Import-substitution: l’Etat veut accélérer la transformation locale du bois

A cet effet, le ministre des Forêts et de la Faune a signé le 4 avril un arrêté interdisant l’exportation de 76 essences forestières sous la forme de grumes.


Un arrêté du ministre des Forêts et de la Faune, Jules Doret Ndongo, signé le 4 avril dernier interdit l’exportation de 76 essences forestières sous la forme de grumes. Cette mesure est prise en exécution « des hautes instructions du Premier ministre […] prescrivant une mise en œuvre progressive de la décision des pays de la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique centrale d’interdire l’exportation des bois sous forme de grumes », indique la correspondance ministérielle.
Pour le Cameroun [et éventuellement les autres pays de la Cemac qui appliquent cette mesure sous-régionale], l’objectif est de promouvoir la transformation locale du bois dans le but d’accroître les performances du sous-secteur. Concrètement, il est question de stimuler l’import-substitution dans le sous-secteur bois.
Parmi les essences interdites d’exportation sous forme de grumes figurent, entre autres, le Sapelli, le Zigana, l’Iroko, l’Essessang, l’Acajou [à grande folioles, blanc et de Bassam].
L’arrêté ministériel sus-évoqué autorise parallèlement, sous réserve de l’acquittement par les opérateurs d’une surtaxe, l’exportation de 33 essences dites de promotion.
Perte des recettes fiscales
Selon les décisions issues des récents travaux du conseil des ministres de la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique centrale Cemac tenus le 23 février 2024 à Bangui [En RCA], l’entrée en vigueur de la décision sous régionale est fixée au 1er janvier 2028. D’après le communiqué ayant sanctionné lesdits travaux, à partir du 1er janvier 2025, les pays doivent entamer la mise en œuvre progressive de cette interdiction.
Initialement prévue pour le 1er janvier 2022, ensuite repoussée au 1er janvier 2023, l’interdiction de l’exportation du bois en grumes a finalement été reportée en 2028. Du côté des différents gouvernements qui trainent le pas, l’on redoute la perte des recettes fiscalo-douanières. Au Cameroun l’on indique à environ 80 milliards de FCFA chaque année ces pertes. Cet argument est balayé par certains économistes qui pensent que cette perte sera progressivement compensée par des retombées économiques [création d’emplois et plus-value dans l’économie].
L’exemple du Gabon
Indiquons que depuis 2010, le gouvernement du Gabon a interdit l’exportation du bois en forme de grumes et s’est associé à Arise IIP (Integrated Industrial Platforms) pour la création d’un parc industriel en 2011 dans la province de Nkok [Nord-Ouest du Gabon]. Les résultats sont impressionnants. 84 entreprises dédiées à la transformation du bois ont été créées. Selon les statistiques de Arise, la valeur produite par l’exportation des produits en bois au Gabon est passée de 350 millions de dollars en 2010 à plus d’un milliard de dollar en 2019. Durant la même période, la contribution du secteur bois au Produit intérieur brut du Gabon a été multipliée par 4 passant de 200 millions de dollars en 2010 à 842 millions de dollars en 2019. En dix ans, le nombre d’emplois du bois au Gabon est passé de 8400 en 2010 à 34 200 en 2020.
Sur la voie de l’interdiction
L’exemple du Gabon inspire d’ores et déjà en Afrique centrale. Depuis le 1er janvier 2023, le directeur général du Port autonome de Pointe-Noire a clairement précisé l’interdiction d’exporter les bois en grumes issus des forêts naturelles et des forêts plantées en République du Congo.
Pour sa part, l’Etat du Cameroun a entrepris cette interdiction à travers les relèvements successifs des droits de sortie. Entre 2017 et 2023, les droits de sortie des grumes sont passés d’un taux de 17,5% à 60%. Cette revalorisation est passée de 60% à 75% de la valeur FOB de l’essence, selon la loi de Finances 2024. Nonobstant ces mesures d’aucuns pensent qu’il est préférable de passer à l’interdiction pure et simple, chose qui est retardée à cause, dit-on, de la résistance exercée par des lobbies d’exportateurs de bois en grumes dans certains pays de la Cemac.

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