Le Cameroun souhaite rejoindre la liste restreinte des pays africains éligibles au Plan Mattei, un programme d’investissement italien de 5,5 milliards d’euros sur trois ans, destiné à financer des projets de développement dans les secteurs de l’agriculture, de l’énergie, des infrastructures, de la santé et de la formation. L’information a été confirmée le 28 octobre 2025 à Yaoundé, à l’issue d’une audience accordée par le ministre des Finances Louis Paul Motaze à Filippo Scammacca del Murgo, ambassadeur d’Italie au Cameroun, en fin de mission diplomatique.
Selon le ministère camerounais des Finances, la rencontre a permis de dresser le bilan d’une coopération bilatérale jugée « riche et dense », marquée ces quatre dernières années par un renforcement des échanges économiques, éducatifs et scientifiques. Mais surtout, elle a servi de cadre pour évoquer l’inscription envisagée du Cameroun au Plan Mattei pour l’Afrique, une initiative stratégique de Rome, présentée par la cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni en janvier 2024, puis officialisée le 5 décembre 2024 à Rabat, en marge de l’Africa Investment Forum.
Cette coopération envisagée intervient à un moment où le Cameroun cherche activement des financements pour plusieurs programmes stratégiques nationaux. Parmi eux, le Plan intégré d’import-substitution agropastoral et halieutique (Piisah) 2024-2026, doté de 1 336 milliards de FCFA, vise à réduire la dépendance du pays aux importations alimentaires en stimulant la production locale de blé, riz, maïs, lait, poisson, sorgho et mil. Ce plan entend mobiliser plus de 1000 milliards de FCFA pour la sécurisation et l’aménagement des périmètres hydroagricoles, ainsi que 203,5 milliards de FCFA pour la transformation et la commercialisation des produits locaux.
Parallèlement, Yaoundé mise sur le Compact Énergétique National, une stratégie estimée à 12,5 milliards de dollars américains, dont 6,4 milliards USD attendus du secteur privé d’ici 2030, afin d’électrifier huit millions de personnes supplémentaires et de moderniser le système énergétique. Le gouvernement projette de porter la capacité installée à 3 000 MW, d’hybrider ses centrales thermiques et hydroélectriques avec le solaire, et de promouvoir l’accès à une énergie « fiable, abordable et propre ».
Les besoins de financement concernent également les infrastructures routières, notamment le projet de rocade de Yaoundé, dont la première phase nécessite encore 111 milliards de FCFA pour être bouclée. D’un coût global de 1 264 milliards de FCFA, cette autoroute périphérique de 85 kilomètres vise à désengorger la capitale et à soutenir le développement urbain. Ces différents chantiers s’inscrivent dans des domaines – agriculture, énergie, infrastructures et formation – qui correspondent précisément aux priorités du Plan Mattei.
Le Plan Mattei est géré par la Cassa Depositi e Prestiti, équivalent italien de la Caisse des dépôts et consignations, en lien avec le cabinet de la Première ministre. L’enveloppe de 5,5 milliards d’euros est répartie entre 3 milliards provenant du Fonds italien pour le climat et 2,5 milliards issus du budget de l’aide publique au développement, Pour financer ses actions, l’Italie s’appuie sur un partenariat étroit avec la Banque africaine de développement (BAD), désignée comme partenaire financier stratégique.
Lors des Assemblées annuelles de la BAD en mai 2025 à Abidjan, plusieurs responsables, dont Gauthier Boulard, conseiller spécial du président Akinwumi Adesina, ont salué « une évolution stratégique, passant d’une approche d’aide à une approche de partenariat ». Déjà, des pays comme le Congo et l’Angola bénéficient de ce dispositif.




 
                                    
