Greve des avocats : l’échec du dialogue

Ils seront absents des prétoires du 16 au 20 septembre prochain, répondant favorablement à un mot d’ordre donné par l’ordre le Conseil des Avocats du Cameroun.

Les avocats au barreau du Cameroun ont joint leur parole à l’acte. Depuis lundi dernier, ils sont absents des salles d’audience. Dans les couloirs du Tribunal de grande instance du Mfoundi, pas l’ombre d’un avocat ce mardi 17 septembre. « Je n’ai vu aucun avocat ici depuis le matin », confie un usager. La grande salle allouée aux avocats de ce tribunal est aussi vide. Mais malgré l’absence des hommes en robe noire, la juridiction n’a pas modifié son organigramme. Au service des enquêtes criminelles, le greffier a soigneusement porté 4 affaires sur le rôle, et les a affichées au babillard. La première audience avait lieu à 9 heures, le juge, un des substituts du procureur, la greffière et les deux parties étaient présents dans la salle. Mais les avocats des deux parties n’y étaient pas et le juge a été obligé de renvoyer l’affaire et a suspendu toutes les audiences de la journée.
Selon les témoignages recueillis, le mot d’ordre de grève du Conseil des Avocats du Cameroun a été respecté dans toutes l’étendue du territoire national. Ce qui a « paralysé le déroulement des audiences », indique un greffier. L’Ordre des Avocats du Cameroun qui a lancé cette grève a déployé les moyens pour que la mesure soit respectée par tous les avocats. « Mes collègues sont en train de respecter ce mouvement d’humeur avec sérénité. L’ordre des avocats a déployé dans des tribunaux des équipes qui veillent à ce que la grève soit respectée comme il se doit », explique Ebi Standley, membre du bureau de l’Ordre dans la région du Sud-Ouest.
                      L’échec du dialogue avec le gouvernement
Au lendemain de l’annonce de cette grève, le gouvernement a initié le 3 septembre dernier un dialogue avec l’Ordre des avocats, pour tenter de désamorcer ce mouvement d’humeur. Le ministre délégué à la Justice, Jean de Dieu Momo, qui avait rencontré les avocats, avait émis le vœu de voir le conseil de l’Ordre des Avocats « reconsidérer son mot d’ordre de suspension du 16 au 20 septembre 2019… ». Malheureusement la requête de l’ancien avocat international est restée lettre morte. Ce mouvement de grève a été initié lundi dernier et devrait se poursuivre jusqu’à vendredi prochain. « Les avocats pourraient, par ailleurs, prendre d’autres mesures au terme de cette grève », a prévenu l’Ordre. Plusieurs observateurs craignent que cette grève dégénère comme celle des avocats Du Nord-Ouest et du Sud-Ouest en 2016 qui a donné lieu à la crise anglophone.
                           Les entraves à l’exercice d’avocat
C’est le 31 août dernier que l’Ordre des avocats au Barreau du Cameroun avait débattu des « questions relatives à l’entrave à l’exercice professionnel et aux atteintes physiques contre les avocats ». D’après la résolution rendue publique à cet effet, l’Ordre avait constaté « que très souvent, le libre accès des avocats à leurs clients dans les lieux de détention leur est refusé ». L’Ordre avait alors pointé du doigt le Secrétariat d’Etat à la Défense (SED), les commissariats de police, les brigades de gendarmerie et les prisons.
Les avocats avaient ensuite dénoncé le fait que « les droits de la défense, consacrés par les lois et les traités internationaux ratifiés par le Cameroun sont, de manière récurrente, violés tant à la phase d’enquête préliminaire qu’à celle d’instruction du jugement ».

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