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Forum Minfi/Société Civile : Vers un financement plus équitable de la santé ?

Lors du 3ᵉ Forum entre le ministère des Finances et les Organisations de la société civile (MINFI-OSC) tenu le 21 mai 2025 à Yaoundé, les deux parties ont planché sur la réforme du financement de la santé. Les OSC dénoncent un système de Santé où 80 % des ressources profitent à 20 % de la population.

Les acteurs de la société civile sont des partenaires pour le gouvernement. Ce n’est pas un rapport d’antagonisme qui vous lie aux pouvoirs publics », a déclaré Louis Paul Motaze, ministre des Finances à l’ouverture de la troisième édition du Forum d’échanges entre le MINFI et les Organisations de la Société Civile (OSC) spécialisées en finances publiques, tenu le 21 mai 2025 à Yaoundé. Le ministre a voulu clarifier les rôles et redéfinir les lignes de coopération : le citoyen comme sentinelle, et non comme adversaire.

Cette rencontre s’inscrit dans une démarche participative et transparente engagée par le département ministériel pour améliorer la gestion des finances publiques. L’implication des OSC est perçue comme essentielle, non seulement pour leur force de proposition, mais aussi pour leur rôle dans le contrôle citoyen et la veille budgétaire.

Placé sous le thème : « Une gestion des finances publiques pour améliorer la justice sociale et la finance climatique », le forum s’est appesanti sur le financement de la santé, domaine dans lequel les inégalités persistent et les défis sont majeurs. « Depuis plus de six ans, 20 % des financements du secteur de la santé sont alloués aux structures de base, qui tentent difficilement de répondre aux besoins de 80 % de la population. Parallèlement, 80 % des financements sont dirigés vers des structures sophistiquées, qui ne desservent que 20 % des citoyens. Cette répartition inversée des ressources compromet la justice sociale dans notre pays » a indiqué Christine Andela, coordonnatrice du Groupe de Référence de la société civile pour la transparence des finances publiques.

Cette déclaration s’est basée sur rapport élaboré par la société civile et baptisé « Citizen Lenses Report », qui dresse un bilan du système actuel de financement de santé, tout en proposant des pistes de solution. Selon ce document rendu public le 21 mai dernier, les dépenses totales de santé s’élevaient à 874 milliards de FCFA en 2019, représentant environ 4 % du PIB national. Pourtant, les ménages assument à eux seuls près de 71 % de ces dépenses, souvent par paiement direct, sans mécanisme de mutualisation ou de solidarité. Ce mode de financement, lourd et inéquitable, place une pression considérable sur les foyers, en particulier les plus vulnérables.

Autre déséquilibre mis en lumière est l’allocation budgétaire entre les niveaux de soins. Le niveau primaire, qui traite pourtant plus de 82 % des cas de santé, ne reçoit que 28 % du budget, contre 52 % pour le niveau tertiaire, qui ne couvre que 2 % des prises en charge. Un déséquilibre que le gouvernement entend corriger à travers le Plan Sectoriel Santé 2020-2030, qui fait des soins de santé primaires (SSP) le socle d’un système de santé plus équitable et plus performant. L’étude prospective sur l’investissement dans les SSP, également dévoilée à cette occasion, présente trois scénarios de mise en œuvre sur cinq ans (minimal, moyen, ambitieux), avec des retours sur investissement particulièrement prometteurs.

Dans le scénario le plus ambitieux, l’investissement annuel de 301 milliards de FCFA pourrait générer un gain économique de plus de 10 milliards de dollars sur cinq ans, avec un ratio coût/bénéfice estimé à 3,7, pouvant même atteindre 7 sur neuf ans. Ce rapport met en avant les solidarités communautaires comme levier potentiel de financement. Ces formes locales de mutualisation, parfois informelles mais bien ancrées dans les habitudes sociales, pourraient être intégrées dans une logique plus large de Couverture Santé Universelle (CSU). Pour cela, un cadre réglementaire et institutionnel serait nécessaire, afin de structurer et renforcer ces initiatives endogènes. Au-delà des chiffres, c’est une vision nouvelle du système de santé que propose les OSC. Un mécanisme plus équitable, plus centré sur la prévention et l’accès universel, et mieux aligné sur les objectifs de développement humain. La participation active de la société civile, en tant que relais de terrain et catalyseur de solutions locales, est apparue comme un atout clé pour la réussite de ces ambitions.

En président les travaux, le Ministre Louis Paul Motaze a réaffirmé l’engagement du gouvernement à faire de la transparence budgétaire et de l’investissement dans la santé une priorité. « Ensemble, nous devons bâtir un système de finances publiques qui réponde aux besoins réels des populations, notamment dans les secteurs sociaux. Les OSC sont des alliés précieux pour relever ce défi collectif », a-t-il conclu.

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