne Peak Minerals, spécialisée dans l’exploration minière, a annoncé avoir finalisé l’acquisition de trois projets miniers majeurs au Cameroun. Ces projets concernent deux sites d’uranium, Kitongo et Lolo, situés dans la région de l’Adamaoua, ainsi qu’un projet de rutile à Minta, dans la région de l’Est. D’après Peak Minerals, la société a acquis une participation de 80 % dans ces projets, à l’issue d’une période de due diligence, incluant des visites de terrain effectuées par son directeur, Phillip Gallagher, accompagné du géologue Dr Marat Abzalov, spécialiste reconnu dans l’exploration de l’uranium.
Cette annonce survient alors que Peak Minerals avait annoncé en juillet dernier l’organisation d’une levée de fonds de 1,02 milliard de FCFA, destinée à financer l’acquisition de permis d’exploration auprès d’African Future Minerals, Rafia Mining et Minta Resources. Pour les sites de Kitongo et Lolo, la transaction aurait permis à Peak Minerals d’obtenir six permis d’exploration couvrant environ 2 400 km², incluant des zones précédemment détenues par Mega Uranium et explorées jusqu’en 2011. Le projet de rutile à Minta, quant à lui, s’étendrait sur 8 800 km², avec des forages de reconnaissance ayant révélé des échantillons riches en rutile et en zircon, ainsi que des perspectives pour l’or et les terres rares.
«L’acquisition de ces permis marque une étape cruciale dans notre expansion en Afrique et nous ouvre des opportunités stratégiques, notamment dans l’uranium et le rutile », a déclaré Phillip Gallagher. Pour le Dr Abzalov, qui a dirigé des projets similaires en Australie, le sous-sol camerounais est prometteur. L’équipe prévoit d’ailleurs de lancer une nouvelle phase d’exploration d’ici la fin de l’année.
Un démenti catégorique du ministère des Mines
Quelques heures après l’annonce de Peak Minerals, une source au sein du ministère camerounais des Mines, de l’Industrie et du Développement Technologique (Minmidt) a fermement rejeté ces allégations. «Cette entreprise est inconnue de nos services et aucun permis ne lui a été attribué», a-t-elle déclaré. Ce n’est pas la première fois que le ministère dément les affirmations de Peak Minerals.
En juillet 2024, après la diffusion d’informations indiquant que le Cameroun aurait accordé plusieurs permis d’exploration, voire d’exploitation, à l’entreprise australienne, le ministre Fuh Calistus Gentry avait publié un communiqué officiel réfutant ces assertions. «À ce jour, la société Peak Minerals ne détient aucun permis au Cameroun et n’a jamais introduit de demande en ce sens », avait-il déclaré.
Le ministère avait également souligné que les permis d’exploration ne confèrent pas le droit d’exploitation mais permettent uniquement de mener des recherches pour mieux connaître le sous-sol. Il avait par ailleurs rappelé la stricte réglementation en matière d’exploitation minière au Cameroun, précisant que les permis de recherche n’assurent en aucun cas un droit futur d’exploitation.
Malgré ce démenti, nous avons tenté de joindre des responsables de Peak Minerals via les contacts fournis sur son site internet, afin d’obtenir de plus amples informations sur le mécanisme ayant permis à cette entreprise d’obtenir des participations dans les projets miniers susmentionnés. Au moment de mettre sous presse, la juniore minière australienne n’avait toujours pas répondu à nos sollicitations.