Hommage : Tataw Stephen pour l’éternité

hommage de la nation à Stephen Tataw

« Quand je regarde Stephen Tataw, je vois quelqu’un qui a gravi le mont Kilimandjaro et une fois au sommet, il a brandi un papier sur lequel on a écrit Ossing». Ainsi, Teddy Ako, le chef supérieur d’Ossing, le village de feu Tataw Stephen Eta salue la mémoire de l’ancien Lion indomptable mort le 1er août 2020 et inhumé ce 29 août au cimetière de Mvolye à Yaoundé. Mais l’autorité traditionnelle ne veut pas confisquer un homme qui a donné sa vie à la nation et qui, avec Victor Ndip Akem (un autre Lion indomptable de la cuvée 90 et originaire aussi d’Ossing) pour son seul village où aurait pu retourner sa dépouille. « Il avait un projet de championnat au cours duquel il devait sensibiliser ses jeunes frères afin qu’ils quittent le chemin de la perdition qu’ils sont en train d’emprunter…», regrette Teddy Ako. «Dieu l’a donné à Ossing, Ossing l’a donné à la nation camerounaise », souligne le chef traditionnel.

Et la nation a su le lui rendre. Le tour de ville effectué après la levée de corps de Stephen Tataw a ravivé le souvenir du Mondial 90 dans les esprits des Yaoundéens qui ont salué par des ovations la mémoire de celui qui aura conduit le trait d’union entre les Camerounais de différentes origines, à un moment sombre de l’histoire du Cameroun : le violent retour au multipartisme. Et le défunt a été fait commandeur par le président de la République à titre posthume. La décoration a été faite par Narcisse Mouelle Kombi, le ministre des Sports et de l’éducation physique (Minsep) qui représentait le Chef de l’Etat aux obsèques de l’ancien capitaine des Lions indomptables.

C’est une communion de regrets pour celui qui savait garder le sourire même dans les moments difficiles. « Il savait rester humble et courtois même lorsqu’il revendiquait un droit», témoigne André Nguidjol Nlend, ex directeur administratif des équipes nationales dont le défunt a été un adjoint à un moment. Avant de saluer « un homme d’une incroyable humilité, un excellent collaborateur, toujours à l’écoute». Loin des flatteries et angles arrondis en de pareilles circonstances, l’homme rappelait que celui qui a été son adjoint est décédé étant superviseur des sélections nationales à la Fécafoot. « Peu de gens acceptent de nos jours ce genre de postes subalternes», commente-t-il. Les Lions indomptables de la génération actuelle regrettent un aîné « qui n’a pas compris que nous n’ayons pas assez donné dans notre dernier match de la CAN 2019». Le Cameroun s’était fait éliminer par le Nigeria au second tour. « Ce que tu étais pour nous, tu le resteras : un conseiller. Le fil n’est pas coupé», écrivent-t-il dans un hommage lu par l’entraîneur national adjoint François Omam-Biyik.

Le TKC, Samuel Eto’o et Tataw

Né le 31 mars 1963, Stephen Tataw Eta aura choisi de faire carrière dans le football. Un choix dicté par sa passion pour le ballon rond et non par dépit. L’homme fait partie des rares sportifs (footballeurs notamment) à avoir fait des études assez longues. Titulaire d’un GCE A level qui a pesé pour qu’il soit administrateur de la Cameroon radio television (CRTV) entre 1988 et 1991. Après Camark de Kumba où le jeune footballeur passe trois saisons, c’est le Tonerre kalara club de Yaoundé qui offre une place à ce défenseur « vigoureux » qui s’impose dès son arrivée. « A peine un an passé au Tonnerre, ses coéquipiers se réunissent et lui disent : ‘’massa, nous pensons que l’affaire là c’est pour toi’’. C’est comme ça que Tataw devient capitaine du Tkc », raconte Achille Essomba Mani, le président du club de Mvog Ada. « Et comme une certaine tradition observée avec ses prédécesseurs Emmanuel Mvé et Nlend Paul, Tataw est aussi devenu le capitaine des Lions indomptables», agrémente-t-il. En effet, après l’équipe nationale Espoir, celui qui intègre la sélection nationale A crève les yeux et est la révélation de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) 1988 remportée au Maroc par le Cameroun, avant d’hériter du brassard deux ans après, lorsqu’Emile Mbouh Mbouh exporte son talent. Tataw aura ainsi l’honneur de conduire les Lions indomptables lors de l’épopée Italie 90 et gardera le brassard quatre années durant. « Le destin a des mots et des images que lui seul sait agencer», commente Samuel Eto’o, le représentant du président de la Confédération africaine de football (CAF). « Il était un capitaine efficace, mais effacé. Beaucoup de personnes prenaient ça pour de la faiblesse», regrette le quintuple ballon d’or africain. « Tataw est parmi les trois capitaines africains à avoir conduit leurs sélections en quart de finale de la Coupe du monde. Il en est le premier», rappelle celui qui peut se targuer d’avoir « porté comme Stephen Tataw, le brassard de cette sélection ». Promettant d’accompagner la famille biologique de celui qui aura été l’un des rares Lions des années 90 à soutenir la candidature de l’actuel président de la Fécafoot dans un processus électoral mené par Me Dieudonné Happi, avocat de Samuel Eto’o.

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