Le Cameroun s’apprête à intensifier son recours à l’endettement extérieur pour couvrir ses besoins croissants de financement public. D’après le Document de programmation économique et budgétaire à moyen terme (2026-2028), annexé au débat d’orientation budgétaire de juillet 2025, le pays envisage de mobiliser un nouvel emprunt extérieur de 330 milliards de FCFA au titre de l’année en cours. Cette opération, absente de la loi de finances initiale 2025, figure désormais dans la loi de finances rectificative que le gouvernement prévoit de soumettre au Parlement.
Cette initiative vise à combler une partie des 2 326,5 milliards de FCFA de besoins de financement identifiés pour l’année 2025, contre 1 795 milliards dans la loi de finances initiale, soit une augmentation de 531,5 milliards. Ce recours accru à l’endettement extérieur s’inscrit dans un contexte de pressions accrues sur la trésorerie de l’État, notamment liées à la hausse imprévue de certaines dépenses courantes, comme l’a révélé Samuel Tela, directeur de la Trésorerie au ministère des Finances.
En parallèle, une opération distincte d’emprunt à court terme de 100 milliards FCFA est en cours de montage avec l’appui de la Banque mondiale, à travers son agence de garantie MIGA, et la banque française Natixis. Cette ligne de crédit s’inscrit dans une enveloppe globale de 200 milliards FCFA, autorisée par le président de la République depuis le 19 mai 2025. Elle vise à pallier des tensions de liquidité attendues entre mai et août, période traditionnellement marquée par un pic de décaissements publics et un creux de recettes fiscales.
Selon Samuel Tela, ce financement aura une durée maximale d’un an renouvelable deux fois et sera exclusivement dédié à des paiements de fournisseurs dans des secteurs jugés prioritaires, tels que l’agriculture, les infrastructures de transport ou encore l’approvisionnement en eau potable. La garantie apportée par la MIGA permet de sécuriser l’opération tout en préservant le profil de soutenabilité de la dette, les remboursements étant exigés avant le 31 décembre 2025.
Cette évolution marque un virage assumé vers le marché international, dans un contexte de saturation du marché domestique. En effet, le volume projeté d’émissions de titres publics en 2025 a été révisé à la baisse à 350 milliards, contre 380 milliards dans la loi de finances initiale, en raison de conditions de financement jugées défavorables. Le gouvernement s’appuie désormais sur une palette élargie d’instruments pour diversifier ses sources de financement.
Outre les emprunts extérieurs, les prévisions actualisées intègrent notamment 440,1 milliards FCFA de financements bancaires domestiques, en forte hausse (+219,5 milliards) par rapport aux prévisions initiales. Une part importante de ce montant correspond à un prêt direct de 250 milliards FCFA, garanti par Afreximbank.
Les appuis budgétaires dans le cadre du Programme économique et financier (PEF) FMI-Banque mondiale sont également réévalués à la hausse à 214 milliards, intégrant un glissement de 45 milliards des décaissements du FMI et une rallonge de 4 milliards de la Banque mondiale. S’ajoutent enfin 217,4 milliards de financements dits « exceptionnels », comprenant notamment le report partiel du déclassement du FMI au titre de la Facilité pour la Résilience et la Durabilité (FRD).